Sensibiliser et engager le débat
Pour commencer sa visite, la Ministre était à Bihorel, commune voisine de Rouen. Élisabeth Moreno a rencontré l’association Archimède-Films avec le Maire, Pascal Houbron. Elle a pu visionner le court métrage « Je suis pas comme ça », diffusé sur Gayviking. Dans ce court-métrage, deux collégiens sont harcelés pour une homosexualité supposée. Tourné en Normandie près de Rouen, ce film parle d’homophobie et de l’acceptation de soi. Il est diffusé dans les établissements scolaires. Ce film permet de sensibiliser et d’engager le débat sur l’homophobie.
Par la suite, Élisabeth Moreno s’est rendue à la Préfecture de la Seine-Maritime. Pendant presque deux heures, la Ministre a discuté avec les associations et les acteurs liés aux discriminations LGBT.
Autour du Préfet, Pierre-André Durand, et de la Ministre, quatorze structures étaient présentes. Le Député de Rouen, Damien Adam, le Maire de Rouen et de la Métropole, Nicolas Mayer-Rossignol assistaient à la réunion. De même que des représentants de la Région et du Département.
Un esprit collectif
La Ministre se dit agréablement surprise par la force du tissu associatif LGBT sur Rouen et sa région. « Je suis impressionnée » dira-t-elle.
Chaque association se présente. Florian, un des représentants de l’association LGBT Fiertés Colorées réagit aux propos de la Ministre : « nous sommes dans un esprit collectif et uni autour du Centre LGBT de Rouen. Nous avons aussi le soutien de la ville ».
Les autres associations appuient ce constat, comme Benjamin d’Enipse : « Nous n’hésitons pas à nous entraider et à réorienter des personnes vers d’autres structures LGBT ». De même que Louise du Corevih témoigne auprès de la Ministre d’une coordination très efficace entre les différents acteurs de la santé publique comme Enipse et Aides par exemple.
Il faut des bénévoles et du temps disponible
Le Maire de Rouen complète ses propos : « Il faut inclure les politiques d’inclusions dans nos actions culturelles et parler des questions de genres et d’identité ». À cet égard, il évoque David Bobée, le directeur du CDN à Rouen (Centre Dramatique National), partant pour Lille. Pour rappel, il avait impulsé une programmation très inclusive avec les questions de genre et de sexualité.
Le Président de Pixm’, Étienne, organisateur du festival Ciné Friendly, approuve cette analyse. Il rappelle le soutien de la ville mais aussi de l’Omnia et des commerces dans les différents événements. Cet ensemble crée une forte émulsion dans la vie LGBT locale.
Au début des changements…
Le sujet des personnes trans est revenu plusieurs fois dans les discussions. De leur côté, Getin (groupe d’entraide transgenre et intersexe de Normandie), comme Fiertés Colorées ont rappelé la nécessité d’accueillir correctement les personnes trans dans les écoles et sur les lieux de travail.
La Ministre reconnaît que l’école et le travail sont les deux lieux où l’intégration et la lutte contre les discriminations doivent se développer prioritairement. « On est au début des changements » insiste Élisabeth Moreno.
Ne pas oublier le monde rural
Mais les problématiques LGBT ne s’arrêtent pas dans les grands centres urbains.
La Ministre évoque les petites villes à l’occasion de la présentation de l’association Coming Out à Elbeuf. « Notre objectif est d’intervenir dans les petites villes auprès de la population LGBT et aussi contre les violences faites aux femmes ». Dans le même esprit, par la voix de Clémentine, l’association C’est Mon Genre se singularise par le fait de ne pas oublier les zones moins urbaines. Située dans le Pays de Caux, elle développe ses activités en faveur des personnes transgenres.
Lors de la présentation des missions du Refuge, le sujet de la détresse des jeunes LGBT est posé. Sur le Refuge, le député Damien Adam aimerait bien qu’une offre d’hébergement d’urgence existe à Rouen. Comme au Havre, cette structure héberge des jeunes LGBT exclus du domicile familial à cause de leur orientation sexuelle ou de genre.
A cette occasion, la démission de la direction nationale du Refuge est dans toutes les têtes. La veille de la réunion, accusée de gestion défaillante, la direction de l’association du Refuge, basée à Montpellier, vient de démissionner.
S’adressant aux représentants du Refuge, la Ministre Élisabeth Moreno déclare : « Vous n’êtes pas tout seul. Nous sommes avec vous. Ce que le Refuge traverse n’enlève rien à votre travail au niveau local. »
La santé LGBT
Par la suite, Frankie, représentant de Aides, interpelle la Ministre sur les difficultés rencontrées par les personnes séropositives. Ces dernières sont généralement exclues des prêts immobiliers, même les personnes sous traitement (donc intransmissibles). En cause : les questionnaires de santé. Le plan d’actions de la Ministre prévoit d’assouplir ces refus. Mais Aides réplique : « au lieu de discuter avec les banques, il serait préférable que le VIH ne soit plus une maladie déclarative. »
Toutes les questions sur la santé LGBT n’ont pu être posées, ainsi que les sujets sur la Mémoire Collective et le monde de l’entreprise avec notamment L’Autre Cercle.
Néanmoins, la Ministre Élisabeth Moreno énumère un certains nombre de dispositifs de lutte contre les discriminations comme la récente plateforme antidiscriminations.fr et la mise en place de la ligne téléphonique « 3928 ».
L’égalité des chances ?
Quelques associations émettent la réflexion de mettre en place une discrimination positive, des quotas, dans quelques secteurs. Dans le cadre d’un dispositif d’égalité des chances, il s’agirait de favoriser certains groupes de personnes victimes de discriminations notamment LGBT.
Mais la Ministre ne semble pas croire à ce modèle. Elle répond : « En France, du fait des principes républicains, on n’aime pas trop la discrimination positive (les quotas). Et puis, dès que l’on est issu d’une discrimination positive, comme un recrutement par exemple, on est vite pointé du doigt. C’est pourquoi, si on ne légifère pas, on n’y arrivera pas ! »
Les rôles modèles, ne rien lâcher
Élisabeth Moreno insiste fortement sur l’implication des associations LGBT. Elle indique : « Les sujets ne peuvent pas tous se traiter uniquement au niveau de l’Etat. Ils doivent l’être également au niveau des collectivités locales et des associations. »
Mais la Ministre insiste également sur la visibilité de tous les acteurs, ce qu’elle appelle : « les rôles modèles ». Elle explique : « j’encourage les victimes de discriminations à parler. Et vous associations, vous êtes déjà des modèles. Savoir n’a pas de sens si on ne le partage pas. »
Enfin, un appel est lancé en direction des élus locaux présents autour de la Ministre : Département, Région, Ville de Rouen. Pour Fiertés Colorées, au nom du Centre LGBT de Rouen : « nous avons besoin de votre aide pour lutter contre les LGBTphobies ». Après la réunion, l’association se confie et « espère que nos voix auront été entendues et que des actes suivront ».
Info complémentaire
Plateforme de signalement et d’accompagnement des victimes de discriminations : internet : antidiscriminations.fr et téléphone : 3928
Lancement du Plan national d’actions pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ 2020-2023. Ministère de l’Egalité