C’était la première Marche des Fiertés organisée par le Centre LGBT+ de Rouen, Fiertés Colorées. Avec ses associations partenaires, le public a répondu présent. Les forces de l’ordre auraient comptabilisé 2350 personnes.
La défense des droits humains…
Dès le départ, sur la place St Marc, les manifestant·e·s arboraient des slogans. Des revendications répétées années après années, mais toujours inachevées par les gouvernements successifs.
La PMA (procréation médicalement assistée) reste une revendication fondamentale et toujours à la traîne dans les discussions au Parlement. Élodie et Gaëlle habitent Barentin, près de Rouen. En couple depuis quatre ans, elles souhaitent un enfant. Avec leurs pancartes « la PMA tout suite« , elles ne comprennent pas l’indécision des politiques : « On nous l’avait promis depuis des années. Cela suffit maintenant ! ».
Mais la PMA n’est pas le seul sujet évoqué lors de la manifestation. Le respect des droits humains était très présent dans le cortège : pour les personnes transgenres, les personnes intersexes (interdiction des mutilations sur les enfants), les droits des femmes et le droit d’asile notamment.
Sur la place de l’hôtel de ville, dans leur discours, les travailleuses et travailleurs du sexe ont dénoncé la loi de 2016 sur la « pénalisation des clients« , une atteinte à la liberté sexuelle, et à la dignité des personnes. La « convergence des luttes » dans un mouvement social commun était dans beaucoup de discours.
Des politiques discrets, une mairie colorée…
Le cortège a parcouru la ville de Rouen sous un ciel menaçant avec parfois de fortes averses. Les intempéries n’ont pas découragées le public, fidèle tout au long de la marche.
Quelques représentants politiques étaient présents (droite, gauche, centre) mais ils sont restés discrets, laissant la place aux militants LGBT+. Depuis quelques années, par crainte d’une récupération, l’affichage politique et partisan est rarement apprécié dans les Pride à Rouen.
Néanmoins, il faut souligner le soutien de la Ville de Rouen. En effet, la Mairie de Rouen arborait une grande affiche « Rouen s’engage » en faveur de la lutte contre les LGBTIphobies sur le fronton de l’Hôtel de Ville.
Depuis une dizaine de jours, des drapeaux arc-en-ciel, symbole de la Communauté LGBT+, flottent dans les rues. Une élue de la ville nous confiera « être fière de cette foule, de cette jeunesse. Même les passants et badauds sourient et nous encouragent. Cela fait chaud au coeur. »
Pouvoir vivre au grand jour
Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir montrer son visage en pleine manif. Téo, à peine majeur, est accompagné de deux amis. Il a décidé de venir à la Pride mais déguisé car il a peur des réactions de sa famille si on découvre qu’il est gay. « Le confinement est difficile. Là, on est bien, on est libre. J’aimerais vivre au grand jour et avoir un petit ami ».
L’an dernier, SOS homophobie a recueilli plus de 1800 témoignages de LGBTIphobies. Les plus jeunes constituent aussi une population particulièrement fragile, une victime sur dix étant mineure.
« Avec la crise sanitaire et le confinement, les LGBTIphobies se sont largement réorientées vers les espaces privés, particulièrement au sein des familles et du voisinage. Ce cadre fut notamment propice à l’essor d’un harcèlement quotidien, qui représente un quart des cas rapportés. » selon SOS homophobie.
Après deux heures de parcours, la manifestation s’est terminée rive gauche, place Carnot pour continuer les festivités à la Friche Lucien. Mais, la jauge maximum atteinte, une partie du public est restée à l’extérieur.
La Pride de Rouen s’inscrit également dans un ensemble d’activités « la quinzaine des fiertés » jusqu’au 1er juin (programme).
Reportage photos
Associations participantes
Fiertés Colorées est une fédération d’associations LGBT+ sur la Seine-Maritime et l’Eure, ayant son siège à Rouen. La Pride a regroupé de nombreuses associations partenaires et notamment Laisse Bien Ta Gaieté, Le Refuge, Enipse, Aides, Pixm, Coming Out, Getin ou C’est Mon Genre par exemple.
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