Rouen : une Pride de combat et un record de fréquentation

Le contexte des élections législatives anticipées suite à la dissolution de l’Assemblée Nationale a mobilisé de nombreuses personnes pour cette Pride 2024 à Rouen. La Marche des Fiertés a rassemblé 5000 personnes selon l’organisateur Fiertés Colorées, bien plus que l’année précédente (3000 personnes). La crainte d’une remise en cause des droits pour la Communauté LGBT+ par l’extrême-droite semble être une des causes de ce succès.

Marche des Fiertés LGBT

Ce samedi 22 juin, nous aurions pu craindre une averse mais le ciel s’est rapidement découvert… et la Marche des Fiertés s’est déroulée dans de très bonnes conditions. La tête du cortège était emportée par les percussions militantes LGBT+ du groupe Barigna. Un char musical avec DJs et performers ainsi que des drapeaux géants (LGBT et Trans) conduisaient la foule.

La Pride a effectué une boucle dans le centre-ville de Rouen avec une incursion rive gauche via les quais hauts. Un village associatif au Square Verdrel en face du Musée des Beaux-Arts était proposé par l’association organisatrice, Fiertés Colorées. De nombreuses associations étaient présentes et notamment Le RefugeFiertes Colorées, le 3114 (prévention du suicide), droit des femmes, des associations transgenres, aides, enipse, groupe action feministe, LudiQueer

Revendications LGBT+

Ce village associatif est resté ouvert pendant toute la Marche. Avant son départ, plusieurs personnes ont pris la parole.

L’association Fiertés Colorées a rappelé l’augmentation des agressions LGBTphobes avec une hausse encore plus marquée contre les personnes transgenres. Pour rappel, l’association SOS homophobie, dans son dernier rapport annuel, en mai dernier, dénonçait la forte augmentation du harcèlement en ligne. 23% des cas où les jeunes en sont les premières victimes.

Pride à Rouen

La détresse et la difficulté de transiter ou tout simplement d’être soutenu par ses proches restent des obstacles majeurs pour les transgenres. Le taux de suicide reste élevé. Les intervenants ont rappelé le cas de Charlie et Tris qui se sont suicidés ces deux derniers mois. Ainsi, Fiertés Colorées a demandé à la Ville de Rouen un lieu de mémoire pour toutes les victimes d’actes LGBTphobes au Square Verdrel.

« Ne comptez pas sur l’extrême-droite… »

Les discours des organisations restent particulièrement hostile au Gouvernement en place : « nous ne faisons pas confiance au Gouvernement actuel qui n’entend pas nos revendications ». Et d’ajouter : « Mais ne comptez pas sur l’extrême-droite pour défendre nos droits ». D’autres intervenants n’ont pas hésité à appeler à voter pour la gauche et le Nouveau Front Populaire les 30 juin et 7 juillet.

Les revendications pour cette Pride sont récurrentes car toujours non abouties : l’accès réel à la pma pour tous et toutes car, dans les faits, celle-ci reste très compliquée (homo et hétéro), le changement d’état-civil, la suppression de la mention du sexe sur les papiers d’identité, la facilité d’accès au soin par exemple.

MArche des Fiertés

Les exilés LGBT+ étaient également représentés. Ils ont lancé un appel à plus de solidarité et de fraternité. En effet, les demandes d’asiles des personnes LGBT+ sont rarement acceptées alors que leurs vies sont en danger s’ils ou elles retournaient dans leur pays. L’association Fiertés Colorées tente régulièrement d’aider les migrants LGBT+ mais la tâche reste difficile et fastidieuse. C’était aussi le sens de l’intervention d’Amnesty International sur la fraternité « ici nous sommes libres aujourd’hui, mais ce n’est pas le cas partout ailleurs même dans les démocraties ».

Amalgames et vérités

Par ailleurs, on retiendra également la déclaration des travailleurs et travailleuses du sexe. Ils dénoncent l’amalgame entre proxénète, la traite des humains, prostitution… Tous et toutes demandent le respect de la société, en terminant par « il n’y a pas de féminisme sans les putes! ».

Enfin, la santé reste également une préoccupation majeure des organisateurs avec l’intervention de l’association Aides qui fêtait ses 40 ans cette année (ainsi que Aides Normandie avec ses 30 ans). L’association rappelait qu’il était possible « aujourd’hui de faire disparaître le vih même sans vaccin alors qu’attendons nous ? », une allusion aux traitements préventifs (Prep) et à l’intensification des dépistages.

L’implication des élus ?

Des hommes et femmes politique sont venus lors du rassemblement au Square Verdrel, mais un peu moins tout au long de la Marche. L’implication n’est pas toujours complète.

Les LGBT et les politiques

Étaient notamment présents les élus du parti Les Verts comme Stéphane Martot, du Parti Communiste (Didier Chartier), de NPA (nouveau parti anticapitaliste), du Parti Socialiste, de la France Insoumise.

Le Maire de Rouen (PS), Nicolas Mayer-Rossignol est venu au Square Verdrel après les discours mais a fait le parcours jusqu’à l’hôtel de ville.

Enfin, le candidat pour le parti LR/Les Centristes, Patrick Chabert, était présent au Square Verdrel. A noter, l’absence de Damien Adam, le député sortant de Rouen et de nouveau candidat aux législatives pour la Majorité Présidentielle (Renaissance).

Slongans et pancartes…

Lors de cette Pride 2024, les pancartes des manifestant•es étaient riches en slogans. À la fois en faveur de l’égalité et contre les discriminations LGBT+, mais également contre l’extrême-droite.

Dans le parcours de la Marche des Fiertés, le cortège s’est arrêté au niveau du Gros-Horloge, rue Jeanne d’Arc. De longues minutes de silence en hommage à toutes les victimes d’agression LGBTphobes, des personnes qui ont perdu la vie du fait d’un suicide ou d’avoir été victime du Vih. Les gens se sont assis sur le sol en silence. Des instants forts et émouvants avant que la vie ne reprenne ses droits et que le cortège ne termine sa route au Square Verdrel.

Photos – Pride 2024 à Rouen, le 15 juin

(mise à jour le 25 juin à 20h55: chiffres de l’organisateur et noms sur l’article)

 

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