Les associations LGBT normandes se mobilisent contre l’extrême-droite

Les élections européennes du 9 juin et le score du Rassemblement National (31,4%) ont mis en ébullition le monde politique. Suite à la dissolution de l’Assemblée Nationale par le président Emmanuel Macron, la perspective de voir apparaître un gouvernement d’extrême-droite en France créé une onde de choc dans la société. En Normandie, les associations LGBT+ se mobilisent.

Manif lgbt
(Photo illustration Canva)

Il faut remonter à loin pour connaître de telles réactions avec une mobilisations aussi active. C’était en 2002 lors du second tour de l’élection présidentielle avec l’arrivée, pour la première fois d’un candidat Front National (futur Rassemblement National), Jean-Marie Le Pen, face à Jacques Chirac, le candidat de la droite. Les associations LGBT+ avaient appelé massivement à manifester dans les rues.

Apartisane mais politique

Aujourd’hui, en moins d’une semaine, cette mobilisation reprend forme. La déclaration de l’association Orn’en Ciel résume assez bien la situation.

« Orn’en Ciel est apartisane mais Orn’en Ciel défend les droits des personnes LGBT+ dans l’Orne. En France,comme ailleurs, l’extrême-droite a toujours été, est toujours, et sera toujours un danger mortel pour les personnes LGBT+. Emmanuel Macron, en risquant l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite pour une tactique politique nous met en danger. Nos vies ne sont pas des variables d’ajustement. Nos droits et notre sécurité ne se négocient pas. Nous sommes là en colère et en lutte. »

Ainsi l’association Orn’en Ciel s’est rassemblée avec d’autres organisations politiques de gauche et syndicales devant la Préfecture d’Alençon ce 12 juin. Pour la première fois l’association a pris la parole lors de ce rassemblement où 200 personnes ont défilé200 personnes ont défilé.

En Seine-maritime, le Collectif Phœnix Queer, association LGBT sur Dieppe, appelle également à la mobilisation pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet. « On vote. On pense à nos ami-es trans, queer,  étrangers, handi et on vote. On dit non à l’extrême droite et on dit oui à la sauvegarde de nos droits. L’extrême droite on a déjà essayé. La dernière fois qu’elle a été au pouvoir, on a fini parqué dans des camps. Battez-vous partout et par tous tous les moyens ! » précise le collectif. Et il ajoute « On bat les méchants et on élit les sympas ! ».

Sursaut démocratique

Dans l’Eure, le collectif LGBTQ Eure, co-organisateur de la Pride sur Vernon appelle à se mobiliser contre l’extrême droite et a organisé, par exemple, un apéro résistance pour préparer les prochaines actions.

Du côté du Havre, les associations LGBT+ ont déjà une identité plus marquée dans la lutte politique. Leur mobilisation n’est donc pas une surprise. On retrouve les deux associations phares : La Poudrière et le collectif des fiertés havraises (organisateur de la Pride locale). Ces associations avaient notamment appelé à manifester ce jeudi 13 à l’hôtel de ville contre l’extrême-droite, « une marche antiraciste et antifasciste pour un sursaut démocratique ».

D’ici les prochaines élections des 30 juin et 7 juillet, trois Prides normandes sont programmées (Fécamp et Caen le 15 juin et Rouen le 22 juin). Il y a fort à parier que les discours de ces Marches auront une saveur particulière. La situation politique actuelle sera probablement au centre des interventions.

Alors pourquoi une telle mobilisation et autant d’inquiétudes de la part des associations LGBT normandes ?

Quand on observe l’histoire, les intentions de l’extrême-droite (Rassemblement National de Marine Le Pen et Reconquête d’Eric Zemmour) sont particulièrement hostiles aux droits de la Communauté LGBT+ : arrêt des subventions et aides publiques aux associations, interdiction aux mineurs de faire leur transition, fin des campagnes d’information sur la lutte contre les lgbtphobies, fin des aides pour les exilés LGBT,…

Manif
(Illustration Canva et Pexels)

Avec le RN, le droit à l’indifférence des LGBT+ pourrait être de mise, une sorte de retour au placard. Mediapart a réalisé en janvier dernier une enquête sur le RN et ses relations avec la Communauté LGBT+ : « Entre homophobie et façade gay-friendly, le double jeu du RN » (lien article en accès libre). « Avec la présence de députés gay, le RN affiche de plus en plus une façade bienveillante à l’égard des LGBT. Mais ses positions ainsi que celles de ses alliés restent homophobes et transphobes. » Et de conclure que « si le RN prétend vouloir protéger les LGBT, c’est uniquement pour stigmatiser les migrants ou les musulmans. »

Un double-jeu dénoncé

Enfin, les eurodéputés du Rassemblement National (RN) se sont systématiquement opposés aux mesures en faveur des droits LGBT+ au Parlement européen. Ils ont voté contre ou se sont abstenus sur huit textes visant à punir les crimes homophobes. En 2021, ils ont unanimement rejeté une résolution dénonçant les violations des droits LGBT+ en Hongrie et une déclaration proclamant l’UE comme zone de liberté LGBT+. Depuis 2019, ils n’ont soutenu aucun texte contre les discours haineux envers les LGBT+. Jordan Bardella justifie leur position par une opposition à la « promotion de l’idéologie de genre » (À lire sur Elle et Têtu).

Toutefois ces faits se semblent pas convaincre toute la Communauté LGBT. Il suffit de lire les interventions d’internautes sur les réseaux sociaux. Depuis quelques années, des gays et lesbiennes soutiennent et votent en faveur du Rassemblement National. Aux dernières élections présidentielles une analyse de l’Ifop avait conclu que 29% des LGBT avaient voté pour Marine Le Pen et Éric Zemmour (contre 32,5% pour tous les électeurs). Du chemin reste à parcourir pour les associations et les partis politiques pour communiquer et convaincre de ne pas voter en faveur de l’extrême-droite.

Cette période qui s’ouvre semble aussi créer de l’anxiété (à lire sur le Hoffingtonpost) chez beaucoup de personnes LGBT. Comme une angoisse de voir les violences s’aggraver. À titre d’illustration, cette semaine à Paris, quatre militants d’ultradroite ont été condamnés pour une agression homophobe. Le journal Libération rapportait les propos d’un des quatre militants d’extrême-droite qui ont tabassé une personne LGBT à Paris : « Vivement dans trois semaines, on pourra casser du PD autant qu’on veut » a t’il déclaré.

La plupart des associations LGBT normandes prévoit d’autres mobilisations d’ici les élections.

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