Transgenre en prison : est-ce la double peine ? s’interroge Ouest-France

Le centre de détention de Caen s’empare de la question des détenues transgenres nous raconte Ouest-France. Comme le rappel la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, les personnes transgenres sont « en souffrance » dans leur prison. Harcèlement, difficulté à se faire respecter, sans compter l’absence de perspective nous rappelle le quotidien.
Le changement de genre devient compliqué… surtout pour les longues peines.
Prison personnes transgenres
(photo : MmeEmil GettyImages Canva)

Ouest-France nous révèle la triste réalité. « L’une des femmes transgenres incarcérées à Caen, condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité, a déjà passé trente-deux ans en prison. En 2012, une détenue s’est suicidée, alors que son changement de prénom venait de lui être refusé, une autre s’est auto-mutilée » indique le journal.

Caen : pionnier sur le sujet trans dans les prisons

Et pourtant, le centre pénitentiaire de Caen est pionnier sur le sujet. Un protocole d’accueil sur les personnes transgenres est mis en place. L’ancienne directrice de la prison de Caen de 2010 à 2018, Karine Vernières, a beaucoup contribué à cette situation. Aujourd’hui, elle est directrice du service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) du Calvados.

Karine Vernière a « obtenu de l’administration que le nouveau prénom féminin de la personne transgenre soit inscrit sur la porte de sa cellule » note Ouest-France.
Mais pas seulement le prénom. Avec le traitement hormonal, les femmes transgenres peuvent porter un soutien-gorge et à l’intérieur du maquillage et des vêtements de femme.

Karine Vernière raconte au journal : « Ce protocole est le fruit de réunions de travail, impliquant tous les partenaires, des surveillants aux gradés, en passant par le service médical (…) Pionniers, nous l’étions sans doute. Mais beaucoup de ces mesures sont aujourd’hui obsolètes. Les choses évoluent. Ne serait-ce que le vocabulaire : on ne dit plus transsexuel, mais transgenre ; ni transsexualisme, mais transidentité. Il n’y a pas si longtemps, changer de nom et donc de sexe, administrativement, était impossible avant de l’avoir fait, physiquement ».

Cérémonie de mariage à Caen

Beaucoup reste à faire, mais des efforts évidents sont réalisés. Comme le notait le Journal du Dimanche en 2018, la Direction de l’administration pénitentiaire à Paris travaille sur une doctrine nationale de gestion des détenus transgenres, « qui s’inspire nécessairement de l’expérience Caen ».

En 2013, Gayviking racontait déjà qu’une cérémonie de mariage avait eu lieu au centre pénitentiaire de Caen. Chloé, femme transidentitaire, et son fiancé avaient pu se marier. Le Centre LGBTI de Normandie avec Andréa, référente du groupe trans à l’époque, avait milité pour cette action. Chloé et son conjoint se sont rencontrés au Centre Pénitentiaire de Caen il y a quelques années. Leurs cellules sont mitoyennes…

La prison de Caen comptabilise 380 détenus dont 4 personnes transgenres. Les prisons françaises comptabilisent environ une trentaine de personnes transgenres « officiellement ».

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