Interview : Alex Taylor à cœur ouvert

alex-taylor-intro-gayviking(article publié le 3 avril 2016)
Dans son pays d’origine, la Grande-Bretagne, il n’était pas facile pour Alex Taylor de vivre pleinement son homosexualité. Son arrivée en France l’aura libéré afin de s’affirmer comme gay. Dans les années 90, il aura été le premier journaliste de télévision en France à parler clairement de son homosexualité. Aujourd’hui, il tient une chronique sur la matinale d’Europe 1.
Alex Taylor, journaliste, producteur, et animateur radio, a écrit en 2007 et 2014 deux livres très intimes aux éditions JC Lattès : « Journal d’un apprenti pervers » et « Quand as-tu vu ton père pour la dernière fois ?« . Deux livres qui se complètent merveilleusement bien et que l’on conseille sans détour à nos internautes. Quelques années plus tard, fort d’un succès littéraire et personnel, nous avons voulu l’interroger et faire le point sur sa vie depuis la parution de ses livres.
Alex Taylor avec son sourire ravageur est à l’aise. Il se confie sans crainte, pour raconter la vérité comme il aime à le dire. Il nous parle de sa vie sentimentale et sexuelle, de l’Europe, de la Grande-Bretagne, de son métier de journaliste, de la vision du monde gay,… et même de sa retraite.

Pas si pervers que ça…

GAYVIKING : A travers vos deux livres, même s’ils sont parus avec huit ans d’écart, on vous a trouvé émouvant, touchant, drôle, serein,… voir libéré. Aujourd’hui, comment allez-vous ?
alex-taylor3bAlex Taylor : Ravi de les avoir écrits ! C’est mon éditrice, Isabelle Laffont qui m’a encouragé à écrire des livres très personnels. Dans le premier, Journal d’un apprenti pervers, il fallait en découdre avec ma sexualité et comprendre pourquoi j’ai des fantasmes assez farfelus, et ce qui a rendu ma quête d’amour si difficile. C’est à travers le récit de ces pratiques certes peu habituelles mais j’espère amusantes que j’ai plongé dans mon enfance en Cornouailles dans les années 60. J’avais besoin de comprendre. J’ai écrit le livre pendant une année, et je voulais que le dernier chapitre soit intitulé « Pourquoi j’ai écrit ce livre ». C’est seulement le dernier jour, in extremis, grâce au stress du dead-line et au processus d’écriture même que j’ai compris quelque chose – que le petit garçon en moi était en colère d’avoir grandi dans un monde où il n’était pas accepté. Du coup, en tapant les derniers paragraphes de mon livre, et par un hasard lié aux claviers différents de ma langue maternelle, (l’anglais), et de celle dans laquelle j’écrivais (le français), je l’ai libéré. J’ai pleuré même pendant deux semaines, une fois le livre terminé. La mère de l’une de mes meilleures amies est psychiatre et quand elle a lu les dernières pages elle m’a dit « Tu t’es épargné dix ans de consultations avec moi en écrivant ce chapitre ! »
Quand as-tu vu ton père pour la dernière‘ fois était un livre aussi personnel où je voulais surtout raconter l’évolution de ma relation avec mon père qui a fini, de façon très émouvante, par accepter son fils. Il a fait un véritable voyage dans sa tête jusqu’au moment où – à 92 ans, souffrant d’Alzheimer, il a néanmoins expliqué avec fierté à une aide-soignante polonaise que son fils « a un boyfriend ! ». Ce livre m’a aidé à faire mon deuil. J’ai reçu des centaines de témoignages émouvants de lecteurs – et de lectrices ! – des deux livres qui ont été touchés par différents aspects. C’est là qu’on se dit, tout ce travail d’écriture, ce n’était pas pour rien.
alex-taylorjournalGAYVIKING : Le titre de votre livre « Journal d’un apprenti pervers » est assez trompeur. On pense découvrir un livre uniquement sur le fétichisme et vos pratiques sexuelles mais finalement non, c’est beaucoup plus que cela. C’est votre vie depuis l’enfance mais aussi vos amants, votre vie de journaliste, une intimité rare. Aussi, il est difficile de comprendre l’utilisation du mot « pervers » dans le titre. Un pervers est une personne qui veut faire du mal ou « possédant des instincts sexuels anormaux »… C’est franchement péjoratif à votre écart. Avec ce titre, vouliez-vous finalement faire fuir une catégorie de lecteurs ou était-ce plus du masochisme… ?
Alex Taylor : Je suis d’accord avec vous et je pense que j’aurais choisi aujourd’hui un autre titre. L’explication est plus banale que ce que vous pensez – peut-être ne me suis-je pas rendu compte de l’aspect plus négatif du mot « pervers » en français qu’en anglais. En anglais nous avons un mot « positivement » pour les pratique perverses – kinky qui évoque quelque chose de fun. Cela manque au français si je peux me permettre ! C’est sûr en tout cas que le titre était provocateur – le livre l’est ! mais j’aurais dû l’appeler quelque chose comme l’amour dans les endroits obscurs, ou l’amour là où on ne l’attend pas. Mais bref, j’en suis fier quand même car il m’a coûté de l’écrire, je me suis mis comme règle de ne raconter que la vérité …..

Plus de refus que d’avances dans les boites gays

GAYVIKING : Aujourd’hui, avez-vous toujours autant de succès dans vos rencontres et vos « trip » hard et fétichismes ? Sont-ils toujours aussi présents aujourd’hui ?
alex-taylor11bAlex Taylor : En comprenant un peu mieux l’origine de ces fantasmes grâce à l’écriture de ‘Journal d’un apprenti pervers’, je les ai un peu exorcisés. J’ai libéré le petit garçon en moi de sa colère d’avoir grandi dans une société qui ne l’acceptait pas, où il n’y avait même pas un mot sympathique pour décrire ce qu’il était (le mot « gay » est arrivé lorsque j’avais 20 ans !). J’ai 58 ans maintenant, et au moment où je vous écris c’est Pâques et il y a quelques années encore j’aurais été en cuir au Snax, grande fête gay cuir de Berlin. Aujourd’hui je n’ai plus vraiment les mêmes fantasmes, ou peut-être l’énergie de trimballer tous ces accoutrements dans les soutes d’Air France. Une grande partie de ma requête insatiable de conquêtes et de rencontres d’autrefois venait de mon sentiment de ne pas être accepté en tant qu’enfant. A 58 ans on subit nettement plus de refus que d’avances dans les boites gays donc j’ai appris à les éviter ! Et puis cela donne une sorte de calme intérieur. Mais ce sont des expériences que je n’aurais ratées pour rien, énormément de tendresse, même anonyme ! J’ai pris mon pied pendant 35 ans avec des hommes extraordinaires.
GAYVIKING : En vous lisant, on devine que vous faites souvent une distinction entre vos plans sexe, souvent hard, et vos sentiments amoureux… est-ce vrai ?
Alex Taylor : Incontestablement. C’est sans doute pour cela que je suis célibataire. Je suis capable d’exprimer une tendresse avec des inconnus dans une backroom, mais je trouve ceci plus difficile jour après jour avec le même homme dans le même lit. Ceci ne m’a pas empêché d’aimer à ma façon une poignée de garçons (mes ex qui m’ont supporté !) – même un qui est resté 7 ans et que j’ai tenu dans mes bras pendant qu’il s’éteignait, – comme je raconte dans le premier livre. L’amour a beaucoup de variantes. J’ai aimé, mais je n’ai jamais vraiment réussi à prendre mon pied sexuellement avec ceux que j’aimais pourtant profondément. Pour les raisons, je vous renvoie aux premiers et dernier chapitres de mon ‘Journal d’un apprenti pervers‘ !
tetujuin1996GAYVIKING : En juin 1996, vous faisiez la couverture du magazine Têtu. Je vous pose la même question d’il y a 20 ans… « que pourriez-vous reprocher aux gays français aujourd’hui » ?
Alex Taylor : Je n’ai rien à leur reprocher. Si j’en faisais, je serais d’office soupçonné d’amertume ou de chauvinisme. Les gays français sont essentiellement les mêmes que les gays d’autres pays du monde occidental libéral. En vieillissant, comme tout le monde (mais c’était un choc !) – je me suis rendu compte qu’une fois l’attraction physique disparu, le monde gay n’est pas particulièrement accueillant. C’est peut-être moi, c’est peut-être un peu eux aussi (les gays parisiens sont quand même un peu distants et froids !) – mais après 37 ans de vie en France, les gens qui me sont les plus chers sont presque sans exception des étrangers expatriés comme moi, et de surcroît des femmes hétéros ! Bizarre pour un gay, non ?

On me kiffe en daddie !

GAYVIKING : Dans ce même article, vous disiez : «en France, dès que l’on a passé vingt-cinq ans, on a l’impression que l’on est vraiment fini »… pourtant dans vos livres, vous avez bien profitez… ?
alex-taylor9bAlex Taylor : Et comment ! J’ai même vécu un dernier été indien de sexe pendant 8 ans entre 47 et 55 ans – jamais autant fait l’amour et avec des hommes superbes ! – mais c’est vrai que c’était à Berlin où je vivais moitié moitié avec Paris. J’ai fait ma carrière en France uniquement, télé et radio. Le fait d’être un tout petit connu est, contrairement à ce que l’on croit, un énorme handicap pour rencontrer des gens. Les gens sont souvent trop excessifs avec des gens connus, soit dans l’éloge soit dans l’insulte ! Au Berghain à Berlin personne ne me connaissait et les rapports étaient plus simples. A Paris j’ai toujours mon petit succès, limité – mais qu’avec des jeunes garçons genre 25 ans qui ne me connaissent pas du tout (je faisais la télé dans les années 90 donc trop tôt pour eux) et qui kiffent les daddies. Et comme ils sont souvent très mignons et sympathiques, why not !

Les câlins me manquent…

GAYVIKING : Il est indéniable que vous aimez la France mais n’y aurait-il pas une pointe de déception de ne pas avoir concrétisé une vie « rangée », une vie de couple en France…. Vous n’êtes pas heureux ?
Alex Taylor : C’est pour cela que j’ai écrit ces livres. Pour comprendre si le fait d’être célibataire, c’est de ma faute ou la faute à une certaine difficulté de trouver l’amour dans une culture différente de la sienne, et pourquoi je suis venu le chercher partout sauf dans le pays qui m’a vu naître. Je n’ai toujours pas la réponse. J’ai la chance d’avoir un cercle d’amis particulièrement soudé, (on l’appelle notre « family » d’expatriés vivant à Paris). J’ai eu de très bons petits amis que j’aimais et c’est vrai, le cuddling me manque (NDLR : câliner en français). La pression du Q quotidien et de son extase constamment renouvelée en revanche, moins  !

Brexit : je crains le pire

GAYVIKING : Vous écrivez « en dépit de l’europhobie ambiante, je ne pense pas que mes compatriotes soient à ce point stupides pour tourner le dos à l’Europe » et que votre «formulaire d’acquisition de la nationalité française » est proche… Depuis quelques temps, et, à votre façon, vous faite campagne contre le Brexit. Êtes-vous toujours prêt à acquérir la nationalité française… en plus ou en remplacement de la nationalité britannique ?
alex-taylor5bAlex Taylor : Je fais campagne contre le Brexit certes, mais en France ! Personne ne me connaît en Grande-Bretagne donc pratiquement impossible de faire entendre la voix des expatries. Deux millions de britanniques vivent et travaillent dans un autre pays de l’UE, et ceux comme moi qui ont vécu plus de 15 ans à l’étranger n’ont même pas le droit de vote dans un référendum qui du jour au lendemain risque de nous enlever pas mal de nos droits. C’est très différent en France où il y a même des sièges à l’Assemblée Nationale réservés aux expatriés. Pour les médias britanniques on n’existe pas. J’ai réussi, par un réseau un peu tordu de connaissances, à faire apparaître un seul article dans The Telegraph sur ce thème, et j’ai reçu plus de mille insultes europhobes, homophobes. Le problème est que les journaux britanniques sont à 90% europhobes et prêchent déjà en terrain très fertile, car les britanniques ne comprennent rien à l’Europe. C’est une tragédie. On verra, mais je crains le pire. La France m’a rendu européen et fier de l’être.

Retourner en Angleterre : why not ?

GAYVIKING : Dans le même ordre d’idée, vous écrivez dans le livre sur vous et votre père, aujourd’hui décédé, « lorsque mon père sera mort, je n’aurai plus aucune raison de revenir dans mon pays… ». Mais huit ans plus tôt dans votre livre «journal d’un apprenti pervers », vous écriviez : « J’aime mon pays pour ces contradictions… J’ai sans doute une certaine idée de mon pays… (comme un amant)… je ne cesserai de le tromper jusqu’à la fin de mes jours ». Aujourd’hui, où en êtes vous sur cet amour avec ce Royaume, on suppose que vous y allez encore de temps en temps… ?

Alex Taylor et son père
Alex Taylor et son père

Alex Taylor : Moins que quand mon père vivait, car c’est vrai que j’ai moins de raisons – quoique, et cela rejoint ma réponse à la dernière question, avec cette histoire de Brexit je songe réellement à repartir vivre mes vieux jours en Grande Bretagne. Je n’ai pas envie de vivre dans un pays où je n’ai plus les mêmes droits qu’auparavant. Quant à devenir français, je ne sais pas. Je vais attendre le résultat du référendum et si mes compatriotes sont suffisamment stupides pour sortir du plus grand marché du monde, je prendrai sans doute mes dispositions, comme tant d’autres. De toute façon d’ici deux ou trois ans, quand je prendrai ma retraite, je ne pourrai plus me permettre de vivre à Paris (j’ai toujours loué !) – donc il va falloir prendre de grandes décisions !

Ma retraite dans 2-3 ans…

GAYVIKING : Vous évoquez déjà votre retraite, vous comptez vraiment arrêter le journalisme ? … et que comptez-vous faire lors de votre retraite, vous y avez déjà pensé ? des projets ?
Alex Taylor : Héhé le journalisme m’a un peu « arrêté ». J’ai fait la radio et la télé sur l’Europe pratiquement tous les jours dans les années 90 et 2000 où j’étais M. Europe sur France 3, ARTE, France Inter, La 5, la BBC, Direction des Programmes de RFI, Euronews et tutti quanti. Depuis, je ne cours plus après ! Si j’en refais maintenant, c’est uniquement pour le plaisir et par pur engagement européen. J’ai la chance de pouvoir gagner ma vie dans l’événementiel et le journalisme, malgré ce que l’on croit, est souvent payé des cacahuètes quand on est pigiste. Si, plus récemment, je me levais à 3h du matin pendant 5 ans pour faire la revue de presse européenne sur France Inter et jusqu’il y a un mois une chronique sur notre cher continent sur Europe1, c’est parce que j’adorais cela. Quand ces deux chaines ont décidé de mettre des éléments autres que l’Europe dans leur matinale, j’ai jeté l’éponge. C’est dommage. France Inter me manque, j’ai travaillé 31 ans dans cette radio que j’adore pour son deuxième degré ….. En tout cas je ne frapperai plus à des portes pour proposer des émissions. On m’a trop dit « L’Europe n’intéresse personne, Alex. »
GAYVIKING : … vous ne répondez pas complément à la question, et… votre retraite ?
Alex Taylor : Pour ma retraite, je n’ai pas la moindre idée ! – et cette interrogation n’en est que plus aiguë dans le cadre du débat sur le Brexit. Les sondages ne sont guère encourageants pour le maintien de la Grande Bretagne dans l’UE – et les Brexiters très motivés. J’attends donc de voir si je serai déchu de force de ma citoyenneté européenne après le 24 juin. Dans ce cas je prendrai peut-être ma retraite en rentrant sur le sol britannique. Je me suis toujours défini à travers ma sexualité (indispensable pour notre génération – moins peut-être pour les jeunes) – et à travers mon travail. J’adore parler de l’Europe. Arrêter de travailler pour moi est un cauchemar car j’ai eu la chance d’exercer un métier extraordinaire. La seule chose que je pourrais faire, dans mon hypothétique cottage anglais, c’est de continuer à pondre des livres sur mes frasques d’antan ou le fait que l’Europe du coup …..et la France me manqueront sans doute cruellement !

Je ne propose plus d’émission sur l’Europe

GAYVIKING : Dans un passage de votre livre sur le décès de votre petit ami dans les années 90, vous soulignez le comportement disons homophobe de la direction de la chaîne ARTE de l’époque qui vous a reprochée une absence injustifiée alors que votre petit ami étant en train de mourir. Il est clair que si votre compagnon avait été une femme, la situation aurait été différente. Aujourd’hui, la société a évolué, et est-ce-que que vous subissez ou ressentez des attaques homophobes (personnel, professionnel) et comment réagissez-vous dans une telle situation ? Et plus largement, vous sentez-vous l’âme d’un militant pour la défense des droits des personnes LGBT ?
alex-taylor10bAlex Taylor : J’ai eu droit à une lettre me reprochant de prendre quelques jours de congés « non justifiés », mais cela s’est arrêté là ! J’étais le premier animateur de télévision à dire ouvertement qu’il était gay en 90 (alors que ce n’était pas à la mode, et franchement déconseillé par tout le monde !) J’ai tellement souffert de ne pas pouvoir être qui je voulais quand j’étais enfant que j’ai toujours affiché cela au grand jour depuis –  dès que j’ai quitté la Grande Bretagne pour (à l’époque) la France qui sur ces questions dans les années 80 était nettement plus ouverte. De ce fait si les gens m’emploient en générale, ils le font en connaissance de cause ! je peux dire que je n’ai pratiquement jamais reçu une lettre homophobe, plutôt le contraire.
GAYVIKING : Avec le dernier chapitre de votre livre, vous faites passer quelques messages aux homos et aux hétéros et il semble bien que vous avez voulu bousculer vos lecteurs. A la suite de votre livre « journal d’un apprenti pervers » et 8 ans après, quel bilan pourriez-vous tirer de ce livre ? Quels effets ont t-ils eu, personnellement, professionnellement, et avec le public également.… ?
Alex Taylor : La plus belle lettre que j’ai reçue à propos de ce livre est celle d’une mère. Elle m’a écrit pour me dire qu’elle ne voulait pas lire ce livre, et que c’est une amie qui l’a poussée à le faire. « Du coup » m’écrit-elle, « j’ai appelé mon fils à qui je n’avais pas parlé depuis 5 ans pour lui dire que je l’aimais ». Quand on lit cela, on se dit que toutes ces nuits à fignoler son texte, tout cela n’était pas pour rien.

Une petite trace pour l’avenir…

GAYVIKING : Avez-vous des projets de prochains livres ?

Alex Taylor, enfant
Alex Taylor, enfant

Alex Taylor : Je suis en train de ….. comme on dit. J’ai la chance d’avoir une éditrice qui croit beaucoup en moi. Je déjeune régulièrement avec elle et elle me pousse sans cesse à écrire. C’est un vrai travail – un an pour chacun de mes trois livres et – surtout vers la fin deux mois plus intenses, des nuits sans sommeil penché sur mon Word. Mais quand cela sort, et quand les gens s’identifient à ton histoire, c’est vraiment top. Il est hautement peu probable que j’aurai un jour des enfants ! (j’ai passé ma vie à l’éviter en quelque sorte 🙂 – du coup après moi, comme je n’ai pas de frères ni de sœurs et que j’ai perdu mes 2 parents, et que je suis célibataire, au moins je laisserai une petite trace que quelqu’un lira peut-être un jour en se disant….. ah bon, il a eu une vie marrante, lui !
GAYVIKING : Aimeriez-vous ajouter un dernier mot ?
Alex Taylor : Peut-être parce que je vieillis j’ai davantage de perspective sur le monde gay. J’ai eu énormément de chance d’avoir eu 20 ans au moment où est né le mouvement gay, les premiers gaypride. C’était une lutte forcément militante. On se faisait cracher dessus dans les défilés à Paris au début des années 80. J’ai été absolument ravi et fier d’avoir parlé pendant 5 ans à la première radio gay du monde financé par un gouvernement – Fréquence Gaie, (1981 à 1986) Maintenant, même si beaucoup d’homophobie persiste, d’énormes progrès ont été faits, même si j’ai été particulièrement choqué de voir des centaines de milliers de personnes dans la rue en France contre le mariage gay, ce pays qui trente ans plutôt était un phare de libertés comparé au mien. La seule chose que je souhaite un peu – c’est que les gays soient plus cools entre eux. Les tchats internet par exemple, qu’on se rappelle que ce sont des êtres humains derrière toutes ces belles images. Que l’on peut dire « merci » pour un compliment sans être obligé de faire l’amour ou même rencontrer quelqu’un. Un peu de gentillesse dans ce monde de brutes ! Les jeunes vont sans doute penser que je suis un vieux grincheux ! mais j’ai un peu raison quand même 🙂

Pour aller plus loin…

Page Facebook d’Alex Taylor (ici) … et son compte Twitter (ici)
A lire ses deux livres intimistes :
alex-taylorjournal« Journal d’un apprenti pervers » (2007) : l’amour se trouve parfois là où on l’attend le moins… Alex Taylor, « Monsieur Europe » des médias, le cherche dans les backrooms cuir du Paris des années 80 et les clubs métrosexuels du Berlin d’aujourd’hui. Il livre avec franchise et surtout avec humour ses expériences SM les plus farfelues : son professeur d’Oxford qui l’attache pour mieux le barbouiller de beurre d’arachide, sa terreur face à une araignée virtuelle, ou encore son kidnapping raté… Et soudain cette rencontre avec « Toi », une histoire d’amour grisante, déchirante. (extraits éditeur) Aux éditions JC Lattès – existe dans la collection J’ai Lu
taylor-livre« Quand as-tu vu ton père pour la dernière fois » (2014) : Que faire, quand on n’a plus de racines ? La vie d’Alex Taylor avait atteint son altitude de croisière, la cinquantaine tranquille, carrière de journaliste  » européen  » entre Paris, Berlin, Bruxelles. Jusqu’à un coup de fil qui l’oblige à tout laisser tomber pour rentrer s’occuper de son père, 90 ans, et atteint de la maladie d’Alzheimer. Ce livre est l’occasion de faire un voyage vers cette l’Angleterre que l’auteur avait quittée il y a plus de trente ans, sans jamais chercher les vraies raisons. En même temps que son père, les certitudes s’en vont petit à petit… Être anglais, européen, gay même. Surtout, lorsque son père ne sera plus là, ce déraciné à vie comprend qu’il n’aura plus aucune raison de revenir dans le pays qui l’a vu naître. C’est l’occasion d’ouvrir, et surtout de vider quelques valises bien cachées dans le grenier de la mémoire… (extraits éditeur) Aux éditions JC Lattès.

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Où trouver ces livres ?

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