Un lieu atypique sur Caen
Ouvert en 2019, l’Aqueerium est un espace de visibilité important pour le public. En lien avec la vie LGBT, queer et féministe, le champ de ses activités culturelles est large : expositions, concerts, conférences, ateliers, cinéma…
De son côté, le Centre LGBTI de Normandie est colocataire du lieu. Il y tient des permanences au 1er étage.
Mais le confinement porte un coup terrible à cette visibilité. Et sa réouverture est aussi incertaine que les bars et les restaurants.
Pendant le confinement, l’Aqueerium doit continuer à payer la quote-part de son loyer (environ 410 € chaque mois) ainsi que les charges locatives (100 €).
Une situation compliquée
Sans activité, la perte est nette. Bérengère, la coprésidente de l’association est inquiète. « La situation est compliquée. Nous avons contacté le propriétaire mais nous n’avons pas de réponse. En plus, nous ne pouvons pas bénéficier des aides de l’État, l’Aqueerium n’étant pas une société ».
De plus, le report de la Marche des Fiertés à Caen n’aide pas l’Aqueerium. « On voulait compter sur la Pride de Caen pour accroître notre activité buvette et ainsi financer les projets culturels. Mais le format Pride de la rentrée risque d’être plus restreint que prévu. Cela aura un impact direct sur le financement de nos activités » indique l’association.
Depuis sa naissance, l’association a su se débrouiller pour trouver ses propres ressources. Avec satisfaction, Bérengère ajoute : « Contrairement à d’autres structures, notre local n’est pas prêtée par la Mairie. On a créé l’association seul.e.s, sans aide. Depuis le début, notre association est totalement autofinancée ».
La Mairie de Caen, absente
Dans le cadre de leur politique culturelle, les communes aident souvent les associations, source de vitalité pour les centre-villes. Hélas pour l’Aqueerium la Mairie de Caen ne semble pas s’y intéresser. « Nous avions fait une première demande de subvention cette année. Mais la réponse a été négative, sans explication » dit Bérengère.
Et pourtant, avec la situation d’aujourd’hui, l’association aimerait bien un coup de pouce de la Mairie.
Ce manque d’égard de la ville de Caen est déconcertant pour l’Aqueerium. « Nous avons plus de 1000 adhérent.e.s, ce qui est un important pour une association sur Caen. Ne pas avoir d’aide de la part de sa propre ville, c’est dur à avaler. » nous dit Bérengère. Elle ajoute : « Nous allons reprendre contact avec les services municipaux à la fin du confinement car pour le moment, c’est très difficile, voir impossible de les joindre ».
Savoir compter sur les bénévoles
Pour le moment, l’association ne peut compter que sur ses sympathisant.e.s et ses adhérent.e.s pour survivre.
L’Aqueerium a réalisé une première campagne de dons au début du confinement. « Cela nous a permis d’avoir l’équivalent d’un mois de loyer. Mais il reste encore un bout de chemin à faire. Le Centre LGBTI notre colocataire nous a fait une avance mais cela ne peut pas durer longtemps. » souligne la coprésidente.
Via la plateforme HelloAsso, les internautes peuvent donner quelques euros à l’association pour que l’Aqueerium continue ses activités (lien ici).
À quand la réouverture ?
La situation reste compliquée. Comme les bars ou les restaurants, aujourd’hui il est difficile de projeter une réouverture. « Si c’est pendant les vacances cela va être difficile de mettre en place des activités culturelles aussi vite sachant que nos bénévoles devront reprendre leur travail. » explique Bérengère.
En effet, la mobilisation des bénévoles est compliquée. Il y a beaucoup de situations précaires au sein de l’association. « Entre deux cdd ou des temps partiels, ce n’est pas vraiment simple. Pendant cette période, on a du mal à trouver du temps et de la motivation » nous expose Bérengère.
Une petite programmation
La situation financière de l’association ne lui permet pas encore de penser à un programme précis. Se voulant rassurante, Bérengère affirme néanmoins : « on pourrait programmer des événements de petites envergures. On va privilégier un peu plus le local que d’habitude pour éviter le financement des frais d’hébergement ou de déplacement. »
Mais pour les concerts, la situation se complique : « On verra bien mais financièrement c’est vraiment difficile. D’ailleurs, on fait appel à des éventuels DJ qui voudraient bien nous prêter main forte pour la rentrée dans notre programmation. »
Avec cette crise sanitaire, c’est aussi un autre projet qui s’arrête. L’Aqueerium souhaitait embaucher deux salariés pour 10 heures par semaines afin de développer les activités. « Mais du coup, c’est complètement arrêté. Pour cette année, c’est terminé » nous fait savoir Bérengère.
Faire quelques chose avec presque rien…
L’Aqueerium pense également à ses bénévoles et sympathisant.e.s : « nous ne les oublions pas. Nous avons envie que ce lieu vive ! On va avoir besoin d’énergie pour le faire vivre. Ce lieu tient avec peu de bénévoles. Que des personnes n’hésitent pas à nous contacter. On va être content.e de retrouver tous le monde. »
Et de conclure : « Je fais partie des cocréatrices, et ça me ferait vraiment de voir que tout s’arrête. On a réussi à faire quelques chose avec presque rien, c’est un beau projet. »
Vous pouvez participer aux dons en ligne pour l’Aqueerium (lien HelloAsso ici).
Pour aller plus loin…
Page facebook de l’association Aqueerium
Adresse : 41 rue du 11 novembre, à Caen (derrière l’hippodrome, et près de la promenade Sévigné).
Découvrir leur bar
Lire les articles consacrés à l’Aqueerium sur Gayviking.