Rouen : Cine Friendly fait son retour le week-end prochain

Ciné Friendly, le seul festival de films LGBT en Normandie, s’installe durablement dans le paysage normand et rouennais.

one kiss cine friendly

Du 16 au 18 juin 2017, l’association Gay’T Normande propose la troisième édition avec des avant-premières et des exclusivités pour la région. La reconnaissance des diversités et la lutte contre l’homophobie passent également par la culture. Les acteurs de ce festival nous présente cette nouvelle édition…

Benjamin Duval, coordinateur du Festival Ciné Friendly…

Gaynormandie : Comme se présente cette troisième édition de Ciné Friendly ?

Benjamin Duval : cette nouvelle édition sera riche en nouveautés et invités exceptionnels. Dans les nouveautés nous retrouverons notre parrain Sébastien Monod, mais également pour la première fois une séance de courts métrages qui se veut je l’espère audacieuse. Nous aurons de nombreux invités, tel que Nicolas Guittet, jeune réalisateur prometteur qui nous proposera en avant première son très beau court métrage « Gabriel et Ashley » le samedi, d’autres invités tels que Le Refuge du Havre serons présents lors de la projection du film One Kiss. Vous retrouverez comme les années précédentes le prix du public, avec cette année un prix supplémentaire pour le court métrage. Des débats sont également prévus sur des films majeurs tels que Rara le samedi sur l’homoparentalité, et sur One Kiss le dimanche sur la discrimination en milieu scolaire.
Notre force, comme les années précédentes, est l’ouverture au-delà de la question LGBT dans ce 7ième art avec des univers totalement différents telle que « Closet Monster » qui ravira les amoureux de Xavier Dolan.

Depuis combien de temps y travaillez-vous et comment se fait la programmation ?

Ce n’est pas tant un travail qu’une passion avec une équipe de huit bénévoles qui offrent tout leur savoir faire depuis le mois d’octobre. Après avoir vu plus de 80 films et une centaine de courts métrages, la sélection a été difficile car nous aimerions vous présenter plus de films. Aussi, cette année, afin d’offrir le meilleur, notre sélection a été plus exigeante auprès des distributeurs tels que Outplay ou Optimale que les années précédentes. Au public de primer le meilleur long métrage et le meilleur court métrage.

Élise Poulain, Présidente de l’association Gay’T Normande…

Gayviking : En quoi un festival de cinéma LGBT peut-il faire progresser les droits lgbt ou lutter contre l’homophobie ?

Élise Poulain : Le but du festival Ciné Friendly est de réunir des personnes afin de leur apporter de la culture, de la détente et mieux encore, s’il le faut, réfléchir.
Comme chaque année nous proposons des internationaux, nous avons ainsi une vision mondiale sur la question de l’homosexualité et de la transidentité.
Nous nous apercevons que c’est très mal accepté dans de très nombreux pays. Nous avons la chance, en France, de pouvoir vivre – presque – librement.
Les films que nous avons sélectionnés montrent que les LGBT sont confrontés aux mêmes problèmes sociaux, amicaux, familiaux et/ou professionnels que la population hétérosexuelle. Ils sont Monsieur et Madame Toutlemonde. Se « fondre dans la masse », c’est militer : je suis bien comme je suis.
Ciné Friendly est tout public, dans chaque film il y a un message fort. Derrière l’oeuvre il y a toujours quelque chose à apprendre et qui pousse à la réflexion. Si le spectateur repart chamboulé et repense au film pendant plusieurs jours c’est que le message est en train de passer. En y pensant, il va propager son expérience autour de lui.
Notre public est très éclectique, ce qui montre que beaucoup de personnes se sentent concernées par la cause de près ou de loin. En changeant le regard et les attitudes des citoyens, un jour j’espère que notre association ne servira plus à rien.

Sébastien Monod, parrain de cette troisième édition…

Gaynormandie : Pourquoi avoir accepté d’être le parrain de Ciné Friendly ? On vous aurait plus vu dans le cadre d’un festival de livres…

Sébastien Monod : Oui, à première vue ! Le milieu de la littérature est celui dans lequel j’évolue, mais cela aurait pu être celui du cinéma, car j’ai d’abord failli m’orienter vers cette branche. Je suis titulaire d’un Bac « Cinéma » avant de choisir le journalisme.
Je garde pour le cinéma une passion inébranlable autant que des liens forts. En 2011, j’ai publié Avant que la vie ne nous sépare (Éditions Textes Gais), un roman dont une bonne partie de l’action se déroule sur le tournage d’un film à Cinecittà et on me dit souvent que j’ai une écriture cinématographique.
De plus, un essai que j’ai consacré à l’acteur Montgomery Clift va sortir dans quelques mois. C’est donc tout naturellement que j’ai accepté l’invitation d’être le parrain de Ciné Friendly, un événement que je suis et soutiens depuis le début. Car il me semble important qu’existe aujourd’hui, à l’heure d’un inquiétant retour de l’homophobie, un festival prônant la diversité et mettant en valeur son talent.
Vous sentez-vous l’âme d’un militant LGBT ?
Pas à la base. En tout cas, si je le suis, ce n’est pas volontaire. Mais la vie nous pousse parfois à le devenir, notre vie même, notre parcours.
En réalité, je suis choqué par toutes les inégalités dans le monde, quelles qu’elles soient. Par exemple, la pauvreté tandis que certains s’en mettent plein les poches, non seulement à l’échelle de la planète, mais aussi dans les pays occidentaux, et en particulier en France. Je suis aussi atterré par les inégalités de salaire entre les hommes et les femmes.
D’une manière générale, s’il faut choisir un « camp », je serai toujours du côté des opprimés et soutiendrai les minorités. Les propos bêtes et méchants sur les réseaux sociaux me font bondir, alors, certes, on ne peut s’attaquer à tout, mais quand je le peux je signale ces commentaires.
De même, quand la télé laisse certains animateurs faire des blagues douteuses, sexistes ou homophobes, je n’hésite pas à saisir le CSA. Ce fut le cas récemment au sujet d’un épisode très médiatisé et sur lequel il ne me semble pas utile de revenir…
Quels sont les livres que vous avez écrits et que vous aimeriez voir au cinéma ?
J’ai parlé précédemment d’Avant que la vie ne nous sépare, et il me semble que ce roman pourrait être adapté, ce qui a failli se faire d’ailleurs, grâce à son côté romanesque. Ma mini série Sitcom aussi du reste. Une société de production avait acheté les droits et monté un dossier avec un séquencier de huit épisodes (correspondant à une saison) et une proposition de casting afin de le présenter à des chaînes de télé dans le but d’en faire une série. France 2 avait hésité, mais cela ne s’est pas fait. Cette fois, c’est le côté rocambolesque de mes romans qui a donné envie de les adapter.
Mon dernier roman pourrait très bien faire aussi l’objet d’une adaptation. Il se déroule entre le Paris des Années folles et l’île d’Ouessant à sa libération fin 44. Les grands espaces et les sentiments y dominent, il y a de la matière !
Au-delà de Ciné Friendly, quelle sera l’actualité de Sébastien Monod dans les semaines et mois à venir… des nouveautés à attendre ?
Il y aura d’abord la parution de mon livre sur Montgomery Clift en novembre, c’est un événement important pour moi, car cela faisait plus d’un an que je cherchais l’éditeur idéal pour cet ouvrage, un éditeur passionné, et c’est ce que je viens de trouver le mois dernier. Cette parution va clôturer cinq années d’écriture et une passion de vingt-cinq ans !
Ensuite il y aura la parution, chez un éditeur avec lequel je n’ai encore jamais travaillé, de mon premier roman policier. C’est aussi une grande joie pour moi, car il fallait un certain courage pour accepter ce texte qui sort des sentiers battus : c’est un polar décalé, très queer !
Et là je suis en train de terminer la rédaction d’un nouveau roman, commencé à la fin de l’été dernier, lors d’une résidence d’écriture dans un monastère situé dans le sud de la France. Je suis ravi, une maison d’édition importante s’y intéresse. Les mois qui arrivent vont être bien remplis !
Romans…
Dernières publications de Sébastien Monod :
Sitcom (3 tomes), Éditions des Deux Anges, 2017
L’amer veille, Éditions des Deux Anges, 2016
J’étais vivant et je ne le savais pas, Éditions TG, 2015
Nouvelles…
Le Phare et la Fée, dans la revue L’Archipel des lettres, 2016
Étincelles dans le recueil Des vacances pour Le Refuge – Volume textes courts, Éditions Textes Gais, 2016
Extrait publication sur Fnac.com
Voir également la page Facebook de Sébastien Monod et suivre son actualité.

Programmation Ciné Friendly 2017…

Séances au cinéma l’Omnia du vendredi 16 au dimanche 18 juin 2017…

Le vendredi 16 juin
– à 20h : Closet monster
– à 22h : Esteros
Le samedi 17 juin
– à 13h30 : Teenage kicks
– à 15h30 : Rara
– à 18h : séances de courts-métrages
– à 21h : Center of my world
Le dimanche 18 juin
– à 14h : Elsie
– à 16h : One Kiss
Lieu : Cinéma L’Omnia République (28 rue de la République à Rouen). Accessible par bus avec les lignes 6, 7 et les trois lignes TEOR (T1, T2, T3) – Station « République ». En voiture : parking Cathédrale.

Pour aller plus loin…

voir le site de l’association Gay’T Normande
voir la page facebook de Cine Friendly
feuilletez l’intégralité du programme 
revoir le reportage sur CineFriendly 2016 

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