Expliquer l’homophobie à l’école

sos-ims(article publié le 26 janvier 2014)
L’éducation et le fait d’accepter et de comprendre ses semblables devrait une mission élémentaire des familles. Mais quand les parents ne remplissent pas leur rôle de socialisation auprès de leurs enfants, l’Éducation Nationale tente de prendre le relais.  Mais il n’est jamais évident d’évoquer et de comprendre les multiples différences qui composent la société française et particulièrement l’homosexualité et son rejet : l’homophobie. Les associations de défense des droits des gays et des lesbiennes viennent aider le monde enseignant par des interventions en milieu scolaire (IMS) partout en France. Rencontre avec deux associations qui coordonnent leurs actions et leurs moyens pour expliquer ce qu’est l’homophobie à l’école. Florence est présidente de l’association Gay’T Normande et Thomas est le délégué régional de l’association SOS Homophobie. Ils sont intervenus bénévolement dans un collège de l’agglomération de Rouen en Normandie. Retour d’expériences…

 
ims-sos4GAYVIKING : En quelques mots, pourriez-vous définir ce qu’est une intervention en milieu scolaire (IMS) ?
Florence : L’IMS. se définit comme un projet pédagogique pour les scolaires afin de lutter contre l’homophobie mais également toutes les discriminations.
Thomas : Les IMS (Interventions en milieu scolaires) sont des modules de deux heures à destination des élèves allant de la 4ème au BTS afin de débattre et d’échanger sur l’homophobie et les discriminations. Le but étant de répondre aux questions des élèves et de déconstruire les clichés et idées préconçues.
 
GAYVIKING : Comment en êtes-vous arrivés à faire ses rencontres ?
Thomas : Nous avons été contacté par le rectorat avec lequel nous avons eu plusieurs entretiens afin de valider les IMS et de leur expliquer notre façon de procéder aux interventions. Au vu du passé de SOS homophobie quant aux IMS (10ans de pratique) les interventions sont donc bien affûtées ce qui nous a permis d’avoir l’aval du rectorat rapidement.
Florence : Comme toujours l’association Gay’T Normande souhaite travailler sur le terrain. Un des buts de l’association est d’informer afin que les lois votées pour l’égalité de tous, soient comprises et bien intégrées dans notre société. Gay’T Normande travaille régulièrement avec Thomas, le représentant de S.O.S. Homophobie et c’est tout naturellement que nos deux structures se sont complétées pour mener à bien ces actions. Plusieurs réunions ont été organisées avec le Rectorat.
Celui ci a reconnu le sérieux de nos deux structures et nous avons obtenu l’autorisation d’intervenir. Il est a noté que l’association S.O.S. Homophobie détient un agrément national, ce qui a facilité la réussite de ce projet commun.
 
ims-sos1GAYVIKING : Pourquoi c’est si important d’organiser ces échanges ?
Florence : Il est crucial d’organiser ces échanges avec les scolaires pour lutter contre les agressions morales et physiques à l’école, de rappeler la notion de respect que l’on doit avoir envers les autres, d’informer sur la législation et notamment les moyens à la disposition des victimes pour que ces agressions soient punies et bien évidemment démonter les préjugés avant que l’homophobie s’installe.
Thomas : Il y a un besoin croissant quant à débattre sur les différences liées à la sexualité, beaucoup ont des questions qu’ils ne peuvent pas poser à la maison ou à l’école. Le climat que l’on instaure est donc primordial quant aux bienfaits de l’intervention.
 
ims-sos2GAYVIKING : Quelles ont été les réactions des collégiens ?
Florence : Tout d’abord de l’amusement. Quand on aborde la sexualité, çà fait rire… mais très vite de la curiosité, une demande forte d’explications de vocabulaire, puis lorsque l’on aborde toutes les formes de discrimination, ils s’aperçoivent qu’eux mêmes, peuvent faire l’objet d’une discrimination et là, c’est ce que j’appelle une prise de conscience de l’injustice. A ce moment, pour moi, c’est mission remplie. De plus, il est remis en fin d’intervention un questionnaire anonyme aux élèves et au personnel encadrant comme l’infirmière, le professeur ou une assistante sociale. Le retour est très favorable, pour citer quelques phrases : « j’ai appris des choses », « c’est bien ce que vous faîtes« , « on peut vivre ensemble sans se détester« , « je m’en fous que ma copine soit hétéro ou lesbienne » etc…
Thomas : Les retours sont positifs dans l’ensemble hormis quelques rares exceptions tous reconnaissent l’importance de l’intervention. De plus Le fait de parler librement sans tabou ni jugement, les élèves et le personnel encadrant ont tous apprécié l’action
 
VIOLENCE A L'ECOLEGAYVIKING : Avez-vous pu rencontrer des jeunes gay ou lesbienne ou des jeunes qui se posent des questions sur leur orientation ?
Thomas : Les classes étant variées et hétéroclites nous avons eu quelques jeunes qui se posent des questions mais aussi d’autres qui assument leur sexualité sans problème. Cependant nous intervenons pour la classe et non pour cibler telle ou telle personne ou problème, le but étant de ne pas cliver la classe ou stéréotyper un élève. Un point d’honneur y est mis que se soit pour SOS Homophobie ou Gay’T Normande
Florence : Nous répondons à une demande du chef d’établissement et non à une demande des jeunes. Nous devons donc faire attention à garder une complète neutralité. Cependant, nous présentons nos associations respectives avec adresses mails, n° de téléphone. Ainsi individuellement, un/une élève peut nous contacter. De même, un relai se fait  avec l’infirmière ou l’assistante sociale. Elles peuvent nous contacter ou délivrer toute information pour nous contacter. Enfin nous restons toujours dans la salle une dizaine de minutes pour qu’un/une élève ait la possibilité de nous rencontrer de façon plus personnalisée.
Personnellement, j’ai eu un retour d’un élève qui subissait les moqueries de quelques élèves. Il m’a remercié pour notre intervention car il m’a confié qu’un réel changement avait eu lieu, dans le comportement de ses camarades de classe. De quoi être positif quant à l’importance de ces actions !
 
ims-sos7GAYVIKING : Avez-vous eu des difficultés particulières lors de ces rencontres ?
Thomas : Jusqu’à lors nous n’avons pas eu de réticences particulières que se soit des élèves ou des professeurs mais les débats d’idées et les avis parfois opposés permettent justement ce débat parfois nécessaire afin de décomplexer une situation ou d’entendre les différents arguments.
Florence : Une intervention ne ressemble à aucune autre. La difficulté consiste à installer un climat de confiance, de liberté de parole sans jugement, de partages.
 
GAYVIKING : Cela vous donne de l’espoir pour lutter contre l’homophobie ?
Thomas : Bien sur cela est très gratifiant de voir les retours positifs ou de savoir que l’on a pu aider à faire changer les mentalités à notre échelle. L’espoir est inscrit dans nos associations et dans notre combat pour l’égalité !
Florence : Je suis une personne positive et ces actions renforcent mes certitudes ! L’homophobie n’est pas installée au collège ! Des préjugés, oui c’est sûr mais les jeunes répètent simplement ce qu’ils entendent sans parfois comprendre les termes qu’ils utilisent. Et là, on met le doigt sur la haute importance de multiplier ces interventions. C’est un axe, je dirais même un devoir de nos associations que d’effectuer ce travail d’informations. C’est la solution pour faire disparaître très tôt chez les jeunes, les préjugés et par voie de conséquence l’homophobie et autres discriminations.
 
ims-sos3GAYVIKING : Vous avez fait une série d’IMS en décembre et dans l’année, comptez-vous continuer ?
Florence : C’est une évidence pour moi et avec conviction pour Thomas. Nous sommes deux associations reconnues par l’Education Nationale via le Rectorat de Rouen. Les I.M.S. menées en décembre ont été un succès, nous attendons maintenant les dates pour 2014.
Thomas : J’ai déjà reçu plusieurs demandes d’interventions de la part d’établissements même éloignés mais nous répondrons présent peu importe les kilomètres. De plus le rectorat nous appuie et nous a déjà convié à un grand débat afin de parler des IMS auprès des infirmier/es de la région.
 

Dans l’Orne également…

L’association LGBT de l’Orne, Orn’en Ciel situé à Alençon, réalise également des interventions en milieu scolaire. L’association a reçu l’agrément du Ministère de l’Éducation Nationale et a été formée par SOS Homophobie. Orn’en Ciel réalise ces échanges depuis 2012. Contacts : cliquez ici – et/ou téléchargez la plaquette de présentation d’Orn’en Ciel (cliquez ici)
 

ims-sos9POUR ALLER PLUS LOIN :

– contact association SOS HOMOPHOBIE – antenne de Rouen cliquez ici – antenne de Caen cliquez ici – site national de SOS cliquez ici
– contact association GAY’T NORMANDEcliquez ici
– contact association ORN’EN CIEL – cliquez ici
– plus d’infos sur les IMS (article par SOS Homophobie)cliquez ici – et plaquette de présentation des IMS – cliquez ici
– site internet C’est Comme Ca par SOS Homophobie pour les jeunes gays, lesbiennes, bis, trans et les curieuxcliquez ici
 

COMPLÉMENTS SUR LE WEB :

Dans le Loiret : le centre LGBT d’Orléans réalise depuis 2008 des interventions en milieu scolaire sur l’homophobie – plaquette ici – et contacts – ici
– l’association des délégations régionales de Contact réalisent également des échanges en milieu scolaire en région – cliquez ici
– article du Journal Le Monde sur les interventions en milieu scolairecliquez ici
voir article sur Yagg.com – récit d’une intervention en milieu scolaire cliquez ici
 
(illustrations : sos homophobie)

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