Municipales 2014 : débat droite/gauche sur la question gay à Rouen

gay-election(article publié le 14 mars 2014)
Il est rare de voir autant d’hommes et de femmes politiques de droite comme de gauche débattre des questions gays et lesbiennes avec le public. C’est le pari réussi qu’à fait l’association LGBT Droit de Cité organisatrice de cette réunion publique à quinze jours du premier tour de scrutin des municipales. Bien que les candidat(e)s présent(e)s soient sur une liste ville de Rouen, les conclusions pourraient se transposer sur de nombreuses villes de Normandie et a fortiori les autres provinces. GAYVIKING était présent. Reportage…

Toute tendances ou presque…

Ce jeudi 13 mars, l’association LGBT Droit de Cité avait invité 7 listes de candidats à la mairie de Rouen. Lutte Ouvrière n’avait pas pu se libérer. Le parti du Front National n’a pas été invité par les organisateurs, choix délibéré et assumé par LGBT Droit de Cité du fait que sa tête de liste, Guillaume Pennelle a signé la charte municipale de la Manif Pour Tous et considéré comme non républicain.  Cet aspect a d’ailleurs fait l’objet d’un mini-débat dans la salle sur le thème de la non-discrimination dans les deux sens.
Étaient présents à la table des débats :
–          Marie Savoye pour les Verts, 12ième sur la liste de Jean-Michel Bérégovoy
–          Raphäelle Brangier, pour le Front de Gauche, tête de liste
–          Nicolas Zuili pour l’UMP, 3ième sur la liste de Jean-François Bures
–          Patrick Chabert pour l’UDI, tête de liste
–          Catherine Saillard pour le NPA, 2ième sur la liste de Clément Lefebvre
–          Yvon Robert pour le PS, tête de liste (maire de Rouen en exercice)
muni-rouen3-ppRéunie dans la grande salle de la Halle aux Toiles à Rouen devant une cinquantaine de personnes, un jeu de questions/réponses s’engage avec les candidats. Le premier thème sur le mariage a été plus animé que les deux autres thèmes (les associations et la lutte contre les LGBTphobies).
 

Le Mariage : oui mais…

Le représentant du candidat UMP, Nicolas Zuili, ne se serait pas vu sur une liste d’un homme, tête de liste, qui se serait opposer au mariage des couples de même sexe : « … ma position est très claire sur le mariage, elle l’a toujours été. J’y suis favorable mais il aurait été souhaitable de l’appeler Union Civile. Cela aurait moins crispé l’opinion ». Pour le représentant du candidat UMP, il faut être prudent et ne pas agiter le chiffon rouge. Le candidat UMP, J.F. Bures, s’engage à célébrer les mariages des couples de même sexe mais reconnaît qu’il peut y avoir des candidats sur sa liste qui ne souhaitent pas célébrer cette union et qu’il faut respecter ce choix.
Le candidat de l’UDI, Patrick Chabert rejoint le discours du représentant UMP mais tempère sur les engagements de ses co-listiers en précisant qu’il ne peut pas répondre pour ses futurs adjoints. Néanmoins, si un adjoint refuse de célébrer un mariage, je ferais la célébration. Le candidat UDI a précisé qu’il fallait travailler sur le statut des beaux-parents, statut oublié dans la loi Mariage pour Tous.
La candidate du NPA, Catherine Saillard, favorable au mariage pour tous précise que chacun est libre de se marier OU de ne pas se marier et demande que le Gouvernement aille plus loin que le mariage et l’adoption avec notamment la PMA pour les homos comme pour les hétéros.

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Yvon Robert, candidat PS et maire en exercice précise : « L’égalité et la justice sont des valeurs qui guident mon action depuis le début de ma vie politique. J’ai toujours été favorable au mariage pour les couples gays et lesbiens bien avant cette loi. J’ai célébré moi-même le premier mariage à Rouen». Il se dit étonné par les positions des candidats UMP et UDI car pour lui, un élu n’a pas à se demander s’il faut respecter la loi. Il doit la respecter. Sa position rejoint celle de la candidate Front de Gauche Raphäelle Brangier et Marie Savoye représentante de la liste Vert. Cette dernière rappelle que Noël Mamère a célébré le « premier mariage » en 2005 à Bègles (annulé depuis).
La candidate Verte ajoute : « Si on ne veut pas célébrer un mariage, on ne choisit pas d’être élu ». Marie Savoye rappelle qu’il faut mettre la Droite (ump/udi) devant ses responsabilités où l’un des leurs, Fanck Meyer, est le fer de lance des anti-égalité mariage pour tous dans notre région et en France (collectif pour l’enfance notamment).

Liberté de conscience ? Ou d’homophobie ?

Sur ce premier échange concernant le mariage, le public ne semble pas avoir apprécié la position des candidats UMP et UDI notamment sur le fait de remettre en cause le mot « mariage » et accepter qu’un co-listier puisse refuser de célébrer une union.
Le sujet sur la liberté de conscience des maires a refait surface lors de cette réunion publique. Il est difficilement compréhensible qu’un élu puisse refuser de célébrer une union car il s’agit d’un couple homosexuel. Que devrait-on dire à un élu qui refuse de célébrer le mariage d’un couple car l’un est noir et l’autre blanc ? Le public a défini ce comportement comme discriminatoire contrairement aux candidats UMP et UDI qui parle du respect des opinions.
muni-rouen4Pour Nicolas Zuili, représentant du candidat UMP, tout en regrettant la présence de personnes homophobes dans la société et se disant opposer aux positions de Franck Meyer, précise « On a toujours parlé de respect des opinions des autres. On doit respecter les opinions contraires. » … mais la candidate des Verts, Marie Savoye, de répliquer « oui mais l’homophobie n’est pas une opinion, c’est un délit ! ».
Le candidat UDI Patrick Chabert, tout en réaffirmant son attachement à la liberté de conscience, précise qu’il ne prendra aucun sanction contre un adjoint refusant de célébrer un mariage de couples de même sexe (et même hétéro) car la loi sera respecter à la mairie de Rouen, « je marierais personnellement ces personnes s’il y a un refus ».
Yvon Robert, candidat PS, s’inquiète de tels propos et rappelle que les partis de l’UMP et de l’UDI ont déclaré au niveau national qu’ils feront tout pour abroger cette loi : « ils ne s’en cachent pas ! ». La candidate Vert, Marie Savoye, réclame que des mesures poursuites pénales soient engagées sur le même principe que les discriminations même si elle reconnaît que la mise en œuvre sera difficile.
Patrick Chabert clôture le thème du mariage en précisant qu’il n’est pas favorable à l’abrogation de cette loi et ajoute « je préfère l’Union Civile pour les couples homos ET hétéros car le mariage est trop emprunt à la religion, le mariage civil aurait dû être supprimé.».

Gay Games et Cinéma Gay et Lesbien…

Tous les candidats s’accordent à dire qu’il faut donner des moyens aux associations et qu’il est nécessaire de travailler avec elles. La  candidate Vert, Marie Savoye, a lancé l’idée d’un Refuge à Rouen (accueil des jeunes homos rejetés par leur famille).
Le représentant du candidat UMP, Nicolas Zuili, s’est réjoui des GayGames à Paris en 2018 et souhaiterait développer le sport pour tous à cette occasion. De même, il a appelé à faire renaître un festival du cinéma Gay et Lesbien à Rouen, la mairie de Rouen doit être facilitateur.
muni-rouen2Le candidat UDI, Patrick Chabert s’est opposé à son homologue UMP en trouvant désolant qu’il faille faire de la discrimination dans la population : d’un côté les hétéros, de l’autre les LGBT. Il a lancé une boutade : « et pourquoi pas un quartier gay à Rouen… un ghetto ? ».
Dans la salle, le public a réagi aux propos du candidat UDI en essayent de lui expliquer qu’il ne connaissait pas la culture gay et lesbienne.
L’association LGBT Droit de Cité est sortie de sa réserve en précisant que les Gay Games à Paris en 2018 sont des jeux ouverts à tous que l’on soit homo ou hétéro. Par ailleurs, elle a précisé que les LGBT ont envie de se rassembler à un moment pour mieux vivre car à l’extérieur c’est compliqué d’être homosexuel. Vouloir faire du sport ensemble dans une association LGBT est un ballon d’oxygène face à la société parfois homophobes où l’on n’a pas à vouloir expliquer ce « que je suis ».
Sur la possibilité de faire un cinéma gay et lesbien à Rouen, Yvon Robert, candidat PS précise : « soutenir un cinéma LGBT, ce n’est pas faire de la discrimination, c’est lutter contre les discriminations. C’est un moyen de lutter et une façon de meilleure ‘intégration’ de tous »

Formation – Lutte contre l’homophobie

La plus part des candidats se disent favorable à la nomination d’un adjoint en charge de la lutte contre les discriminations… mais à condition qu’il ait des moyens pour agir.
Le thème de la formation du personnel municipal contre les discriminations est venu dans le débat. Pour Nicolas Zuili, représentant du candidat UMP, précise « avant de former le personnel, il faudra former les élus et ne pas monter les gens contre les autres » (quitte à risquer une contradiction avec ses propos sur le mariage).
gay-voteLa candidate Catherine Saillard du NPA ajoute « il faut former le personnel municipal mais il faut aussi que l’Éducation Nationale intègre cet aspect dans ses programme. ». Pour les vert et son porte-parole, Marie Savoye : «il faut réaliser un plan d’actions de lutte contre l’homophobie au même titre que le plan d’action pour l’égalité hommes/femmes que la mairie de Rouen et la CREA (agglo de Rouen) ont mis en place. »
Enfin, le Maire Yvon Robert, candidat PS à sa succession précise que la ville s’est toujours engagée dans la lutte contre les discriminations (semaine du 17 mai – journée mondiale contre l’homophobie, cérémonie de la déportation homosexuelle – expo photo à la mairie sur les couples gays et lesbien). Il précise : « Une adjointe est déjà sur un tel poste à la mairie. Il faudra continuer en organisant des formations ET de la sensibilisation notamment auprès des policiers municipaux mais aussi dans les crèches du fait de l’accueil de familles homoparentales et aussi les maisons de retraite. ».
Les électeurs sont désormais appelés à s’exprimer les 23 et 30 mars 2014 pour les élections municipales.

Pour aller plus loin :

voir article GAYVIKING – ces candidats qui s’opposent aux droits LGBT (cliquez ici)

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