Interview : GGSM, le SM en Normandie

Voilà une interview peu ordinaire sur Gaynormandie. Il ne faut hésiter à parler de tout même du sadomassochisme. Une association sur la sexualité SM s’est constituée en Normandie au début de l’année 2010 : GGSM. Rencontre avec un petit groupe de trois personnes de l’association dont Martin, responsable de l’association.

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Gaynormandie : GGSM est une nouvelle association, en quoi consiste t’elle ?

Martin : Bonjour. GGSM veut dire « Groupe Gay Seine-Maritime ». Au lieu de « Seine-Maritime » on peut aussi lire « Sado-Maso », car cette toute nouvelle association a pour but de regrouper et réunir de temps à autres des homos ayant une sexualité fétichiste, hard et/ou sadomasochiste. On veut initier et faciliter l’organisation de rencontres réelles (partouzes privées, sorties, etc.) en Normandie. Il n’y a pas de limite d’âge sauf d’être majeur.
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Gaynormandie : Le « concept » est peu commun surtout dans notre région. Y’a t’il déjà des groupes de ce genre ?

Martin : Oui en plusieurs lieux sur le territoire français. Je pense par exemple à l’association CLEF qui regroupe des amateurs de fessée, l’association MEC qui elle regroupe les fétichistes du caoutchouc et bien sûr l’ASMF (Association Sportive Motocycliste de France, également région parisienne). Il y a deux associations loi 1901 à Lyon également, me semble-t-il.

Regrouper des mecs dans la région adeptes du SM, BDSM…

Puis on trouve des réseaux d’amis plutôt informels sur le net (autrefois sur minitel) avec des mecs qui organisent des touzes. Ce genre de touzes, plus ou moins régulières d’ailleurs, existent dans les grandes villes (Paris, Lille, Toulouse, etc.) mais aussi dans des villes plus petites. Je connais par exemple un couple dans la Seine-et-Marne (77) et un mec dans l’Orne (61) qui en organisent.

Gaynormandie : Pourquoi avoir créé ce groupe ici ?
Martin : Bien souvent les normands fétichistes du BDSM (sigle de « bondage et discipline, domination et soumission, sado-masochisme ») sont seuls et isolés. Ils vivent parfois leurs fantasmes principalement sur le net ou font de nombreux kilomètres (jusqu’à Paris et au-delà) pour rencontrer un partenaire. Cette association permettra de regrouper des mecs dans notre région et d’y réaliser des soirées a thème selon les envies de ses adhérents dans un cadre plus sain, plus sécurisé, plus convivial et plus solidaire.
sm_gay8Gaynormandie : Quel est ton parcours, as-tu déjà eu une expérience associative du même genre ?

Martin : Je pratique le SM depuis au moins 15 ans. J’ai assisté à des soirées, manifestations, rassemblements cuir, etc. en France et à l’étranger. Il me semble qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas, l’esprit du groupe et la volonté de s’associer sont plus forts qu’en France.

J’ai été membre de plusieurs assos gay (et non gay) dans ma vie. Installé en Normandie depuis quelques années, je randonne parfois avec l’association Rando’s.

Recherche partenaires motivés !

Gaynormandie : Comment devenir membre du groupe ?

Martin : Afin d’avoir des amis fiables sur tous les points, nous recrutons par parrainage. Une rencontre préalable avec un membre du groupe permet de juger la motivation du futur adhérant.

Bondage SM
(illustration. Photo Canva Photo Image)
Gaynormandie : Y’a t’il un public important en Normandie pour ces pratiques fétichiste, hard ou sadomasochiste ?

Martin : Sur un site de discussion SM, j’ai noté environ 80 personnes inscrites en Normandie ayant eu intérêt ces trois derniers mois à y venir discuter. Je pense ceci donne une idée de ce « public ». Notre objectif est d’ailleurs de regrouper une dizaine de mecs au GGSM d’ici un an.

Gaynormandie : Les sexe-club qui existent actuellement ne font-ils pas l’affaire pour s’épanouir dans ces pratiques ?

Martin : A Rouen ou à Caen, peut-être. Mais à 50 km de chez moi, il n’y en a pas. De toute façon, je n’ai pas l’argent de me payer un sexe-club très souvent.
Pour un plan SM, il faut trouver des mecs motivés et branchés, il faut établir une relation de confiance au préalable et il faut du temps (si possible 2 heures voire plus). Réunir ces trois conditions est très difficile dans un sexe-club sauf si l’on y va avec un copain (sourire).

On peut parfois faire des plans intéressants dans des saunas. Les patrons acceptent souvent que les clients font « un sm_gay10peu de bruit » dans les cabines ou s’exhibent (sourire). Certains saunas sont même équipés avec un sling par exemple ou organisent des soirées exhibes. Au Havre, le Dédale a annoncé l’ouverture d’un espace SM. On va voir ce que ça donne.

Gaynormandie :  Les pratiques fétichistes, hard ou sadomasochistes semblent assez mals connues ou comprises. On imagine immédiatement une relation de soumission avec un fouet en cuir… est-ce un cliché ? Quelles sont les règles essentielles des pratiques SM ?

Martin : Le but des pratiques sadomasochistes n’est pas de blesser, mais de prendre plaisir et d’en donner à son partenaire. La palette des pratiques est très large. Les goûts et les intensités sont très variés et très individuels. Chez les masos, la douleur (jusqu’à une certaine limite) fait partie du trip. Chez les sados, c’est parfois le plaisir d’inventer de nouveaux jeux SM ou de sentir le pouvoir qu’ils ont (temporairement) sur le partenaire soumis.

Prendre du plaisir… 

Le SM permet de vivre des sensations fortes, de jouer des rôles inhabituels (comme par exemple le rôle du pacha qui se laisse servir dans son harem ou celui du chien qui dort enfermé dans une cage), de transgresser temporairement les normes de la société (par exemple en hurlant comme un fou ou en léchant silencieusement les pieds d’un ami), de lâcher, de se détendre complètement ou d’oublier tout dans un moment d’extase. Voilà quelques exemples de plaisirs recherchés.
sm_gay7Lorsque tu joues avec un nouveau partenaire, nous conseillons de parler avant : limites, durée envisagée du plan, fantasmes, expériences, etc. Ca permet d’établir un minimum de confiance (et d’éviter des mauvaises surprises voire des catastrophes). Pendant le plan proprement dit, on parle généralement peu. Echangez vos impressions plutôt après le plan. Par contre, le maso ou soumis doit avoir le droit (et la possibilité !) de dire « stop » à tout moment s’il en a assez. Le sado ou maître doit rester à son écoute et respecter les limites préétablies ainsi que le signal « stop ».

Gaynormandie : Un débutant aux pratiques SM ou « SMfriendly » pourrait-il être accueillis au sein du GGSM ?

Martin : Affirmatif. L’expérience n’est pas primordiale. On peut l’acquérir. Mais on attend un peu plus que « je suis en manque ». On cherche des mecs avec des idées et/ou du matos. Des mecs qui osent, qui veulent découvrir, s’impliquer, jouer et partager. Ce dernier mot nous est cher.

Prévention…

Gaynormandie :  Quel est votre position sur les règles de préventions ?

Martin : La lutte contre les maladies sexuellement transmissibles (MST) fait partie des buts de notre association. Pour l’instant on se contente d’un travail en interne, c’est-à-dire au sein de notre groupe.

Nous renonçons au bare-back et aux jeux coupant ou perçant la peau.
Lors de chacune de nos soirées, des capotes et des lubrifiants sont dispo. Nous distribuons des infos et brochures concernant les MST et nous en discutons ouvertement. Nous conseillons à nos adhérents de faire régulièrement un test sanguin (au moins syphilis, VIH, hépatites B et C) et, le cas échéant, de se faire soigner.

Pour notre première soirée fist on a mis en place des règles hygiènes particulières : chaque fisté a apporté son propre pot de lubrifiant. Il y avait des gants à usage unique, du matériel pour bien se laver les mains et l’occasion d’apprendre les gestes simples à faire (ou à éviter) pour que plaisir ne se rime pas avec prise de risque.

Gaynormandie :  Une question plus générale, quel est ton point de vue sur la vie gay en Normandie ?

Martin : Vie assez timide et cachée. Voir un couple de mecs main dans la main dans une rue normande est bien rare (l’évènement de l’année quoi !). C’est très rare également de voir plus de cinquante homos vivre un moment ensemble (même dans les boîtes !). C’est principalement lors de la gaypride une fois par an. Et je connais des homos normands qui vont à la gaypride de Paris, mais n’osent pas participer à celle de Caen.
Caen est un peu plus « chaud » ces dernières années me semble-t-il. Peut-être Rouen aussi.

Gaynormandie : Comment prendre contact avec vous ?

Martin : C’est essentiellement via notre site : ***** (rubrique « Contact »). (le site et le groupe n’existe plus)

Gaynormandie : Un dernier mot ?

Martin : Merci pour l’accueil ici. Que les mecs hards en Normandie prennent contact avec nous !

Pour aller plus loin

Contactez le groupe GGSM sur son site internet (mise à jour : l’association n’existe plus)
Voir aussi l’article publiée sur Gaynormandie pour en savoir plus sur les pratiques SM en lien avec l’association GGSM (cliquez ici)

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