Procès homophobie à Rouen : entre 4 et 20 ans de prison

(article publié le 15 novembre 2012 – MAJ 16 novembre 2012)

Le procès de la barbarie homophobe s’est achevé ce jeudi 15 novembre 2012 à la Cour d’Assise à Rouen en début de soirée. Toute la semaine et à huis-clos, c’est le procès de trois agresseurs qui s’y est déroulé. En septembre 2009, Jérémy, un jeune homme de 25 ans, avait été sauvagement agressé dans la forêt des Essarts près de Rouen.

Ce jeune gay était tombé dans un guet-apens. Il avait été laissé pour mort avoir avoir été tabassé et brulé dans sa voiture. Ils l’ont insulté avant de s’acharner violemment sur lui, le violer et  l’asperger d’essence puis finalement incendier sa voiture. 30% de son corps a été brûlé. Après plus de dix heures de souffrance dans la forêt, il avait été secouru par un promeneur qui avait appelé les secours le lendemain.

Le verdict

Le meneur de la bande, Steve Belleau (28 ans), a écopé de 20 ans d’emprisonnement accompagné de 4 années de suivi socio-psychologiques. S’il ne réalise pas ce suivi médical, il encourt une peine complémentaire de prison entre 2 et 3 ans. Le deuxième prévenu, Stéphane Benaissa (28 ans) a été condamné à une peine de 15 ans de prison, bien qu’il ait tabassé Jérémy, il aurait freiné le meneur Steve Belleau pour éviter d’aller jusqu’au meurtre. Enfin, le dernier accusé, Farid Ait Ali (29 ans), le guetteur, a été condamné à une peine de 4 ans de prison.

Il est important de souligner que les circonstances en raison de l’orientation sexuelle de la victime ont été reconnues. La justice a donc reconnu qu’il s’agissait bien d’un crime homophobe.

Crime homophobe reconnu – aucune excuse

Selon nos informations, les jurés (5 hommes, 1 femme) auraient été particulièrement choqués par les circonstances de l’agression et notamment les photos du corps de Jérémy : brûlures sur le visage, le torse, les bras, les jambes. A son arrivée à l’hôpital, ses jambes étaient comme carbonisées. Lors de son arrestation, le meneur de la bande avait reconnu les faits en évoquant « l’aversion » qu’il avait pour les gays, il leur promettait « les flammes de l’enfer« . Les trois condamnés n’ont exprimé aucun regret, et n’ont fait aucune excuse.

Jérémy continuera à être suivi avec une grande attention. Un des avocats des accusés a eu un discours assez déplacé. Il tenté de renvoyer la faute à la société et non sur son client : la société est homophobe…. pour lui, c’est la société qui est responsable, pas son client.

Lors du prononcé du verdict les deux principaux accusés ont dévisagé Jérémy. Une gêne glaciale ressentie par le public. Mais Jérémy n’a pas baissé les yeux. Il les a affronté jusqu’au bout, soutenu par sa famille. La main de sa maman tenait celle son fils.

Les trois coupables ont 10 jours pour faire appel. A l’ouverture du procès, ils risquaient la prison à perpétuité, peine maximum selon le code pénal. Le prononcé de la peine est conforme au réquisitoire du procureur. On pourrait penser que les peines sont faibles comparées à une vie détruite, mais la famille de Jérémy semblait avoir le sourire à l’issue du verdict.

Un immense gâchis

La justice a fait son travail. Doit-on être content d’une telle issue ? Oui bien entendu mais cela reste un immense gâchis. Il faut maintenant que l’État agisse et éduque la Nation dans les écoles, les collèges, les lycées pour lutter contre l’homophobie et qu’un tel événement ne se reproduise plus, car tout commence dans la cour de récré : les insultes, les discriminations, …

Deux associations LGBT (Gay’T Normande et SOS Homophobie) étaient présentes pendant le prononcé du verdict et ont pu entrer en contact avec les avocats de la famille de Jérémy depuis le premier jour du procès. Ce dernier est assuré du soutien de nombreuses personnes gay ou non gay face à de tels actes. Souhaitons-lui une reconstruction paisible.

Mise à jour (infos complémentaires) :

Selon l’AFP (16 nov. 2012) : « les trois agresseurs ont indiqué qu’ils avaient été « énervés » par la victime qui leur aurait fait un appel de phares, interprété comme une invitation à une rencontre homosexuelle. Les trois hommes qui avaient beaucoup bu, selon leurs dires, avaient alors décidé de jouer le jeu en répondant à ses appels pour lui tendre un piège. Deux d’entre-eux s’étaient cachés à l’arrière de la voiture et au moment de la rencontre, Steve Belleau et Stéphane Benaïssa s’étaient jetés sur lui et l’avaient violemment frappé à coups de pieds, de poings et de crosse de pistolet. Ils l’avaient laissé pour mort après avoir incendié son véhicule. »

Pour aller plus loin…

Revoir article sur Gaynormandie à l’ouverture du procès et les deux vidéos de France 3 Normandie (cliquez ici)
 
 

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