Ce dimanche 5 mai, ils étaient plus de 10 000 à manifester dans toute la France pour les personnes trans et pour défendre le droit à disposer librement de son corps. Près de 800 collectifs, associations et personnalités avaient appelé à manifester. En Normandie, trois villes ont répondu présents : Caen, Dieppe et Le Havre.
Ces manifestations font suite à une tribune publiée sur le site internet de l’hebdomadaire Politis. De nombreuses personnalités et organisations ont appelé à manifester à travers toute la France pour dénoncer les atteintes aux « droits des personnes trans et pour défendre le droit à disposer librement de son corps. La proposition de loi des sénateurs du parti Les Républicains contre les mineurs trans coïncide avec la sortie d’un livre haineux, Transmania, promu par l’ensemble de l’extrême droite politique. (…) Les réactionnaires cherchent à installer dans le débat public l’idée que les personnes trans sont un danger : pour les enfants, pour la société et pour elles-mêmees ».
Contre la proposition de loi LR
La proposition de loi du parti LR devrait être examinée le 28 mai prochain en séance publique au Sénat. Beaucoup voit en ce texte un retour des thérapies de conversion, ce que les sénateurs LR démentent.
Au-delà de la manifestation du 5 mai, les organisations appellent à construire et à poursuivre la mobilisation dans la durée.
Parmi les revendications on peut noter la volonté d’une « transition dépsychiatrisée, libre et gratuite pour les personnes majeures et mineures » ainsi que « l’accès à la PMA pour toutes les personnes trans et l’arrêt des mutilations sur les enfants intersexes« .
Dieppe
À Dieppe, ils étaient une quarantaine à répondre présents suite à l’appel du Collectif Phoenix Queer. Après les discours dans le parc François Mitterrand, le cortège a déambulé dans les rues de la ville. Tous et toutes rejettent la proposition de loi LR qui reviendrait à « accentuer la souffrance des adolescents. Et que l’on ne parle pas à notre place ! ». Ce rassemblement était également soutenu par Laëtitia Legrand, l’adjointe au maire de Dieppe en charges des luttes contre les discriminations.
Le jeune collectif Phoenix Queer qui œuvre sur Dieppe pour les droits des personnes LGBT+ était très satisfait de cette mobilisation. « C’était une première à Dieppe, une mobilisation si importante pour riposter contre la transphobie et la montée de l’extrême droite. Nous sommes fier·es de ce que nous avons pu accomplir en si peu de temps, et nous espérons compter de plus en plus de membres, bénévoles, cœurs et corps pour nous rejoindre dans nos luttes et nos fêtes. »
Caen et Le Havre
Deux autres villes normandes ont également participé à cette mobilisation nationale. À Caen, la manifestation a rassemblé 300 personnes dans les rues de la ville de Caen selon le comptage du journal local Ouest-France. Parmi les témoignages récoltés par le quotidien celui de Clem Lemoine, 19 ans : « Nous sommes là pour dire qu’on existe ». Son ami Haley, 17 ans ajoute « Et ça fait du bien de voir notre communauté réunie aujourd’hui. Être ensemble nous permet de nous sentir moins seuls dans notre combat ».
Enfin, au Havre, le collectif de la Marche des Fiertés Havraises et La Poudrière avaient appelé à manifester ce 5 mai « en réponse à l’organisation de l’extrême droite et de la droite réactionnaire pour attaquer nos droits ». Et d’ajouter : « nous pensons qu’il faut montrer un front commun face à toutes ces attaques. »
La défenseure des droits inquiète
Dans un avis rendu le 6 mai, au lendemain des manifestations, la Défenseure des droits s’inquiète des effets de la proposition de loi LR. « En interdisant l’accès à des soins pouvant être utiles au bien-être de mineurs« , cette proposition de loi « méconnaît leurs droits au regard de la Convention internationale des droits de l’enfant« . L’autorité administrative indépendante estime que la proposition de loi LR est de nature « porter atteinte aux droits et à l’intérêt supérieur » des enfants.
Ce texte prévoit notamment d’interdire les bloqueurs de puberté, les traitements hormonaux et les opérations chirurgicales avant l’âge de 18 ans. Or, les bloqueurs de puberté comme les traitements hormonaux, sont déjà « régulièrement et depuis longtemps prescrits à des mineurs non trans, dits cisgenres » dans le cas de traitement de la puberté précoce ou « lorsque l’arrivée de la puberté est source de détresse psychologique. » Cela fait « craindre une approche de la santé des mineurs transgenres centrée exclusivement sur une approche psychiatrique ».