Pourquoi une telle décision ? Quel avenir pour la marche des fiertés (gaypride) à Rouen en 2019 ?
Les deux dernières éditions avaient rassemblé de 1300 à 4000 personnes. Un record historique pour la capitale normande. Un succès très apprécié où les associations avaient bénéficié gratuitement d’un stand sur la place de l’hôtel de ville. Des concerts animaient les soirées. Les commerces LGBT et gayfriendly s’étaient mobilisés lors de soirées spéciales.
Une équipe fatiguée mais aussi amère
Les derniers membres de l’équipe sortante (Claire, Laurent et Antoine) sont fiers de ce succès mais fatigués.
Cette désaffection est aussi le résultat d’épuisements du fait d’oppositions internes. Pour Claire, Laurent et Antoine, les derniers membres du bureau : « Ceux qui nous ont encouragé au départ n’ont pas tenu leur promesse ». Ce défaut de solidarité a entraîné les membres de l’association dans le stress et la fatigue jusqu’au jour de la dernière marche des fiertés. « Produire un tel évènement est très prenant. Votre vie privée en prend un coup. Une équipe soudée est indispensable pour réussir » nous précise Laurent.
Aujourd’hui, les fondateurs de Normandie Pride n’ont plus cette assurance de solidarité et personne ne souhaite prendre la suite.
Déceptions…
Mais les raisons de la disparition de Normandie ne sont pas seulement internes à la structure.
Par ailleurs, les membres fondateurs de Normandie Pride regrettent l’absence d’élan fédérateur avec les autres associations. Claire, Laurent et Antoine, les trois derniers membres de l’association regrettent des comportements « qui les ont déçus. »
Étrangement, lors de l’Assemblée Générale, aucune association n’était présente, exceptée Enipse, et aucune n’a transmis de message à la Présidente. Le malaise était palpable.
Dans ces conditions et même si le succès était au rendez-vous en 2017 et 2018, l’aventure s’arrête.
Quel avenir pour 2019 ?
L’idée de mettre en sommeil l’association pendant un an a été évoquée mais ce scénario n’a pas été retenu. Des membres ont également suggéré d’organiser un stand inter-associatif lors de l’Armada en juin 2019, un évènement plus léger qu’une marche avec concert, pour pouvoir attendre 2020 avec un grand évènement et reprendre des forces. Cette solution n’a pas été acceptée.
Normandie Pride aurait signé un contrat avec la société Connection qui est propriétaire des noms « pride, gaypride… » en France. La Présidente a précisé « nous nous sommes engagés à mettre en place une marche dénommée ‘Normandie Pride’ chaque année pour pouvoir continuer à utiliser ce nom. Nous ne pouvons pas nous permettre de ne rien faire l’année prochaine, ni de se contenter d’un stand… alors si on ne peut rien organiser, nous devrons arrêter. »
Les prochains mois seront décisifs mais il est peu probable qu’un tel scénario alliant commerces et associations se réalise, du moins dans la configuration que Rouen a connu ces deux dernières années. Cette dissolution pourrait laisser des traces.
La nature ayant horreur du vide… il est vraisemblable que des initiatives se mettent en place pour 2019. La marche des fiertés sera sans doute moins festive et plus politique. Nous entendons déjà des associations LGBT vouloir remettre en place une manifestation plus politisée ou du moins plus revendicative que les deux dernières éditions, comme celle de Caen. De plus, les élections européennes (2019) et municipales (2020) influenceront les initiatives locales dans ce sens.
Mais mobiliser le tissu associatif rouennais a toujours été difficile. Volonté il y a certainement… mais volontaires il faudra trouver…
Pour aller plus loin
reportage de la pride 2018 à Rouen
reportage de la pride 2018 à Caen
relire article sur Normandie Pride en 2017
relire article création de Normandie Pride en 2016