(article publié le 4 juillet 2010 par Fred, Chris et Martin)
Voici un sujet qui n’est pas commun sur GAYVIKING : le sadomasochimisme ou pratique SM. Cette pratique n’est pas propre aux hétéros. Les homos aussi y trouve leur bonheur. Et comme il faut parler de tout… allons y !
Les pratiques sadomasochistes semblent assez mal connues ou comprises. Certains imaginent immédiatement une relation de soumission avec un fouet en cuir. Est-ce un cliché ?
Voici le témoignage et les conseils de Chris (47 ans) qui pratique le SM depuis une vingtaine d’années. Il était membre de l’association GGSM – Groupe Gay Seine-Maritime, une association SM en Normandie mais aujourd’hui disparue.
Un fouet en cuir est un bel objet
Certes, un fouet en cuir est un très bel objet. Mais ça coûte la peau des fesses et il faut savoir le manipuler. En particulier un fouet long de plusieurs mètres à une seule queue (« single tail » en anglais) est un engin redoutable qui peut faire des dégâts, car ça coupe assez facilement la peau. Pas du tout conseillé pour un débutant. Perso, je n’en ai pas et je n’ai qu’un seul ami qui en possède (et s’en sert très peu). Je crois que c’est effectivement un cliché. Voire un mythe.
En revanche, un martinet (fouet moins long et à plusieurs queues : une dizaine, une vingtaine, voire davantage) est plus adapté aux jeux SM et plus répandu. Pour info : il y a des « instruments » moins chers qui peuvent produire des effets plus ou moins comparables : comme la cravache (normalement utilisée pour chevaux), la ceinture (en cuir s.v.p), la raquette de ping-pong, la canne ou tout simplement la main (nue ou gantée).
Ne pas blesser
Le but des pratiques sadomasochistes n’est pourtant pas de faire des dégâts, c’est-à-dire de blesser le partenaire physiquement. Ni la violence gratuite. Le but, c’est de prendre plaisir et d’en donner à son partenaire sans prendre des risques démesurés. Plaisir, respect mutuel, confiance et consentement sont les mots-clés.
Le plaisir peut se découvrir sur des chemins peu explorés et inhabituels. La palette des pratiques est extrêmement large. Il y a des goûts et intensités très variés et très individuels.
Pour moi, la douleur (jusqu’à une certaine limite) fait partie de cette palette. J’adore par exemple me faire travailler les seins : avec des pinces bien sûr, mais aussi avec un bout de papier, avec un pinceau ou une petite brosse, avec une élastique ou tout simplement avec des doigts voire des dents. Et les yeux bandés, ça marche beaucoup mieux encore pour moi.
Certains sados prennent plaisir d’inventer (et tester) de nouveaux jeux SM, de matos ou de scénarios vicieux. Ils aiment souvent donner des ordres ou contrôler ce qu’il se passe (ou si les ordres sont bien exécutés). D’autres sont fascinés par le pouvoir qu’ils ont (temporairement) sur le partenaire soumis.
Des sensations fortes
Le SM permet de vivre des sensations fortes (à l’instar d’un parachutiste, d’un coureur de marathon ou d’un randonneur lors d’une tempête de neige) et de jouer des rôles inhabituels (comme par exemple le rôle du pacha qui se laisse servir dans son harem, celui du soumis qui doit rester muet pendant tout un week-end ou celui du chien qui dort enfermé dans une cage). Il permet aussi de transgresser (temporairement) les normes de la société bien pensante (par exemple en criant comme une bête furieuse ou en léchant silencieusement les pieds d’un ami… voire le cul).
De réaliser totalement ou partiellement ses fantasmes en termes de fringues (ou de nudité). De réaliser son propre fantasme et celui de l’autre. De lâcher et se détendre complètement. D’oublier tout dans un moment d’extase (sans boire de l’alcool ni consommer d’autres substances plus ou moins dangereuses).
Plaisirs recherchés
Lors d’un plan SM, l’imagination est très importante. L’imagination de celui qui conçoit le plan et l’imagination de celui qui subit, mais ne voit pas ou ne sait pas : la surprise, la peur, le suspense, le soulagement, etc.
Il y a principalement deux types de plans : le plan sado-maso (jouant sur la douleur) et le plan maître-esclave (jouant sur la soumission). Souvent plus ou moins mêlés, ces deux types peuvent être complètement séparés ou complétés par d’autres éléments tels que l’exhibition, l’humiliation, le travestissement ou l’entraînement sportif.
Conseils pratiques…
Maintenant quelques conseils pratiques (et personnels) pour ceux qui souhaitent faire les premiers pas dans le monde du SM.
Si tu joues avec un nouveau partenaire :
· Discutez un petit peu (limites, durée envisagée du plan, fantasmes, sensations recherchées, expériences) avant d’entrer dans le jeu. Ca permet d’établir un minimum de confiance et d’éviter des mauvaises surprises voire des catastrophes.
· Pendant le plan proprement dit, l‘on parle généralement peu. Un soumis qui parle en permanence et commente tout est vraiment agaçant. Echangez vos impressions plutôt après le plan.
· Par contre, le maso ou soumis doit avoir le droit (et la possibilité !) de dire « stop » à tout moment s’il en a assez. Le sado ou maître doit essayer de gagner la confiance de son partenaire, de rester à son écoute en permanence et de respecter les limites préétablies et bien sûr le signal « stop ».
Pour moi, un bon plan commence doucement et lentement. Avec une caresse par exemple ou un baiser. Puis, il s’accélère petit à petit, contient une surprise et touche à un moment donné aux limites. Le scénario, l’ambiance, la musique, la température (suis frileux), la lumière, etc. sont des éléments importants pour moi.
Lors d’un plan bondage : évite des cordes trop fines (diamètre 6 à 8 mm environ pour un bondage du corps). Sinon ça coupe trop, empêche la circulation du sang ou blesse les nerfs. Puis évite des cordes autour du cou ou des masques étanches qui peuvent empêcher la respiration.
Attention également avec les baillons (pour la même raison) lorsque le mec est allongé sur le dos. Les fourmis dans les mains (ou ailleurs) sont des signes d’alarme du corps. Le soumis doit en parler à son maître qui doit lui trouver une solution rapidement. Moi personnellement, je ne tiens pas bien longtemps avec les bras attachés au-dessus de la tête. Un bon bondage est un bondage que l’on peut défaire rapidement en cas de besoins. Tout le monde peut faire un bondage désagréable. L’art du bondage consiste à faire un bondage qui est agréable à porter (même longtemps) et qui limite les mouvements tout de même.
Le principe de « pouvoir défaire rapidement » règne aussi si tu utilises des chaînes, des menottes et des cadenas pour immobiliser ton partenaire. Mémorise bien où tu mets les clés ! Un bon exercice à faire tout seul : ouvrir l’ensemble de tes menottes et cadenas les yeux fermés le plus rapidement que possible (sans paniquer !).
Pour une première rencontre tout seul avec un inconnu : évite le bondage tout court.
Si tu aimes donner des claques ou des coups : évite d’en donner sur la tête, sur le cou et sur les articulations (genou, coude, etc.) de ta « victime ». L’endroit idéal pour ce jeu sont les fesses me semble-t-il. Demande en amont si ton partenaire accepte des traces (et le cas échéant : où). Puis, il y a évidemment chez l’homme les endroits plus sensibles où il faut aller plutôt doucement (enfin, là aussi, il y a des goûts très particuliers).
Lors d’une pénétration anale, je préfère que mon trou soit bien lubrifié avant, que ce soit une pénétration avec un doigt, un gode, une main entière (le fist, les ongles coupés et arrondis s.v.p), un pénis (plus classique, moi c’est avec capote ou pas du tout) ou avec un autre objet.
En tant que sado, si tu as de nouveaux matos ou de nouvelles installations à ta disposition : il faut mieux faire d’abord un essai sur toi-même ou sur ton maso dans un cadre bien maîtrisé (pour éviter des accidents ou des mauvaises surprises). Lors du plan, c’est toi qui es responsable de la sécurité de ton bâtard ! »