L’herpès

Bonjour les LGBT ! Suite à la demande de nombreux fans d’herpès, je vais vous raconter l’histoire de cette famille de virus et ce que ça peut donner si vous en rencontrez un, ou si vous formez déjà un joyeux binôme avec un gentil herpès virus.herpes-virus

Un joli conte de fées…

Depuis fort longtemps, une famille de gentils petits virus aiment les humains, et ils sont encore plus heureux quand les humains se touchent et s’embrassent et font pleins de galipettes ensemble. Ils les aiment tellement qu’ils en ont fait leur maison pour rester bien au chaud. Comme ils aiment se promener et faire découvrir de nouveaux humains à leurs bébés, ils adorent changer de maison.
Ces virus appartiennent à la famille des terribles Herpesviridae, et ils sont parents avec le virus qui donne la varicelle et le zona, le cytomégalovirus, le virus Epstein-Barr ( qui donne la mononucléose ou « maladie du baiser »). Bref, mieux vaut ne pas accueillir tout ce petit monde en même temps, même s’ils nous déclarent leur flamme et leur amour éternel dès que nous apparaissons sur terre et que nous commençons à jouer dans la cour de récréation à l’école maternelle…
On va surtout parler de deux virus : l’Herpès Virus Simplex 1 HSV1 et l’Herpès Virus Simplex 2 HSV2. Il y a aussi le 6, le 7, le 8 (infos ici), mais si je parle de tout le monde vous allez mélanger, et les Herpès sont susceptibles…
Je crois qu’une petite vidéo s’impose, pour montrer les virus en action… Bon, c’est très simplifié mais c’est joli à regarder et écouter; dans la réalité les cellules n’ont pas de lèvres pulpeuses pour chanter…- les virus sont représentés par des petites étoiles vertes.

La vie d’un herpès virus

Un jour, un binôme HSV/humain rencontre un autre humain. Notre pauvre victime ne se doute de rien, mais on vient de lui faire un cadeau pour la vie ( c’est rare qu’on fasse des cadeaux éternels de nos jours…).
Suivant ses activités préférées ( tripotage, léchage, rapport sexuel etc), la localisation de la contamination est variable ( peau, muqueuse). Il arrive aussi que les nouveaux-nés soient contaminés pendant l’accouchement quand ils passent par l’appareil génital de leur maman ( mais on gardera cette histoire pour une autre fois, je crois qu’il y a peu de bébés qui viennent sur le site).
herpes23On a alors une primo-infectionHSV est un voyageur. Il décide d’aller explorer sa nouvelle maison plus en profondeur, et il remonte les troncs nerveux qui sont correspondent à l’endroit où il a débarqué lors de l’invasion.
Quand il arrive dans les ganglions nerveux (ces ganglions sont différents de ceux que vous sentez au niveau de votre cou ou de vos bras) , ils ont envie de se reposer un peu, comme s’ils faisaient un petit séjour à l’hôtel. Le problème, c’est que le séjour s’éternise. HSV est votre ami pour la vie. Il reste là, tapi dans l’ombre, bien au chaud, il ne bouge pas, il retient sa respiration ( c’est une image, je ne crois pas que les virus respirent). Et l’immunité le laisse tranquille, pensant que tout va bien. c’est la période de latence.

La promenade de l’herpès

Et puis un jour, on ne sait pas trop pourquoi, HSV décide de faire une petite promenade à la surface.Trop de soleil, ou du stress, ces règles qui reviennent encore et encore, une grossesse, une baisse d’immunité (cellulaire, pour les puristes), certaines infections (par exemple une pneumonie à pneumocoque), et hop, il se dit qu’il est tant de faire un petit bonjour à son humain préféré.
Il n’a pas oublié sa mission, et il fait le chemin inverse, et revient sur ses premiers pas ( vous offrant au passage une jolie lésion, ou des choses plus graves quand il décide de faire un tour dans un rein ou votre système nerveux…). C’est la récurrence. Ça dure quelques jours, des fois c’est très gênant, des fois on ne se rend pas vraiment compte qu’il s’est réveillé, et puis il retourne au chaud dans son ganglion chéri. Mais ne criez pas victoire trop vite. Il va revenir…
En cas d’immunodépression ( par exemple en cas de transplantation, stade sida chez un porteur du VIH, etc), les herpès virus peuvent devenir très dangereux et beaucoup moins mignons que ce que j’ai raconté plus haut. Les récurrences peuvent donner des lésions beaucoup plus étendues et évolutives, avec parfois des atteintes de l’œsophage, des poumons, du foie, etc….

Quelques chiffres, et comment s’attrapent HSV 1 et 2

Ils se transmettent par le contact avec la peau ou les muqueuses.
– HSV 1 s’attrape par la salive et les lésions qu’il peut créer. On le reçoit souvent en cadeau dans l’enfance, et environ 90 % des adultes sont porteurs d’anticorps contre lui.
– HSV 2 est un peu plus excité sexuellement et adore les relations sexuelles, surtout celles qui sont à risques pour les infections sexuellement transmissibles ( avec pleins de partenaires, pas de capotes, HSV 2 aime la fête et le partage…). Sur une note moins joyeuse, HSV2 a aussi un côté terrible: il peut contaminer les bébés au moment de l’accouchement quand leur mère est porteuse au niveau vulvaire et vaginal. Et les conséquences peuvent être très graves pour l’enfant.(mais on en parlera pas ici, désolé…)

Infection à HSV1

hsv_gingivola primo-infection a le plus souvent lieu dans l’enfance. Le plus souvent il n’y a pas de symptomes, mais ça peut parfois donner une jolie gingivo-stomatite: pleins d’ulcérations dans la bouche, avec des lésions qui peuvent s’étendre aux lèvres et au menton, de la fièvre, impossible de manger. Bref, vous n’aurez pas envie de faire des bisous à ce pauvre enfant…
Ne croyez pas que vous êtes à l’abri derrière votre écran. C’est rare, mais HSV2 peut donner la même chose chez l’adulte par transmission sexuelle…
HSV1 peut aussi donner des lésions au niveau vulvaire et vaginal chez la petite fille ( qui se contamine en mettant de la salive porteuse d’HSV1 sur son doigt puis en touchant ses parties génitales….).
herpes-labialLes récurrences sont moins impressionnantes. Ça donne ce qu’on appelle un bouton de fièvre, au niveau de la jonction entre la peau et la lèvre, ou moins souvent au niveau de la narine ou du menton.
nose-herpesParfois les symptômes se situent au niveau de l’œil( cornée etc…), et il faut voir en urgence un ophtalmo parce que les conséquences sur la vision peuvent être graves.

Infection à HSV2

oh qu'il est mignon, on dirait presque une chaussette...
oh qu’il est mignon, on dirait presque une chaussette…

La primo-infection survient après un rapport sexuel, avec une durée d’incubation de 2 à 7 jours. Il n’y a pas toujours de symptômes, mais quand ils sont là, on le sait: pleins de vésicules ( imaginez des petites cloques), qui peuvent s’ulcérer. Chez l’homme les lésions se développent sur le gland et/ou le pénis, et chez la femme sur la vulve, dans le vagin, le périnée ( la zone entre la vulve et l’anus), les fesses, le col de l’utérus, avec parfois des écoulements pas très appétissants.
Ça peut parfois être très douloureux et s’accompagner des fièvre, de ganglions sensibles, de gênes en urinant.
Il faut plusieurs semaines avant que la cicatrisation ne soit complète.
pas facile de trouver une belle photo de vulve avec de l'herpès...
pas facile de trouver une belle photo de vulve avec de l’herpès…

Persistance des lésions

Les récurrences sont souvent moins intenses. Quelques heures avant l’apparition des lésions, on ressent des brulures, des démangeaisons. Puis les petites vésicules apparaissent, et s’ulcèrent. Les lésions persistent pendant 6 à 7 jours.En cas de localisation au vagin ou au col, la récurrence peut passer inaperçue.
HSV2 peut aussi donner des lésions d’herpès anal ou périanal. Pas besoin de vous faire un dessin sur son mode de transmission. La primo-infection est douloureuse, ça gratte, on a des fausses envies , du mal à uriner, de la fièvre…

( peut-être que ça refroidira le slip de certains!) quand je vois cette photo, je me dis qu'on est bien peu de choses...
( peut-être que ça refroidira le slip de certains!)
quand je vois cette photo, je me dis qu’on est bien peu de choses…

Ça mérite quand même une petite photo…
Ça guérit en une à trois semaines, mais vu l’endroit il y a évidemment un risque de surinfection…
HSV 1 et 2 peuvent donner pleins d’autres symptômes suivant les localisations, mais je pense que vous en avez assez vu.
Juste une toute petite image de panaris herpétique, qui peut s’attraper en touchant des lésions d’herpès.

Diagnostique, traitement et prévention

En cas d’herpès labial récurrent, c’est assez facile de le reconnaître.
Pour les autres localisations, on a besoin d’un prélèvement local avec recherche d’ADN viral ou isolement du virus.
Les primoinfections type gingivostomatite et herpès génital se soignent grâce à des antiviraux.
En cas d’atteinte des yeux, il faut absolument voir un spécialiste parce que c’est une urgence.
Je vous conseille de consulter en cas d’herpès anal, mais je crois que vous n’aurez pas besoin qu’on vous le redise deux fois si ça devait vous arriver un jour…

Il n’y a pas de vaccins contre l’herpès

En cas de récurrences répétées et gênantes ( plus de 6 par an au niveau génital ou cutanéomuqueux), on peut faire un traitement préventif par antiviraux pendant 6 à 12 mois. Ça réduit la fréquence et la durée des poussées, mais ça n’élimine pas complètement le virus.
Pour se protéger et protéger les autres, il faut porter des préservatifs en cas de lésion génital ( le préservatif géant type corps entier n’est pas encore commercialisé…), s’abstenir en cas de poussée, ne pas tripoter les lésions…
Si vous avez bien lu tout ça, je vous félicite. Vous avez droit à un peu de repos. Peut-être que pendant ce temps vous penserez à votre petit herpès virus qui somnole bien au chaud….
Si un infectiologue lit ce post, il risque d’être horrifié, ou s’il est de bonne humeur, amusé par mes petites histoires.
J’ai beaucoup simplifié afin que vous reteniez les grandes lignes de la vie et des symptômes d’un herpès virus.
En cas de doute sur une lésion, quelle que soit sa localisation, il est préférable de consulter un médecin.

sources des données médicales

1) CMIT  » Herpès » In E.Pilly: Vivactis Plus Ed; 2012: p 351-356.
2) »Microbiologie et pathologie infectieuse » Schaechter,Medoff, Eisenstein : Ed. De Boeck Université; 1999: p 511-513.

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