Rouen : meurtre homophobe devant les assises

Un nouveau crime barbare  devant la Cour d’Assise à Rouen.
En 2012, un homme de 38 ans est retrouvé mort à son domicile. Dans son appartement des inscriptions homophobes sont affichées. Novembre 2015, le procès s’ouvre. L’ex-compagnon de la victime et son frère sont accusés de meurtre, ces derniers seront condamnés à 25 ans et 20 ans de prison.
meurtre homophobe
Illustration du new-yorkais : Raccoon Nook
Le caractère homophobe est reconnu. Il sera confirmé devant la Cour d’Appel à Evreux en mai 2017 (mise à jour de l’article le 25 mai 2017)

Août 2012 : le corps de Johnny Aubert est découvert en état de décomposition à son domicile à Rouen, quartier des Hauts de Rouen. Son corps a été découvert une quinzaine de jours après sa mort. L’appartement est couvert de sang. Trois inscriptions homophobes sont affichées sur le mur et le mobilier (on ne connaît pas le contenu exact de ses inscriptions).

Inscriptions homophobes

Avant sa mort, Johnny accueille à son domicile son ex-compagnon, Maximilien 25 ans, ainsi que le frère de celui-ci, Aurélien 22 ans. Avoir avoir bu tous les trois ensemble, les deux accusés décident de frapper Johnny et le traînent dans la salle de bain. Un meuble tombe sur sa tête. Plus tard, la victime appelant à l’aide est de nouveau frappée par une haltère. Des inscriptions homophobes sont écrits par les bourreaux dans l’appartement.
Maximilien et Johnny s’étaient séparés l’année précédente. Selon les deux frères, ils « auraient voulu donner une leçon à Johnny ».
Une voisine de la victime avait entendu des bruits de violences venant de l’appartement de Johnny ainsi que les cris de « arrête, arrête« .
Ayant montée au domicile de la victime, elle demande si tout va bien et entrevoit le visage de Johnny en sang mais celui-ci aurait fait signe que tout va bien, sans doute par peur. Néanmoins, la voisine ne juge pas utile d’appeler la police. Il sera trop tard. Johnny meurt de ses blessures quelques jours plus tard d’une hémorragie au cerveau.

Palais de Justice de Rouen, Parlement de Normandie
Palais de Justice de Rouen, Parlement de Normandie

« Arrête ! Arrête ! »

Pour les enquêteurs, le mobile du crime ne ferait pas de doute, il aurait été tué en raison de son homosexualité même si Maximilien s’était déclaré comme n’étant « plus » homosexuel.
Les deux accusés reconnaissent les faits de violences mais pas l’intention de donner la mort. Le verdict de la Cour d’Assise tombe le 20 novembre et reconnait le meurtre. Aurélien est condamnés à 25 ans et Maximilien, l’ex-compagnon de la victime, écope de 20 ans d’emprisonnement. La voisine est condamnée à un an de prison pour non assistance à personne en danger.

Un crime homophobe

Fait remarquable, l’homophobie est reconnue comme circonstance aggravante dans le verdict de la Cour. Cette dernière reconnaît que le mobile du crime est bien « l’homosexualité » de Johnny. Le procès semble avoir mis en lumière le rejet de l’homosexualité. Pour l’avocate générale, il s’agit bien d’un crime homophobe : « Ils ne l’ont pas tué parce qu’ils n’aiment pas les homosexuels, mais parce que lui (la victime), était homosexuel »
En marge de ce procès, on regrettera le traitement de cette information par quelques médias et leur manque de réflexion ainsi que son relais d’info sur les réseaux sociaux (NormandieActu, la Dépêche, 20 minutes, FranceTV…). Beaucoup continuent de titrer « meurtre d’un homosexuel » et non « meurtre homophobe« .  Pour les crimes racistes, doit-on titrer « meurtre d’un noir » ? !! Il y a encore des efforts à faire sur la perception de l’homophobie.
L’homophobie existe et doit être énoncée comme telle.
Mise à jour – mai 2017 – Un des condamnés ayant fait appel de la décision, un nouveau procès s’est tenu devant la Cour d’Appel à Evreux ce mercredi 24 mai 2017. Comme en premier instance, Aurélien, âgé de 26 ans à cette, a été de nouveau condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour ce meurtre. Son avocat avait plaidé le manque de preuve dans cette affaire avec des circonstances atténuantes. La Cour d’Appel n’a pas été cet avis et à confirmer la sentence de la Cour d’Assise. Par ailleurs, l’homophobie a été retenue comme circonstance aggravante.

Pour aller plus loin :

Lien : article de Paris-Normandie sur l’affaire, plus détaillée (lien externe)
Lien : procès de la barbarie homophobe à Rouen (un autre procès en 2012) (article gayviking)
Lien : rubrique « Homophobie » (rubrique gayviking)
(crédit photo d’illustration : artiste / illustrateur new-yorkais Raccoon Nook, basé à Brooklyn).
(article publié le 18 novembre 2015, mise à jour les 22 novembre 2015 et 25 mai 2017)

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