Rencontre avec Syrinne, 21 ans, et Sage, 20 ans, les deux cofondatrices de l’association MIEL. Elles étudient toutes les deux à l’Université du Havre en M1 Langues et Sociétés, parcours études anglophones.
Un besoin de soutien et d’écoute
Gayviking : Comment vous est venue l’idée de créer l’association MIEL ?
Syrinne et Sage (MIEL) : Nous trouvions qu’il n’y avait vraiment pas assez de représentation LGBT+ au Havre, et en particulier au sein de l’université, pourtant sensée être un lieu de vie et d’échange. La communauté est très ‘invisibilisée’. L’une des deux fondatrices a eu besoin à un moment de se tourner vers un collectif, une asso étudiante LGBT+ et ça a été une douche froide quand on s’est aperçues qu’il n’y en avait pas ! On a tout de suite décidé de créer l’asso. On voulait offrir aux étudiant.e.s un espace sécuritaire où elles/ils pourraient être écoutés, soutenus et aidés par des membres de leur communauté.
Université du Havre : une ambiance bienveillante mais des efforts de visibilité à faire
Gayviking : Est-ce que les étudiant.e.s LGBT se sentent bien à l’Université du Havre ? Avez-vous rencontré des problèmes ou des difficultés particulières ou pas du tout ?
Syrinne et Sage (MIEL) : Nous avons fait circulé un questionnaire à ce sujet adressé aux étudiant.e.s. Ce qui revient beaucoup c’est surtout le manque d’inclusivité et de représentation à l’université. Beaucoup réclament des ateliers de sensibilisation et des événements autour de la communauté queer. On a déjà été témoin de quelques remarques de professeur.e.s assez intolérantes, ou au moins très mal formulées, vis-à-vis de la transidentité par exemple; on est sûres qu’avec des ateliers ou des campagnes de sensibilisations ce genre de propos ne seraient pas tenus.
Un problème qui est aussi revenu plusieurs fois dans les réponses c’est le manque d’accessibilité aux démarches pour utiliser un prénom d’usage. Ça ne concerne pas que la communauté LGBT+, mais pour les étudiant.e.s qui en font partie ça peut être un gros soucis dans leurs études. Il faut savoir que la démarche existe, mais qu’elle est si difficile à trouver que même nous, au début, avons eu du mal à en être sûres. C’est vraiment représentatif de la situation des étudiant.e.s LGBT+ au sein de l’université en fait; il y a vraiment trop peu de visibilité.
En revanche, l’ambiance reste quand même globalement assez bienveillante ; beaucoup de personnes ont montré de l’enthousiasme face à la création de notre association, étudiant.e.s comme professeur.e.s d’ailleurs.
Délier la parole des étudiant.e.s
Gayviking : Que proposez-vous comme activités au sein de MIEL ?
Syrinne et Sage (MIEL) : On voudrait organiser des groupes de discussion et/ou des débats, en priorité autour de l’identité queer mais pas que. À terme nous aimerions aussi parler d’autres formes de discriminations et étendre notre activisme à d’autres sujets. On voudrait vraiment délier la parole des étudiant.e.s autour de tout ce qui peut rendre l’environnement universitaire hostile pour eux ou elles.
On voudrait aussi être là en tant que médiatrices entre l’université et les étudiant.e.s LGBT+, pouvoir représenter leurs intérêts et défendre leurs droits ; aussi aider à la formation du personnel autour des questions LGBT+ et pouvoir intervenir et aiguiller les étudiant.e.s dans les situations de discriminations.
inclusion, prénom d’usage, accès à la santé,…
Gayviking : Quels sont vos projets à venir ?
Syrinne et Sage (MIEL) : Pour l’instant, nous avons plusieurs gros projets. Le premier serait de militer pour que l’utilisation du prénom d’usage à l’université soit plus accessible, que la démarche ne soit plus marginalisée, en l’incluant directement dans les formulaires d’inscription par exemple, ou au moins qu’elle y soit mentionnée.
Le second est de créer un annuaire normand des médecins (généralistes comme spécialistes) safe pour les personnes LGBT+ et plus particulièrement pour les personnes trans, qui souffrent très souvent de négligence et maltraitance médicale. Nous avons aussi le projet de créer un système de parrainage sur l’université, entre étudiant.e.s queer qui aimeraient rencontrer des personnes ayant une situation et/ou une identité similaire à la leur.
On aimerait aussi créer des ateliers sur des sujets LGBT+ qu’on présenterait sur la fac, mais peut-être aussi, à terme, dans les lycées. Les lycéen.ne.s sont des futurs étudiant.e.s après tout !
Travailler avec d’autres associations…
Gayviking : Avez-vous déjà été en contact avec d’autres associations LGBT+ pour éventuellement faire des actions en commun ?
Syrinne et Sage (MIEL) : Nous avons été en contact avec la Poudrière et avons rencontré l’équipe du Refuge. En effet nous aimerions beaucoup travailler avec eux et avec elles ! Malheureusement l’asso est encore très récente donc nous n’avons pas trop eu le temps de contacter ou de rencontrer plus de personnes. On aimerait beaucoup travailler avec d’autres assos, même si elles ne sont pas concentrées sur la question LGBT+ en particulier, par exemple des assos féministes. On pense essayer d’en contacter assez rapidement.
La reconnaissance du monde universitaire…
Gayviking : Comment se passent les relations avec les autres associations étudiantes havraises et avec la direction de l’Université ?
Syrinne et Sage (MIEL) : Nous n’avons pas encore rencontré beaucoup d’autres assos étudiantes; nous avons rencontré la FED’LH (ndlr : fédération des étudiants du Havre), avec qui ça s’est très bien passé, nous pensons essayer de travailler avec eux très rapidement. Ils nous ont déjà aidées niveau communication ce qui était vraiment sympa de leur part.
Par ailleurs, nous avons eu eu des échanges avec un ou deux syndicats étudiants qui se sont moins bien passés, mais en dehors de ça les relations restent très positives et on reste très optimistes. Avec la direction de l’université, c’est pareil ; nous n’avons pas encore rencontré beaucoup de monde.
Nous avons rencontré l’actuelle référente à l’égalité des chances, Mme. Ramsbottom, et elle a été très à l’écoute et motivée par notre projet. Elle nous a soutenu et nous a donné des contacts pour qu’on puisse avancer dans nos actions et projets, c’était vraiment super. Elle est très au fait de l’actualité LGBT+ et très éduquée sur les minorités en général, c’était très agréable de discuter avec elle.
Un local pour MIEL…
Gayviking : Avez-vous un local à l’Université ou en ville ?
Syrinne et Sage (MIEL) : Malheureusement non, il n’y a aucun local de libre à l’heure actuelle sur l’université, donc ça risque de prendre beaucoup de temps avons qu’on puisse en avoir un. On va surtout réserver des salles de façon ponctuelle pour organiser nos événements, et installer des stands, de temps en temps, à l’entrée des bâtiments; on va sûrement essayer de passer dans les amphis de différentes filières, aussi. Mais on est déterminées à obtenir un local dès que ce sera faisable !
Gayviking : Combien êtes-vous dans votre association ?
Syrinne et Sage (MIEL) : Pour gérer l’organisation et la communication de l’asso au quotidien, nous ne sommes que les deux fondatrices, Sage et Syrinne. Nous avons eu quelques nouvelles adhésions récemment, mais on reste une très petite asso. On espère avoir plus de membres après avoir organisé nos premiers événements !
Ouvert sur l’université du Havre dans un cadre plus large
Gayviking : Tout le monde peut adhérer ou est-ce réservé aux seul.e.s étudiant.e.s du Havre ?
Syrinne et Sage (MIEL) : Comme MIEL est avant tout une association étudiante nous n’acceptons les adhésions que de personnes en lien avec l’université du Havre, mais pas seulement les étudiant.e.s; les professeur.e.s et personnels sont aussi les bienvenu.e.s, on est aussi prêtes à accueillir d’ancien.ne.s étudiant.e.s qui souhaiteraient rester impliqué.e.s dans la vie du campus bien entendu. Mais cela dit on n’exclut absolument pas la possibilité d’évoluer dans un cadre plus large à l’avenir si l’occasion se présente.
On prend aussi en compte dans nos statuts la possibilité de recevoir ponctuellement des « membres bienfaiteurs » qui ne seraient pas en mesure d’adhérer, mais qui souhaiteraient quand même aider l’asso; ils ou elles peuvent assister aux réunions pour s’exprimer même s’ils ou elles ne peuvent pas y voter.
Contactez l’association MIEL…
Gayviking : Comment les internautes intéressé.e.s peuvent vous contacter ?
Syrinne et Sage (MIEL) : Idéalement, via notre adresse mail, associationmiel.ulhn@gmail.com ! On peut aussi nous contacter sur Instagram ou via notre Page Facebook, @miel.ulhn, sans aucun soucis. Et s’il y a besoin on est aussi disponibles à l’université, dans la mesure du raisonnable.