La PrEP : tout savoir. C’est quoi, pour qui, comment ça marche ?

Si vous êtes des habitués des réseaux de rencontres, comme Grindr par exemple, vous avez surement entendu cette expression : « je suis sous Prep », ou bien « je ne me met pas de capote, je suis sous Prep ». C’est quoi au juste la Prep ? Voici les infos essentielles pour se repérer et comprendre.

LGBT séropositif
(crédit photo Juan Moyano Canva)

La PrEP est un outil de prévention important dans la lutte contre le VIH, offrant une protection significative contre le virus pouvant être responsable à terme du sida.

1. La PrEP, c’est quoi ?

La PrEP représente l’abréviation de « Prophylaxie Pré-Exposition ». C’est la prise d’un médicament pour bloquer le virus du VIH (virus de l’immunodéficience humaine) quand il entre le corps humain. Ainsi, le virus ne peut pas se multiplier et infecter les autres cellules. Au final, les personnes en contact avec le virus du VIH lors d’un rapport sexuel non protégé restent séronégatives, si elles ont bien pris le traitement de la PrEP, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas infectées par le virus.

2. Quel est ce médicament ?

Le médicament utilisé pour la PrEP est un comprimé présentant à l’intérieur une combinaison de deux antirétroviraux : le ténofovir et l’emtricitabine, commercialisée sous le nom de Truvada ou Descovy. Il s’agit de prendre un ou deux comprimés avant un rapport sexuel mais également plusieurs comprimés après le rapport sexuel selon un calendrier précis (voir plus loin, comment prendre la PrEP).

3. La PrEP, c’est pour quelles personnes ?

Toute personne se sentant exposée au risque d’infection par le VIH peut demander la Prep.

La PrEP est particulièrement recommandée pour les personnes présentant un comportement pouvant induire une infection par le VIH, telles que les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes que l’on soit gay ou non, les travailleurs du sexe, les femmes, les hétéros, les personnes trans, ou bien les personnes qui partagent du matériel d’injection de drogues. Tout le monde peut être concerné par la PrEP indépendamment de son genre ou de ses préférences sexuelles.

Aujourd’hui, le traitement PrEP s’est largement développé. Il devient très accessible. On peut dire que toutes les personnes ayant des relations sexuelles peut demander la PrEP, même les personnes utilisant un préservatif de façon systématique. En effet, la PrEP peut vous rassurer. Un préservatif peut se rompre et les relations sexuelles par voie buccale peuvent transmettre le virus du VIH (même si cela reste rare).

Le fait de prendre la PrEP relève de votre choix personnel, de votre bien être. Vous êtes libre d’y associer le préservatif ou non. Le but est d’être libre et épanoui dans vos rapports sexuels.

4. Comment obtenir le traitement préventif de la PrEP contre le VIH ?

La clef du dispositif est le suivi régulier avec un médecin. En France, la PrEP est disponible gratuitement dans les CeGIDD (Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic), les hôpitaux et auprès de votre médecin généraliste. C’est à vous de choisir avec la personne ou l’institution avec laquelle vous serez le plus à l’aise. En effet, vous allez parler de votre vie sexuelle et c’est important de se sentir libre sans jugement.

En France, l’Assurance Maladie prend en charge à 100% les traitements préventifs de la PrEP.

Avant de débuter la PrEP, le médecin va demander de réaliser une prise de sang pour vérifier que vous n’êtes pas infecté par la VIH. Avec cette prise de sang, il va également contrôler votre fonction rénale et réaliser un dépistage des IST (infections sexuellement transmissibles) comme la gonococcie, la chlamydia, la syphilis, mais aussi les hépatites A, B et C. Le dépistage de ces IST se fait à la fois par une prise de sang en laboratoire mais aussi lors d’un prélèvement local (bouche, anus) que vous pourrez effectuer seul grâce aux écouvillons (c’est un grand coton-tige).

Après le retour de vos examens, et si tout est normal, le médecin pourra vous prescrire pour trois mois la PrEP. Votre ordonnance est prise en charge dans toutes les pharmacies.

A la fin des trois premiers mois de PrEP, un suivi médical est recommandé par votre médecin. En effet, le renouvellement de la PrEP nécessite une consultation avec une nouvelle ordonnance. Selon les dates de vos derniers bilans sanguins, le médecin recommandera la mise à jour de vos dépistages pour toujours vérifier votre état de santé général (réaliser les tests de dépistage du VIH, des IST et de la fonction rénale).

Les personnes sous traitement PrEP sont généralement mieux suivie que les autres personnes car elles doivent obligatoirement réaliser des tests de dépistage plus réguliers si elles souhaitent pouvoir renouveler le traitement par PrEP.

comprimés PREP
(illustration Bowonpat Sakaew de GettyImages Canva)

5. Comment prendre la PrEP ?

Une fois que vous avez eu votre ordonnance de comprimés pour la PrEP, sa prise doit être régulière et rigoureuse pour être efficace.

Il y a deux méthodes. Le choix de la méthode sera discuté avec le personnel médical qui vous prescrira la PrEP. Sachez que la méthode dépend de votre activité sexuelle, si vous avez des rapports vaginaux ou anaux, ou si vous avez un traitement hormonal pour les personnes trans.

A) Prise dite « permanente » – rapports vaginaux et personnes trans

Cette prise dite « permanente » est la modalité recommandée pour les personnes ayant un vagin ou les personnes trans sous traitement hormonal.

Cela consiste à prendre un comprimé de PrEP chaque jour, dans un même créneau horaire. Cette régularité assure une concentration suffisante du médicament dans votre organisme pour prévenir l’infection par le VIH.

Il s’agit de prendre un comprimés à heure fixe chaque jour (+ ou – deux heures de tolérance) pendant 7 jours avant le premier rapport sexuel à risque. Pendant ces 7 jours, le préservatif est nécessaire. Puis une fois le cycle de 7 jours passé, vous êtes protégé.

Toutefois, il faut toujours prendre un comprimé chaque jour à heure fixe (+/- 2 heures). Si vous souhaitez arrêter la prise de PrEP, il faudra prendre un comprimé pendant 7 jours après votre dernier rapport sexuel à risque.

Le schéma d’un cycle…

Vous devez commencer par une prise de comprimés de 7 jours (1 comprimé par jour) à heure fixe (+/- 2 heures). Ce n’est qu’au septième jour que vos rapports sexuels seront protégés. Puis chaque jour, vous continuerez à prendre un comprimé (même créneau horaire). Si vous décidez d’arrêter un cycle de PrEP, vous devrez prendre un comprimé pendant 7 jours. Comme au début de la prise, pendant ces 7 jours, vous devrez utiliser un préservatif.

(PrEP – illustration association Aides France)
(PrEP – illustration association Aides France)

B) Méthode dite « à la demande » – rapport anal

Cette méthode est généralement recommandée pour les personnes ayant un rapport anal (gay, hétéro, bisexuels).

Si vous pensez (ou souhaitez) avoir un prochain rapport sexuel, une prise à la demande est adaptée. Il s’agit de prendre des comprimés avant et après des périodes d’activité sexuelle. Si votre activité sexuelle est permanente, cela entraîne de facto une prise journalière de comprimés. Cette méthode nécessite une bonne compréhension et un suivi précis des doses et du timing.

Il s’agit de prendre 2 comprimés de PrEP entre 24h et 2h avant le rapport sexuel à protéger, puis 1 comprimé, 24h après la première prise et 1 comprimé 48 h après la première prise.

Le schéma d’un cycle…

Dès le départ vous prenez deux comprimés en même temps. Vous devez attendre au minimum 2 heures avant un rapport sexuel non protégé… puis chaque jour à la même heure, vous devez prendre un nouveau comprimé. Lors de votre dernier rapport sexuel et si vous souhaitez arrêter la PrEP, vous devez enchaîner deux jours avec un comprimé afin de protéger votre dernier rapport sexuel. Quoi qu’il arrive, pour que votre dernier rapport sexuel soit protégé, vous devez absolument le faire suivre par une prise d’un comprimé pendant deux jours.

(PrEP – illustration association Aides France)
(PrEP – illustration association Aides France)

C) Pourquoi cette distinction entre les femmes, les hommes, les trans, ou une relation vaginale ou anale ?

Tout d’abord, il faut bien comprendre que le schéma à la demande est aussi efficace que le continu.

La concentration du médicament sera plus importante dans les tissus anaux et plus rapidement. C’est pour cela qu’un cycle de PrEP est plus rapide dès le départ avec deux comprimés.

Mais pour les personnes ayant un vagin, la concentration du médicament sera plus lente. Le dosage optimum de la PrEP dans les cellules du vagin mettra 7 jours, d’où cette durée.

Enfin pour les personnes trans en cours de traitement hormonal, des interactions peuvent être constatées lors de la prise des 2 comprimés du schéma anal. Il est donc conseillé d’étaler la montée en puissance de la protection par le médicament (1 comprimé pendant 7 jours).

6. Les limites de la PrEP ?

Pour être efficace, la PrEP doit être prise de manière régulière et conforme aux prescriptions médicales. Des études ont montré que, lorsqu’elle est prise correctement, et selon le schéma indiqué, le risque de contamination est infime.

Toutefois, il faut bien avoir à l’esprit que la PrEP ne protège absolument pas des autres IST : gonorrhée, condylomes (papillomavirus), chlamydia, hépatites A, B et C, et syphilis. Le fait d’être sous PrEP permet de renforcer les dépistages de ces IST. De même, la PrEP n’est pas un contraceptif.

7. Les effets secondaires de la PrEP

Comme tout médicament, il est existe des effets indésirables sur la prise des comprimés et notamment sur la fonction rénale, d’où les prises de sang.

Les effets les plus fréquents sont les nausées et les sensations de faiblesse, mais qui disparaissent vite après plusieurs prises de comprimés. Il est important de prendre les comprimés pendant les repas ou manger un encas à l’occasion. Par ailleurs, si ces effets secondaires deviennent trop fréquents, il faut en informer son médecin. Un changement du médicament générique peut éventuellement être une option. Néanmoins, certaines personnes ne tolèrent pas du tout le traitement PrEP.

8. FAQ, astuces et conseils sur la PrEP

8.1 Téléchargez une application sur votre téléphone afin de suivre votre PrEP

Si vous avez peur d’oublier votre comprimé, alors faites-vous aider d’une application pour votre téléphone. Nous vous recommandons l’application « My Prep » (disponible sur Apple Store et Google Play). L’application vous envoie des notifications de rappels jusqu’à ce que vous le preniez. L’application vous guidera sur le nombre de comprimés à prendre et les moments où vous êtes protégés. Les fonctions de base et essentielles sont gratuites.

(application My PrEP)

8.2 L’heure de prise du comprimé est importante

En effet, vous avez pu observer que le créneau horaire est assez exigeant avec + ou – 2 heures. Si vous débutez votre cycle de PrEP le lundi à 7h du matin. Les jours suivants, la prise du prochain comprimé interviendra entre 5h et 9h du matin. Attention à la grasse matinée du week-end. Il faut éviter de dépasser les créneaux horaires. C’est pourquoi, nous vous conseillons de sélectionner un horaire adapté. La mi-journée peut être un bon choix.

8.3 Quel format de médicament chez le pharmacien ?

Cette question est importante. Il existe deux types de conservation de la PrEP : comprimés dans un flacon ou des comprimés pelliculés de façon individuelle. Pour une meilleure conservation, nous vous recommandons de demander des plaquettes de comprimés pelliculés (au médecin ou au pharmacien). En effet, une fois que le flacon est ouvert, la durée de conservation est souvent limitée, généralement à 30 jours. Or, lors d’une prise à la demande, vous pouvez dépasser les 30 jours et perdre des comprimés. Avec le format pelliculé, les comprimés se conservent plus longtemps.

8.4 Que faire après une soirée arrosée et en cas de vomissement ?

Au préalable, ne prenez pas de médicament avec de l’alcool, mais de l’eau. Sachez qu’après la prise du comprimé, l’alcool est compatible avec la PrEP. Si vous vomissez moins d’une heure après la prise d’un comprimé, vous devez en reprendre un. Si c’est plus d’une heure, ne prenez pas de nouveau comprimé, continuez votre schéma de PrEP normalement.

8.5 Puis-je prendre la PrEP à l’étranger ? 

Oui, il n’y a pas de souci pour prendre la PrEP à l’étranger. Ne mettez pas vos médicaments dans vos bagages en soutes mais prenez-les avec vous. Conserver un double de votre ordonnance avec vous. Enfin, faites attention au décalage horaire, conservez votre horaire en France.

8.6 Mon copain est séropositif et moi séronégatif, dois-je prendre la PrEP ?

Non, pas forcément. Si vous êtes en couple et que votre compagnon est bien suivi pour sa séropositivité et qu’il est indétectable au niveau du virus VIH, il ne peut pas vous contaminer. S’il y a un doute, ou si sa charge virale n’est pas stabilisée, il est préférable de prendre la PrEP. Vous devez en parler à votre médecin.

8.7 Peut-on prendre la PrEP après un rapport à risque ?

Si à l’origine vous n’êtes pas sous PrEP à ce moment précis et que vous avez pris un risque, le comprimé de la PrEP ne doit pas être utilisé. C’est différent de ce que l’on nomme le TPE (traitement post-exposition). Vous devez vous présenter aux urgences dans les 48h suivant le risque. Un traitement adapté vous sera donné pour bloquer le virus du VIH.

8.9 J’ai oublié le créneau horaire pour la PrEP. Que dois-je faire ?

Si dans les 7 derniers jours vous avez pris votre traitement PrEP au moins 4 jours, le médicament est suffisamment présent dans votre organisme. Dans ce cas, vous devez prendre un comprimé et reprendre votre cycle habituel.

Mais si vous n’êtes pas sous traitement PrEP au moins 4 jours dans les 7 derniers jours, vous devez vous rendre aux urgences pour un TPE (traitement post-exposition), le médecin adaptera votre traitement.

8.10 Mon médecin généraliste a renouvelé ma PrEP mais ne m’a pas fait d’ordonnance pour de nouveaux dépistages. Est-ce normal ?

Oui et non, cela dépend des dépistages. Normalement, pour le renouvellement de la PrEP, le dépistage du VIH est systématique tous les trois mois. Pour les autres IST, c’est entre 3 et 6 mois, sauf si vous avez des symptômes. Toutefois, nous vous recommandons de réclamer un dépistage systématique de toutes les IST. Ces IST sont parfois dormantes dans votre corps, sans symptôme avec un risque de contaminer vos partenaires.

8.11 Combien coûte le traitement de la PrEP ?

Une boîte de médicament (30 comprimés) en format générique coût 150 euros environ. Ce montant est pris en charge par l’Assurance Maladie à 100%. Vous n’avez rien à débourser même si vous n’avez pas de mutuelle.

Toutefois, il peut y avoir un reste à charge pour la consultation chez le généraliste et les analyses (hors VIH) faites en laboratoire si vous n’avez pas de mutuelle. A noter qu’il n’y a aucun reste à charge si vous passez par un CeGIDD (Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic).

8.12 Est-ce vrai que les IST se sont multipliées avec la PrEP ?

Statistiquement, il est vrai que les différentes IST (gonorrhée, chlamydia, et syphilis) se sont développés en France. La PrEP peut créer un risque de désinhibition des comportements à risque. Toutefois les chiffres augmentent aussi du fait du nombre de dépistages systématiques sur ceux qui prennent la PrEP. La PrEP s’inscrit dans un ensembe d’outils de prévention sur le dépistage, le diagnostic au VIH. Le VIH a fortement diminué dan les pays proposant la PrEP, et grâce notamment à la PrEP. La communauté médicale commence déjà à étudier des protocoles sanitaires pour une « PrEP » sur les IST (prochainement en 2025 ?).

8.13 Lors d’une rencontre, le mec dit prendre la PrEP mais moi je ne l’a prend pas. Est-ce-que je prend un risque au VIH ?

Oui. Rien n’indique que c’est vrai. Si vous ne voulez pas prendre de risque, utilisez le préservatif ou opter pour un schéma PrEP.

8.14 Quel sera l’avenir de la PrEP ?

Une nouvelle version de la PrEP devrait faire son apparition, sous un format injectable. Ce dispositif est expérimenté aux Etats-Unis. Il s’agirait de remplacer la prise journalière de comprimés par une injection de médicament tous les deux mois.

Pour aller plus loin

Corevih Normandie
Les CEGIDD en Normandie (dépistages, consultations gratuites)
CEGIDD ailleurs en France
vih.org : portail d’info sur le VIH
association Aides
le guide de la PrEP par Aides
vihclic : info pour les professionnels de santé

À lire également

Mpox, la variole du singe : symptômes, contamination, traitement, vaccin…

Tout savoir sur la mpox, variole du singe. De quoi s'agit-il ? Symptômes ? Contamination ? Vaccin ? Traitement ?

L’état du VIH et des MST en Normandie et en France : les chiffres

Santé Publique France vient de publier les chiffres sur le VIH et les MST en 2022 : hausse des contaminations, découvertes tardives..

Cancer du sein chez les lesbiennes, trans et les hommes aussi

S'accepter comme femme lesbienne, c'est aussi prendre soin de sa santé. Le cancer du sein concerne aussi les trans et les hommes.

Des préservatifs non conformes révélés par 60 millions de consommateurs

Près de 100 millions de préservatifs sont vendus en France. Le magazine a testé 18 modèles de préservatifs masculins avec des qualités inégales...

Vous pourriez aimer...

L'Actu LGBT+ en Normandie

Les guides LGBT en Normandie

spot_img
spot_img