Les équipements au sein du Hotway sont comparables aux autres saunas (hammam, sauna, jacuzzi)… voici une petite rencontre avec Philippe, le patron des lieux qui nous raconte une tranche de sa vie et aussi son point de vue sur la vie LGBT au Havre…
Gayviking : Comment est né l’histoire du Hotway ?
Philippe : J’ai crée ce lieu il y a bientôt 14 ans j ai connu mon ami à Paris dans un sauna et l’amour m’a conduit en Normandie. Travaillant à la Bourse de Paris je ne pouvais retrouver un emploi dans cette même activité. Après plusieurs petits jobs j’ai vu un sauna et un jacuzzi dans un magasin… l’idée était née dans mon esprit.
Le Havre a toujours été très dur niveau commerce et plus particulièrement en établissement gay. J’ai pu développé mon commerce au-delà de mes espérances mais je crois que depuis 3 ans les habitudes ont changées. Les jeunes sont plus sur les tchats ou les réseaux sociaux. La clientèle vieillit.
Gayviking : Es-tu le premier des propriétaires de ces lieux ?
Philippe : oui c’est une création. Je suis dans des locaux qui datent de 1890. A l’origine c’était une maison de commerce avant de devenir la plus ancienne boulangerie du Havre. Derrière mon hammam il existait une vespasienne fréquentée déjà par des gays dans les années 50/60 !
Pour cette raison il est très difficile de faire un sauna neuf dans de tels lieux et je ne le désire pas spécialement. Actuellement je vois de beaux établissements qui ont beaucoup de mal et ça fait réfléchir.
Gayviking : Que penses-tu de la vie gay au Havre en particulier et en Normandie en général. Est-elle assez dynamique ? Y’a t’il des manques ?
Philippe : Le commerce est très dur au Havre. J’ai vu de nombreux bars fermés en peu de temps. Je suis le plus ancien établissement gay et très critiqué… mais bon la réussite suscite toujours des jalousies, c’est un peu normal. J’ai connu des donneurs de leçons qui ont fermés leurs affaires rapidos. Comme je dis : « maman est toujours là ! ».
Il ne faut pas oublier que dans ce milieu c’est un partage de clientèle. ce n’est pas en multipliant les lieux que des nouveaux clients surgit de nulle part vont apparaitre. En ce moment ce qui me rend triste c’est que de belles affaires mêmes récentes sont au bord de la fermeture. Dans moins de deux ans des affaires auront disparues
Gayviking : Et toi, sors-tu dans le milieu ?
Philippe : Non et je trouve indécent d’être gérant et s’afficher soit dans les lieux ou sites internet. Les clients ne comprennent pas et ils ont raison. De plus, étant connu on peut être la proie de personnes intéressées.
Gayviking : Tes relations avec le voisinage et les autorités locales se passent bien ? Pas de souci, ni agression d’aucune sorte ?
Philippe : Non aucune et je gère à la fois mon établissement et les abords de mon sauna. Bien entendu, certains clients ont le droit d’être dans leur voiture à attendre qu’une personne qui les intéresse rentre pour suivre mais je ne vends pas de la viande et cela passe par le respect de mon voisinage pour être accepté… certains l’oubli.
Gayviking : Organises-tu des soirées spéciales ?
Philippe : Non Le Havre étant ce qu’il est j’ai des collègues qui essaient mais force est de constater que c’est un succès plus que mitigé.
Gayviking : Comment gères ta politique de prévention ?
Philippe : Je reçois l’association AIDES chaque mois et bientôt nous mettrons à disposition un lieu pour éventuellement propose un test de dépistage rapide (ndlr : voir ici). En dehors de ça, préservatifs et gel gratuits sont à disposition avec des infos sur place.
Gayviking : Des projets à l’avenir ?
Philippe : J’avais un projet de déménagement mais plus actuellement et nous sommes déjà deux sur Le Havre. Il se murmure qu’un club libertin pourrait ouvrir… donc j’attends de voir. Dans ce cas, je prépare mon établissement à être converti dans un nouveau concept de tarifs type lowcost. Je pense que c’est le nerf de la guerre. Les entrées à 10 euros que je propose sont un réel succès. Je suis un des rares saunas normands à avoir augmenté sa fréquentation.
Gayviking : Un dernier mot ?
Philippe : Que le HotWay continue son activité encore 14 ans et ça sera l’âge pour moi de prendre ma retraite à Biarritz ou bien qu’une personne reprenne le flambeau ! J’ai eu des propositions de rachat mais peut-être que le montant du chèque pourrait me faire changer de ville…