De la déception, de la colère mais une détermination sans faille. La Pride de Cherbourg devait avoir lieu ce samedi 1er juin. Mais 48h avant l’évènement la Préfecture s’oppose à la manifestation. Les organisateurs décident de se replier à la salle des fêtes. Une centaine de personnes se sont réunies pour célébrer cette journée de lutte pour les droits LGBT+. Une Pride sans marche.

Le Centre LGBTI de Normandie avec son antenne Cherbourgeoise avait pourtant bien déclaré dans les temps la manifestation il y a un mois alors que le délai légal est de trois jours.
« Malheureusement, nous n’avons pas eu les autorisations de la Préfecture pour déambuler dans l’espace public, plusieurs raisons ont été évoquées, le passage de la flamme olympique, les commémorations du 6 juin, les émeutes en Nouvelle-Calédonie mobilisent les effectifs de la police nationale et donc la manifestation ne pourrait pas être suffisamment sécurisée » précise l’association. Et d’ajouter : « le plan vigipirate urgence attentat obligerait à sécuriser le parcours contre des véhicules béliers tout au long du parcours, ce qui est en pratique très complexe à mettre en place pour les services de sécurité. »

Les arguments de la Préfecture sont étonnants et posent questions sur le droit de manifester. Les évènements invoqués notamment la flamme olympique ou les commémorations du 6 juin ne sont pas nouveaux. De plus, l’organisateur avait déclarer sa manifestation bien en avance. Les autorités préfectorale auraient pu anticiper davantage. Les autres associations participantes à la Pride 2024 ne décolèrent pas. Certaines parlent du « mépris du Gouvernement », d’autres d’incompétences et beaucoup ne comprennent pas ce défaut d’anticipation.
Enfin pour les organisateurs et les bénévoles c’est aussi beaucoup de travail de préparation pour rien. Une marche pour être efficace doit être visible dans l’espace public. Elle ne l’était pas et c’est bien dommage.

Malgré cette mauvaise nouvelle, le Centre LGBTI de Normandie a souhaité faire de cette journée un moment festif, revendicatif.
C’est donc dans la salle des fêtes de Cherbourg, place Centrale, que se sont réunies une centaine de participants et participantes à l’appel des organisateurs. Les associations avaient disposé des stands pour le public, des lieux d’informations et de partage. Comme des fresques, des pancartes et des dessins étaient collés sur des murs. Des cris de reconnaissance et d’identité. « Soyez fiers de qui vous êtes », « Être gay c’est génial, mais en être fier, c’est encore mieux », « arrêtons de se cacher » pouvait-on lire.

Sur l’estrade, les organisateurs ont pris la parole. Louis le responsable de l’antenne cherbourgeoise du Centre LGBTI de Normandie a rappelé les revendications de cette Pride et ce qui reste à accomplir comme les droits et les protections pour les personnes transgenres ainsi que la lutte contre les LGBTIphobies.
À noter la présence de l’adjointe au maire de Cherbourg, Lydie Le Poittevin, en charge notamment des discriminations. La Mairie de Cherbourg avait hissé le drapeau de la Communauté LGBT+.

Enfin, on retiendra l’intervention de Thylane, 22 ans, personne handicapée qui s’exprimait à l’aide d’un ordinateur sur les discriminations notamment contre les non-binaires.
Sur le parvis de la salle des fêtes, les bénévoles ont lancé un panaché de couleurs arc-en-ciel.

Enfin, une soirée spéciale « Love is Love » était organisée au bar le QG de 21h à minuit pour fêter le mois des fiertés et la fin de cette journée avec la possibilité de se faire un tatouage aux couleurs queer et rainbow flag avec l’artiste Bel Zépute.
