Le dépistage est un maillon essentiel dans la chaîne de prévention contre toutes les infections sexuellement transmissibles. L’Agence France Santé Publique du Ministère de la Santé indiquait que le nombre moyen de consultations en centre de dépistage (CeGIDD) était de 3000 par centre (données 2016).
Les hôpitaux prennent le relais
Le Département de la Seine-Maritime gérait 5 centres de dépistages sur les 7. Pour des raisons annoncées comme financières, les élus départementaux n’ont pas souhaité renouveler la gestion de ces centres au-delà du 31 décembre 2018. Ainsi un appel à candidatures a été lancé par l’ARS (Agence Régionale de Santé) afin d’assurer la continuité de l’activité de ces 5 centres dès le 1er janvier prochain.
Résultat : les centres hospitaliers du Havre et de Rouen (CHU) prendront le relais du Département en janvier prochain. Dans son communiqué, l’ARS semble satisfaite « À compter du mois de janvier 2019, l’offre évolue pour une meilleure couverture du dépistage en Normandie ». Mais à y regarder de plus près, le service public des CeGIDD en Seine-Maritime se réduit et la couverture ne semble pas meilleure, bien au contraire.
Deux fermetures
A Dieppe : le Centre de Dépistage sera assuré par le CHU de Rouen. La localisation reste à confirmer, le centre actuel étant situé au Centre Médico-Social du Département. Comme pour Fécamp, un temps d’adaptation sera peut-être nécessaire pour pouvoir réouvrir le service.
A Rouen, il n’y aura plus qu’un seul centre de dépistages anonymes et gratuits contre deux aujoud’hui. Le CeGIDD situé rue des charrettes ferme ses portes. Seul celui du CHU de Rouen (1 rue de Germont) sera opérationnel. Même si on suppose que les amplitudes horaires seront élargies, le service du CHU pourrait avoir des difficultés à assurer l’activité de deux centres. Selon nos informations, tout le personnel situé rue des charrettes ne sera pas repris par ce centre par le CHU.
Le centre de dépistages situé à Elbeuf au centre médico-social du département sera fermé. Néanmoins, l’ARS précise que « l’ouverture d’une antenne à Elbeuf est à l’étude« . A ce jour, aucun candidat n’a été retenu pour assurer la continuité du centre à une semaine de sa fermeture. En attendant, les habitants de l’agglomération d’Elbeuf devront se déplacer sur Rouen pour bénéficier d’un dépistage anonyme et gratuit.
Enfin, le centre de dépistages de Petit-Quevilly, déjà géré par le CHU de Rouen reste ouvert.
Restriction du service public
Cette restriction du service de santé sexuelle n’est pas une surprise. Les associations notamment LGBT s’y attendaient. Néanmoins, la décision du Département d’arrêter les frais demeure difficilement compréhensible.
Défaut de transparence
Lors de la présentation de ce schéma régionale de santé la Vice-Présidente Nathalie Lecordier (Union de la droite) avait déclaré que « ces axes et thématiques rejoignaient celles définies par le Département ». Une position confirmée par un vote favorable. Les élus de la majorité ont bien émis des réserves sur la politique régionale de santé mais sur d’autres sujets comme le handicap et la santé mentale. La délibération du Conseil Départemental n’avait pas mentionné de réserve sur les Centres de Dépistages.
Quelques jours plus tard, le Département annonce l’arrêt de sa prise en charge des dépistages sur les MST et le VIH. Bref, une décision difficile à comprendre.
Question d’argent ?
Le Département aurait mérité à plus de transparence sur les raisons financières de sa décision. Avait t’il un reste à charge insurmontable ? Quel était l’équilibre (dépenses-recettes) de cette activité pour la collectivité territoriale ? Des explications complémentaires sur les raisons de son désengagement auraient été les bienvenues.
En attendant, la fermeture de deux centres de dépistages affecte naturellement l’accès à ce service public de santé.
En savoir plus
Liste 2018 des Centres de Dépistages en Normandie (non valable pour 2019 en Seine-Maritime)
ARS – Agence Régionale de Santé
Sida Info Service
Dépistage sida : comment et où ?
(photos : pixabay et gayviking)