Le Vatican a autorisé le 18 décembre dernier la bénédiction des couples homosexuels. Une petite révolution dans la religion catholique où l’acceptation des personnes LGBT+ restent toujours difficile. La position des évêques français restent pourtant assez floue sur cette avancée. Du côté de la Normandie qu’en est-il ?
Certes, cela ne va pas bouleverser la doctrine traditionnelle de l’Eglise Catholique, mais le Pape François semble avancer sur le sujet.
Dans une communication officielle (Fiducia Supplicans), l’Eglise Catholique indique qu’il « est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage. »
Puis dans un communiqué du 10 janvier dernier, la Conférence des Évêques de France, signé par dix prélats dont Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, précise sa vision envers les personnes homosexuelles. « Fiducia Supplicans rappelle que ceux qui ne vivent pas dans une situation leur permettant de s’engager dans le sacrement de mariage, ne sont exclus ni de l’Amour de Dieu, ni de son Église. Elle les encourage dans leur désir de s’approcher de Dieu pour bénéficier du réconfort de sa présence et pour implorer la grâce de conformer leur vie à l’Évangile. »
Toutefois, dans ce communiqué français, la notion de « couple » disparait.
Cette ouverture a créé un émoi dans les rangs les plus conservateurs de l’Église à travers le monde et notamment en France avec les évêques du grand ouest.
En Normandie
En Normandie, au détour d’une interview dans le quotidien Paris-Normandie le 14 janvier dernier, on notera une divergence entre les évêques du Havre et de Rouen. Sans remettre en cause le texte initial, sa mise en œuvre diverge…
Ainsi, au Havre, l’évêque Jean-Luc Brunin veut faire de la pédagogie divine avec les postulants. Il présente sa position : « Je n’oblige personne à faire une démarche qui va à l’encontre de sa conscience« … et il ajoute « mais je connais les prêtres du Havre, ils sont ouverts ».
Cette restriction de conscience nous rappellera les mauvais souvenirs lors des débats sur le Mariage pour Tous où des élus souhaitaient un droit de conscience pour célébrer ou non un mariage de personnes de même sexe.
Du côté de Rouen, l’archevêque Dominique Lebrun va à contre-courant de son homologue havrais. Il l’exprime clairement : « Dans mon diocèse ce n’est pas au choix. Car nous n’avons rien à reprocher aux homosexuels et Dieu les aime ». Le Primat de Normandie ajoute que les personnes homosexuelles doivent se « sentir autorisées et encouragées à demander la prière d’un prêtre. (…) on n’est pas pour ou contre, on est ensemble devant Dieu. »
L’archevêque de Rouen semble clore le débat. Il ajoute : « J’ai discuté avec les six doyens du diocèse pour que l’on se mette d’accord sur la ligne de fond ».
Quelle méthode ?
Contrairement à l’évêque du Havre qui souhaitait réaliser la bénédiction dans une démarche pastorale, la consigne est donnée. « Les bénédictions pastorales doivent avant tout être très brèves. Ce sont des bénédictions de quelques secondes. C’est un acte spontané. Il ne faut pas tarder à le faire et ne pas mettre de condition » précise Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, dans le quotidien Paris-Normandie.
Dans la Manche, selon actu.fr, l’évêque de Coutances et d’Avranches, Monseigneur Grégoire Cador, a fait savoir, via son diocèse, qu’il « s’inscrit totalement dans la lignée du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France » dont l’archevêque de Rouen est membre. Concernant les trois autres évêchés de la région (Seez, Bayeux-Lisieux, et Evreux), aucune position n’a été rendue publique.
Plusieurs militants d’associations chrétiennes de défense des droits des personnes homosexuelles ont salué, dans une tribune au journal Le Monde, cette autorisation de bénédictions des personnes homosexuelles. Mais ils s’inquiètent de la mise en pratique, comme on peut déjà le constater sur le Grand Ouest et en Normandie. Pour les personnes homosexuelles, et catholiques, le plus difficile reste que les personnes LGBT sont sans cesse rappelées à leur état de péché.
A noter qu’il existe au Diocèse de Rouen, une mission pastorale d’accueil des personnes LGBT et leur famille.
Pour conclure, une étude de la Centrale des Syndicats du Quebec avait publié en 2012 un rapport sur le positionnement des religions envers les homosexuels…
– Monde musulman : condamnations et mises à mort ;
– Église catholique : rejet catégorique ;
– Église protestante : répression et ouverture ;
– Église anglicane : tensions internes autour de la question ;
– Église orthodoxe : péché, maladie et perturbation ;
– Judaïsme : une question qui sème le trouble ;
– Bouddhisme : tolérance, mais interdiction complète de toute activité sexuelle ;
– Hindouisme : absence dans les textes religieux, mais pas d’accès au mariage.
Douze ans après, trop peu d’évolutions sur la question.