Selon le dernier rapport annuel de SOS Homophobie, le nombre d’actes homophobes a augmenté en 2017.
Après San Francisco, Seattle, Vancouver, Bruxelles et récemment Périgueux… la capitale normande, Rouen, inaugure son premier passage piéton Rainbow (Arc-en-ciel en anglais). Le rainbow flag est le symbole de la communauté LGBT (Lesbienne, Gay, Bisexuel(le), Transgenre).
Peintures à la craie
Peints à la craie, lavable à l’eau, ces passages piétons sont éphémères. Le premier a été dessiné sous le Gros-Horloge, un des monuments emblématiques de la ville de Rouen. A plusieurs endroits de la ville, des passages piétons ont été peints dans la soirée.
A côté du Rainbow Flag, le drapeau transgenre (bleu, rose, blanc) a également pris place. Les militant(e)s ont distribué des tracts aux passants expliquant leur action.
Les associations rouennaises de défense des droits LGBT sont à l’origine de cette action initiée par Aides Normandie (Le Refuge, Gay’T Normande, Centre LGBTI de Normandie, Enipse, Aides, Laisse Bien Ta Gaité, et Normandie Pride.)
Photos
En effet, le 22ième rapport annuel sur l’homophobie vient de paraître. L’association nationale SOS Homophobie confirme « la hausse du nombre de témoignages reçus, attestant d’une homophobie et d’une transphobie durablement ancrées au-delà du pic de témoignages reçus entre 2012 et 2014, lié au contexte des débats sur le mariage et l’adoption ».
Crimes et délits homophobes
Au-delà des associations, et pour la première fois, le Ministère de l’Intérieur avait rendu public en septembre 2017 un premier bilan relevant plus de 1000 plaintes pour des crimes et délits homophobes en une année. Et par peur, beaucoup ne déposent pas plaintes.
En France et selon le rapport de SOS Homophobie, les violences verbales et agressions physiques se produisent « essentiellement dans des contextes liés à la vie quotidienne, en famille, dans les relations de voisinage, au travail et dans le milieu scolaire, où les victimes sont de plus en plus jeunes. »
Témoignages
Extraits des témoignages reçus par SOS Homophobie et publiés dans son rapport annuel :
« Jeanne, jeune fille vivant en Normandie, nous contacte pour nous parler de Margaux, sa petite amie, mineure comme elle. Elle subit des violences de la part de ses parents, ces derniers n’acceptant pas son orientation sexuelle, ni le fait qu’elle sorte avec Jeanne. Ils lui interdisent de la voir, et si elle demande des explications, elle est frappée par son père. Jeanne est inquiète, car elle reçoit des appels de Margaux en pleurs suite aux violences physiques et morales que ses parents lui infligent.
Maxime, jeune homme trans, discute avec une amie sur une plage de Normandie lorsque des adolescent·e·s se mettent à leur jeter des cailloux. Ces attaques s’accompagnent de moqueries, d’insultes et de gestes obscènes. Quand Maxime va s’asseoir devant le groupe pour parler, il récolte des injures et un flot de questions violentes. Il comprend que le groupe les prend pour un couple lesbien, ce qui motive leur animosité. « Leurs remarques ne me blessaient pas, ne m’étonnaient pas, je les ai entendues mille fois, je n’étais pas en colère et je n’avais pas honte de moi-même, j’étais juste un peu choqué. Des mots, des insultes, des regards, j’en ai toujours eu à Paris, depuis que j’ai 13 ou 14 ans. Mais des violences physiques, des cailloux, un groupe de gens aussi jeunes et aussi pleins de haine, mais surtout d’ignorance, jamais. »
Medhi veut aller en boîte de nuit avec ses ami·e·s, mais le videur ne le laisse pas entrer : la boîte de nuit n’est « pas faite pour [lui] ». Quand il tente d’enregistrer les propos du videur avec son téléphone, ce dernier lui dit : « Donne-moi ton portable, sale PD, sinon je te casse lebras ! » Il le lui a donné, le videur l’a cassé. Medhi ira porter plainte le lendemain, ses ami·e·s témoigneront.
Dans le Calvados, Claire et Cathie rentrent tranquillement de soirée quand un homme se met à les suivre sans relâche, les traitant de « putes » : elles sont obligées de courir pour lui échapper. »
Des actes punis par la loi
Depuis une quinzaine d’années le Parlement français a voté plusieurs textes condamnant les propos homophobes. Au même titre que pour le racisme, dans certaines infractions, l’homophobie peut être une circonstance aggravante.
– Menaces à caractère homophobe ou transphobe de commettre un crime ou un délit : 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende
– Menace de mort avec l’ordre de remplir une condition : 7 ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende
– Injure ou diffamation homophobe ou transphobe non publique : 750 euros d’amende
– Injure homophobe ou transphobe publique : 6 mois d’emprisonnement et 22 500 euros d’amende
– Diffamation homophobe ou transphobe publique : 1 an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende
– Sur internet notamment ou dans les médias, l’homophobie et la transphobie est punie d’1 an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende
– Interdire un lieu en raison de son orientation sexuelle : 3 ans d’emprisonnement de 45 000 euros d’amende.
Pour aller plus loin
Site web de SOS Homophobie
Comment réagir face à un acte homophobe ?
Ligne d’écoute
Ligne d’écoute au 01.48.06.42.41 du lundi à vendredi : 18h – 22h, le samedi de 14h à 16h, le dimanche de 18h à 20h. Pas d’écoute les jours fériés.
Chat’écoute tous les jeudis 21h – 22h30 et dimanches 18h – 19h30 (sauf jours fériés) sur le site internet de SOS Homophobie.