Hexagone Gay lieu de mémoire des gays et lesbiennes

On trouve de tout sur Internet… enfin presque tout. L’histoire sur la vie gay et lesbienne est assez pauvre. Il y a bien wikipedia, des sites associatifs mais le plus souvent seules l’histoire des grandes métropoles est mise en avant. Au niveau de nos régions c’est beaucoup plus difficile. Toutefois il y a un site web où l’histoire LGBT locale est mise en avant. C’est Hexagonegay. Marc, son créateur et concepteur détaille l’histoire gay et lesbienne dans nos régions. De nombreuses recherches et informations sur l’homosexualité s’y trouvent : les rencontres, les biographies, les lieux gays, avec des photos quand elles existent et aussi des coupures de presse..

Hexagone Gay, un site qui raconte notre Histoire… la mémoire collective de la communauté LGBT. Rencontre avec Marc qui a fourni un travail remarquable…

Gayviking : C’est quoi Hexagonegay ?

Marc : Hexagone Gay est un site internet qui retrace l’histoire de la vie quotidienne des homosexuel-le-s français de la fin du 19ème siècle jusqu’à la fin des années 80 à travers leurs lieux de rencontres mais aussi à travers leurs organisations plus ou moins informelles, leurs revendications. Le site consacre évidement beaucoup de place à la naissance du militantisme, des premières associations, des premiers médias, de leurs combats et de leurs résultats politiques qui ont permis de faire passer les homosexuels de l’état de délinquants, qualifiés de fléau social, condamnés par la justice, poursuivis par la police, rackettés par les loubards, à l’état de citoyens presque ordinaires, même s’il reste encore des combats à mener.

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Mais la particularité du site réside surtout dans le fait que, pour la première fois, un recensement de tous les lieux de rencontres homosexuels des décennies passées est dressé, tant à Paris qu’en région. Aucune ville n’a été oubliée. A des époques où les rencontres ne pouvaient être que clandestines, des bars, des cabarets, des restaurants puis des discothèques ont été des lieux de vie et de rencontre pour des hommes et des femmes qui ne pouvaient pas vivre leur sexualité au grand jour.

Évidemment, Hexagone Gay ne fait pas l’impasse non plus sur les parcs, les jardins et les vespasiennes qui ont été, durant des décennies, le théâtre de rencontres, cette fois essentiellement masculines, en particulier en région où les établissements spécialisés étaient rares.

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Gayviking : Quel est ton parcours ?

Marc : Je suis né au milieu des années 50 en Lorraine et dès l’âge de 18 ans j’ai été très attiré par les voyages. Jusqu’à l’âge de 25 ans, j’ai parcouru la France et l’Europe en auto-stop dès que j’avais une journée de congé, donc tous les week-ends et durant toutes mes vacances.

C’est à cette période (donc entre 1974 et 1982) que j’ai découvert la vie nocturne gay, d’abord de l’Est de la France, de la Belgique, du Luxembourg et de l’Allemagne, puis de Paris et du reste du pays. Ma vie de noctambule infatigable et attentif, ne m’a pas empêché d’avoir un parcours classique : des études commerciales, une vie professionnelle comme cadre commercial dans de grandes entreprises, qui m’a d’ailleurs permis de poursuivre jusqu’à aujourd’hui mes déplacements à travers le pays. Cette vie nocturne ne m’a pas empêché non plus de rencontrer en 1982, en boite, le compagnon dont je partage la vie encore aujourd’hui…

 

Gayviking : Pourquoi s’intéresser à l’histoire ?

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Marc : Combler une lacune propre à la France. L’histoire du mode de vie des homosexuels existe, mais elle souffre de nombreuses insuffisances et lacunes.

Il n’y a pas de transmission familiale, puisque chaque homosexuel nait, en principe, de l’union de deux hétérosexuels.

Les historiens n’ont commencé que très récemment à s’intéresser à ce sujet et ont plutôt, au cours des siècles, gommé toute allusion à l’homosexualité. La seule visibilité homosexuelle qui ait traversé le temps, est celle de quelques personnages célèbres (écrivains, intellectuels, artistes…) lorsque leurs familles n’ont pas censuré leurs œuvres… Je présente d’ailleurs leurs biographies sur le site.

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Personne ne sait rien de la vie des gens modestes qui se  débrouillaient comme ils pouvaient pour assumer plus ou moins leur sexualité au milieu d’une société homophobe.

Il n’existe en France aucun Centre National d’Archives LGBT comme dans la plupart des pays occidentaux.

Il n’existait aucun site internet consacré à l’histoire des lieux de rencontre homos et à leur mode de vie.

Alors que nous reste-t-il en dehors d’histoires de mœurs recensées par les archives de la police ? Il nous reste une mémoire collective transmise contre vents et marées depuis des siècles qui fait qu’il existe une subculture  homosexuelle, un mode de vie qui peut être très atypique, pour peu qu’on ne souhaite pas entrer dans le moule de la norme hétérosexuelle.

Hexagone Gay tente donc de rassembler cette mémoire collective, de la partager, tout en suscitant les témoignages qui vont donc encore l’alimenter. Dans quel objectif ? C’est simple. C’est la connaissance du passé qui permet de construire l’avenir et d’éviter que l’histoire ne soit qu’un éternel recommencement. Les homosexuels sortent de 2000 ans de persécution.

Cela ne fait que 30 ans que l’homosexualité n’est plus un délit en France, que quelques années qu’elle commence à être acceptée par la société. Et la France n’est pas le monde. Et qu’est-ce que quelques années après 2000 ans d’intolérance ? Si la jeunesse d’aujourd’hui n’a pas en mémoire cette histoire, elle peut très bien se réveiller un matin dans un nouveau monde de répression et de menace. Il est donc de la responsabilité de ceux qui ont connu des périodes moins tolérantes, de passer le message. C’est ce que j’essaie de faire.

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Gayviking : Un vrai travail d’archiviste, c’est monumental ! Tout ceci t’as pris combien de temps ? Comment as-tu fais ?

Marc : Comme je te le disais en préambule, dès l’âge de 18 ans, je suis un noctambule « attentif ». Depuis 35 ans, j’aime donc la vie nocturne et je la savoure mais sans jamais m’y noyer. J’ai toujours gardé une distance qui
m’a permis d’observer plus en spectateur discret qu’en véritable acteur.

Hexagone Gay, c’est donc déjà 35 ans d’observations, de souvenirs dont je n’ai gardé que les meilleurs. En 2004, j’ai décidé des les partager par le biais d’un site internet et j’ai commencé un travail de rédaction mais aussi de récolte d’archives et de témoignages.

Avec mon ami, on a multiplié les contacts et une petite équipe informelle s’est constituée autour du projet, chacun y apportant sa contribution. Comme le site remonte jusqu’à la fin du 19ème siècle, évidemment j’ai dû me documenter et j’ai donc dévoré les livres sur le sujet, consulté les revues anciennes, fréquenté les librairies, les médiathèques, les archives privées, publiques ou associatives à travers la France, rassemblé et numérisé les documents de collectionneurs mais aussi mes propres collections.

Tout cela nous a donc pris 6 ans. J’ai ensuite passé 6 mois pleins à la conception du site de A à Z. Et ce n’est que cette année que la seule et unique page d’Hexagone Gay présente sur le net depuis 2004 a laissé la place à près de 300 pages d’archives et d’histoire.

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Gayviking : Tu pourrais en faire des bouquins … ?

Marc : Oui évidemment, j’y ai pensé. Et ce n’est pas encore exclu, mais c’est une démarche différente. Je trouve que l’internet présente de nombreux avantages. C’est gratuit. L’audience est mondiale. Chacun peut apporter son témoignage, c’est donc un support vivant, en évolution permanente.

C’est, en plus, multi média : sur Hexagone Gay, il y a du texte, des photos, du son, des vidéos, des animations flash. En plus, on peut y picorer que ce que l’on veut en fonction de son centre d’intérêt pour peu que la navigation au sein du site présente de multiples entrées et une interface pratique.

Gayviking : Quel est ton parcours sur le net ?

Marc :En 2001, j’ai lancé le premier site gay lorrain, Metz Gay, qui est devenu Lorraine Gay et qui reste aujourd’hui, un des seuls sites gay régionaux de cette époque à être toujours en activité, avec Gayviking.

En 2005, avec la participation de la Fédération Française des Centres LGBT, j’ai crée et géré leur site internet consacré à la déportation des homosexuels durant la dernière guerre. « Projet Triangles Roses 2004 » a coordonné le travail de toutes les associations LGBT pour obtenir le droit de participer aux cérémonies du souvenir et honorer ainsi la mémoire des homosexuels persécutés.

En 2006, j’ai reformaté et géré le nouveau site officiel de cette même Fédération Française des Centres LGBT. Ces deux sites étaient donc hébergés par Hexagone Gay qui n’était toujours pas en ligne, mais en gestation.

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Gayviking : As-tu d’autres projets ?

Marc : A court terme, c’est de développer encore Hexagone Gay, de l’enrichir de nouveaux documents, de nouveaux témoignages, d’y centraliser le maximum d’archives privées ou associatives. Pour le long terme, on verra bien, ce ne sont pas les idées qui manquent, mais je ne me lancerai pas dans une autre aventure tant que je n’aurai eu le sentiment d’avoir tout fait pour ce site.

Gayviking : Un dernier mot ?

Marc : Oui. Que les internautes qui découvrent Hexagone Gay, n’hésitent pas à m’envoyer leurs témoignages ou leurs archives sur la vie gay des décennies passées. Vieux magazines, vieux guides gay, photos persos, cartes de visites, vieilles pubs, bref, tout ce qui peut contribuer à entretenir notre mémoire collective.

Accédez au site HEXAGONE GAY (cliquez ici)
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