(article publié le 4 novembre 2009)
Est-ce l’impact du développement internet auprès de la communauté Lgbt ? Ou est-ce le faux sentiment que la lutte des droits semble gagné ? On peut difficilement expliquer ce qui se passe dans le passage associatif normand : un véritable désert. Mais comme dans tout désert, il y a des oasis. On peut aussi observer une certaine différence dans la mobilisation entre les deux Normandie avec un temps d’avance pour les bas-normands.
En Haute-Normandie (Rouen, Le Havre, Evreux…)
Le désert associatif se présente essentiellement sur ces trois villes. Rouen qui souhaite devenir la capitale de la Normandie réunifiée peine à proposer des associations Lgbt entreprenantes. A ce jour, seule l’association Axel pour les filles est active, véritable dynamique entre copines. Pour le reste : rien d’autre dans le périscope.
L’association Le Collectif Comme Ca ne semble pas se remettre de sa mise en sommeil et de la démobilisation de ses membres depuis janvier 2008. Ce mois de novembre sera certainement un mois décisif pour l’association qui devra se prononcer sur sa dissolution ou continuer à se mettre en sommeil. Certains de ses membres ont réussi à mettre la pression sur la ville de Rouen afin de faire accepter la célébration du PACS à l’Hôtel de Ville… mais encore une fois, seule deux/trois personnes se sont mobilisées. Une association ne peut fonctionner et ne peut se reposer sur deux/trois personnes. A la fin, ça casse.
Une autre association rouennaise qui a vu le jour au début d’année, Homogène, est aux abonnés absents. Son unique action : organiser la gaypride 2009 sur Rouen. Depuis… rien, aucune action, aucune communication. Est-elle encore en vie, espérons-le… ?
Conséquence de ce désert… : quand un homo a été frapper violemment et brûlé sur un lieu de rencontre sur l’Agglo de Rouen par des homophobes… personne n’a bougé.
Pour la région Havraise, l’association Homosphère donne des signes de fatigue… faute de bénévoles, l’association se met en sommeil plutôt que de se dissoudre. Comme elle le précise sur son site : « L’association existe toujours… alors si des personnes sont motivées, il est toujours plus facile de repartir de là que de zéro ».
A Evreux, l’espace vide laissé par la défunte association Rainbow Convivio a encore du mal à se faire entendre… C’est Mathieu (ancien de Rainbow Convivio) qui, petit à petit, organise des convivialités avec gayevreux. Une initiative à suivre mais avec une communication à minima.
En Basse Normandie (Cherbourg, Caen, Alençon…)
La mobilisation, bien que reposant une nouvelle fois sur une poignée de personnes, est assez dynamique : Caen et Alençon sont bien les oasis associatifs de notre région. A Caen : dernièrement le centre gay et lesbien, la Maison des Diversités, tente de mettre sur pieds la création d’une association « contacts Calvados » : « Il nous paraît important que l’association de parents d’enfants homos fasse partie du paysage LGBT de la région. Il y a encore trop de parents qui rejettent leurs enfants à cause de leur différence« . De même des permanences à la Maison du Citoyen à Hérouville Saint Clair s’organisent entre la Maison des Diversités, les Enfants Terribles, Melting Pomme et l’AGLSN, les principales associations lgbt bas Normandes. Et de nombreuses autres actions seront bientôt organisées. Une dynamique très forte s’est mise en place et perdure, une dynamique qui contraste avec sa consoeur de capitale, Rouen. Ces dernières années, les rôles s’inversent.
A Alençon : l’association Orn’en Ciel ne ménage pas son agenda en proposant de nombreuses activités et sorties pour un département de même pas 300.000 habitants. Comme quoi…
Enfin à Cherbourg avec Contr’Courant, l’activité reste très épisodique mais le territoire Manchois fortement conservateur et rural n’aide pas.
Les associations restent encore le seul lien avec le politique pour faire avancer l’égalité des droits entre homos et hétéros. Mais les associations sont aussi des lieux de discussions pour se connaître, se rassurer, trouver un refuge et une écoute. Ayant fait partie d’associations Lgbt, j’ai peu constater que depuis le début des années 2000, deux philosophies s’affrontent injustement : certains veulent privilégier le côté convivial, de l’autre privilégier l’action politique. Par moment, la conciliation est assez difficile entre les membres des associations, rendant délicate la gouvernance. C’est dommage car ces deux orientations peuvent être complémentaires et doivent l’être.
C’est pour cela que l’on assiste maintenant à de nombreuses associations axées exclusivement sur le côté convivial ou sportif plutôt que sur l’action militante comme Club Escapade, Rando’s Normandie ou les Dérailleurs. Sauf exception, le côté festif l’emporte sur le travail militant. Est-ce une nouvelle ère ?
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