(article publié le 18 mars 2014)
Après Rouen, les associations LGBT se sont intéressées aux candidats de la Basse-Normandie pour les élections municipales. Le Centre LGBT de Normandie a sollicité 57 candidats des 20 plus grandes communes de la région sur la base d’un questionnaire. Que pensent-ils du mariage pour tous, de la lutte contre les discriminations, quelle place pour les personnes LGBT dans leur ville ? Sur ces candidats 25 d’entre eux ont répondu.
L’exercice n’est certes pas évident à l’échelle d’une région mais le résultat reste intéressant et confirme le clivage droite/gauche sur la question gay et lesbienne.
Pour Loïc, le président du Centre LGBT de Normandie, la participation des 25 candidats contribue à l’exigence républicaine de la campagne des municipales. Et pour le reste : « Les autres candidats n’ont pas réagi à nos sollicitations ou ne sont pas allés au bout du questionnaire : que cache ce silence ? De la gêne ? Du mépris ? À chacun de trouver sa réponse. » précise le communiqué du Centre LGBT.
Sur les candidats n’ayant pas répondus, on compte à peu près autant de candidats de droite que de candidats de gauche. Alors que les candidats ayant participés au questionnaire, une grande majorité sont des candidats de gauche (17 du PS, PCF, Front de Gauche et Vert) – 6 de droite (UDI-UMP), un candidat FN et un candidat sans étiquette.
Voici quelques réponses sur les trois grandes villes-préfectures de Basse-Normandie… avec les candidats ayant répondus et le silence des autres…
ALENÇON
Les trois candidats interrogés ont répondu.
Joachim Pueyo, candidat PS à la mairie, a toujours été favorable au mariage pour tous. Ayant voté la loi du mariage pour tous, ses positions ne sont pas surprenantes. Il est également favorable à l’accompagnement en mairie des personne trans-identitaires. Comme le candidat du Front de Gauche, François Tollet, il est favorable à l’accueil des couples homosexuels dans les établissements pour personnes âgées mais ne se prononce pas sur une charte contre l’homophobie avec les commerces, associations et administration.
La candidate UMP-UDI, Christine Roimier, n’était pas très favorable à la loi sur le mariage pour tous mais elle considère que la Loi votée doit être appliquée. Elle se dit opposée à la clause de conscience demandée par quelques élus. Néanmoins, la candidate UMP ne compte pas encourager les actions des associations LGBT dans le milieu scolaire afin d’organiser une sensibilisation contre l’homophobie, elle n’explique pas pourquoi.
CAEN
Sur les six candidats interrogés, les deux candidats de droite (l’un UMP et l’autre UDI-MODEM) n’ont pas souhaité répondre. Dommage, le silence n’étant jamais un bon choix alors qu’il existe des électeurs gays et de droite.
Le candidat FN, Philippe Chapron, sans surprise, se dit hostile à la loi « mariage pour tous« . Il précise qu’il refusera de célébrer les mariages s’il est élu tout en étant favorable à la clause de conscience. De même, en cas de victoire, les associations LGBT n’auront plus de ressources, ni d’aides de la part de la mairie pour les événements LGBT comme la gaypride. Les associations sont prévenues. Pour finir, il est opposé aux soutiens scolaires dans le cadre de la lutte contre l’homophobie.
A l’opposé, le candidat PS et maire sortant, Philippe Duron, rappelle que c’est la gauche qui a porté les grandes réformes d’égalité et notamment celle du mariage pour tous. Il continuera à célébrer les mariages. Il se dit opposé à la clause de conscience. Il souhaite sensibiliser tous les jeunes à l’égalité même s’il respecte l’autonomie pédagogique du monde enseignant (les programmes éducatifs n’étant pas de la compétence municipale). Le candidat PS souhaite continuer à aider le monde associatif dans sa lutte contre l’homophobie et la prévention contre le sida. Il est d’accord pour accompagner le monde associatif à l’élaboration d’une charte d’accueil gayfriendly dans les commerces .
Le candidat Vert, Rudy Lorphelin, est sur le même registre que le candidat PS, il se dit prêt à retirer les délégations d’un adjoint qui refuserait de célébrer un mariage. Il propose également l’organisation de logements temporaires d’urgence pour les jeunes en difficultés rejetés par leur famille en raison de leur homosexualité. Enfin, il compte nommer un adjoint à la lutte contre les discriminations.
CHERBOURG
Sur les cinq candidats interrogés, trois candidats ont répondu et deux autres n’ont pas donné suite (le FN et un candidat sans étiquette).
Jean-Michel Houllegatte, candidat PS, est favorable au mariage pour tous qui, selon lui, permet de renforcer les droits de tous. Il souhaite élaborer une brochure sur la lutte contre les discriminations et accompagner les jeunes vulnérables. Il souhaite également mettre en place une campagne de sensibilisation sur les infections sexuellement transmissibles. Enfin, le candidat PS est favorable à une charte de la diversité et de la mixité au sein du personnel communal.
Le candidat Front de Gauche, Ralph Lejamtel, rejoint le candidat PS et se dit prêt à destituer un adjoint qui refuserait de célébrer le mariage d’un couple gay ou lesbien. Il souhaite également ouvrir le dépistage au VIH au plus grand nombre et soutiendra toutes les initiatives en faveur de la lutte contre les discriminations.
Le candidat UMP, David Margueritte, considère la loi du mariage pour tous comme une loi maladroite et volontairement provocante. Néanmoins il se dit prêt à célébrer des mariages de couples gays ou lesbiens tout en acceptant qu’un de ses adjoint ne veulent pas marier ces couples au nom de la liberté d’opinion. Il se dit vouloir défendre la famille. Par ailleurs, le candidat UMP est opposé aux interventions en milieu scolaire concernant la mixité, l’égalité et la lutte contre l’homophobie. Pour David Margueritte, il considère ce genre d’actions comme communautariste. Il refusera également de nommer un adjoint en charge des dossiers concernant la lutte contre les discriminations. Enfin, quitte à se contredire, il se dit néanmoins prêt à discuter d’un soutien municipal à une campagne de lutte contre l’homophobie.
Le clivage droit/gauche reste forte sur les questions Gays et Lesbiennes.
Voir la consultation réalisée par le Centre LGBT de Normandie.
Vous y retrouverez les réponses de 25 candidats des villes comme Alençon, Argentan, Bayeux, Caen, Cherbourg, Equeurdreville, Honfleur, Hérouville St Clair, Ifs, Lisieux, Mondeville, Ouistreham, St Lô, Tourlaville et Vire (cliquez ici)
Pour aller plus loin…
Débat sur la question gay à Rouen sur les municipales 2014 (cliquez ici)
Les candidats ayant signés la charte de la manif pour tous (cliquez ici)
Voir le (nouveau) site internet du Centre LGBT de Normandie (cliquez ici)