Pour comprendre ce livre, rencontre avec l’auteur Cédric Ronnoc.
Gayviking : Avec ce livre, vous reprochez un peu le comportement de la communauté gay et ses travers ?
Cédric Ronnoc : Disons que quand je suis arrivé à Toulouse et que j’ai commencé à fréquenter les lieux gays (qui n’étaient pas tous des sex-club au départ), j’espérais, moi le nouveau venu, sorti de ma campagne, être en quelque sorte « intégré ». J’attendais une main tendue justement dans cette idée de communauté en laquelle je croyais beaucoup. Cela peut faire rire, mais c’était mon sentiment. J’attendais sans doute trop pour de tels lieux. C’était sans doute hors de propos. Et moi-même ne me suis-je peut-être pas suffisamment mis en situation de provoquer cela.
Mais, par-dessus tout, ce n’est pas tant une déception vis-à-vis de la communauté gay que je ressens que le constat que cette communauté n’existe pas. Une communauté, c’est un groupe de personnes, suffisamment nombreuses, qui ont un ou plusieurs points en commun et qui sont unies par un lien de solidarité, d’entre-aide.
Je ne pense pas que la communauté gay réponde à cette définition. Ou bien l’on parle des lieux de loisirs (discothèques, bars, …) et, là, y règne (c’est mon avis) la même superficialité des relations que chez les hétéros, donc l’on ne peut parler de communauté. Ou bien l’on parle des lieux de militantisme ou à vocation culturelle par exemple, mais, là, cela ne concerne qu’un nombre limité de gays et il n’y a pas que des gays : ce sont plus des gens portés par des valeurs qu’ils défendent de manière généraliste et pas uniquement pour les gays, donc le lien avec le monde gay est tout relatif.
Maintenant, j’admets qu’il y a, peut-être, un peu d’aigreur dans tout cela ou simplement un regard trop prisonnier de mon propre parcours.
Gayviking : On a l’impression que les backrooms représentent une obsessions dans votre livre, y’a t’il de la déception personnelle ?
Cédric Ronnoc : Tout d’abord, dans l’ouvrage, il y a des histoires qui ne se situent pas dans une backroom. Par ailleurs, j’ai bien conscience que les backrooms ne représentent pas la totalité des lieux nocturnes ou de rencontre gay, que tous les gays n’y vont pas et que ceux qui y vont n’y passent pas forcément leur temps. Mais, c’est un endroit à part entière dans les rencontres gays.
Maintenant, c’est vrai, que c’est un lieu qui est très présent dans mes écrits. C’est lié au parcours qui a été le mien et qui est forcément situé, particulier.
Dans mon premier ouvrage (Ce que le backroom révélait de lui …), j’expliquais comment j’ai cru faire de belles rencontres en de tels lieux : faute d’être capable d’aller vers les autres du fait de ma timidité, ce lieu m’a paru, paradoxalement, plus accessible par le peu d’interactions sociales qu’il présuppose. Et, je m’y suis beaucoup perdu. Cette manière de faire est sans doute ridicule, mais elle a été la mienne.
Donc oui, il y a de la déception d’avoir perdu du temps, d’être passé à côté de beaucoup de choses, de personnes surtout, de ne pas avoir gouter toutes ces sensations qui font les belles relations. Mais, écrire ces deux ouvrages est un moyen de dépasser tout cela, d’en tirer les leçons et de les laisser derrière moi pour peut-être un jour faire des rencontres autrement plus riches.
Donc oui, il y a le regret par rapport à tout ce gâchis, c’est inévitable, mais aussi la volonté d’aller au-delà. Y parviendrais-je, je ne sais pas. Chez moi, les choses prennent du temps. Tout cela est inscrit dans un parcours de vie finalement.
Gayviking : C’est votre deuxième livre, prévoyez-vous un troisième ouvrage… Et sera t’l un peu plus joyeux ?
Cédric Ronnoc : Un troisième ouvrage, oui certainement, mais pas tout de suite. Je mène, en plus de mon activité professionnelle, un autre projet qui va me prendre beaucoup de temps dans les mois à venir. Et, écrire me prend aussi beaucoup de temps. Tels des échos est un recueil assez court, mais qui m’a pris un an et demi à écrire. Pas à plein temps bien sûr, mais écrire, tenter de traduire précisément mes sentiments, aller chercher ce qu’il y a derrière mes premières sensations me demande beaucoup d’efforts. Il faut que je saccade ce travail pour tenter de garder un œil neuf.
Et puis, tout n’est pas triste dans cet ouvrage. La partie « La même chose » est plutôt drôle, avec un message un peu d’ouverture. « Découverte » est plein d’espoir, même si les choses se gâtent après, mais cela peut servir de leçon. Et la dernière partie est, c’est vrai, assez sombre. C’est peut-être la vie qui m’attends … Mais, paradoxalement, cette partie se termine sur une note positive, pas pour le personnage, mais potentiellement pour les autres.
« Tels des échos » de Cédric Ronnoc, disponible sur BookElis (6,5 euros – 50 pages) et sur Ebook (1,99 euros en téléchargement – Fnac).