(article publié le 7 juin 2012)
Les associations LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le)s et Transexuel(le)s) des deux régions Normandes ont décidé de se regrouper dans un collectif unitaire afin d’interroger les candidats et candidates sur les questions relatives à l’égalité des droits et à l’homophobie. Chaque candidat(e)s a reçu les mêmes questions. Voici les réponses de Laurent Logiou, candidat du Parti Socialiste dans la 7ième circonscription de la Seine-Maritime (Le Havre Ouest / Montivilliers).
EGALITÉ DES DROITS
# Etes-vous favorable au mariage civil entre personnes de même sexe? Et si oui, quand comptez-vous le mettre en application?
Laurent Logiou : Oui, j’y suis favorable ! L’égalité des droits et devoirs ne doit pas s’arrêter à la porte de l’institution du mariage. Ils doivent être les mêmes pour tous sans différence liée à l’orientation sexuelle. François Hollande a pris des engagements en ce sens : dans ses « 60 engagements pour la France », le 31ème est consacré à l’ouverture du mariage et de l’adoption aux homosexuels. En tant que Député, mon rôle sera notamment d’organiser rapidement une rencontre avec des représentants de la communauté pour pouvoir évoquer tous ces problèmes à l’Assemblée.
# Etes-vous favorable à ce que le PACS offre les mêmes droits que le mariage civil (pension de réversion, droit au titre de séjour, enregistrement en mairie) ?
Laurent Logiou : Non sinon on vide le mariage de son sens ! Je suis pour que le mariage civil soit ouvert aux personnes du même sexe. Dès lors, celles-ci ont le choix comme les autres entre le mariage ou le pacs.
# On évalue entre 30 000 et 350 000, selon les modes de comptabilisation, le nombre d’enfants élevés dans des familles homoparentales. Permettrez vous l’adoption d’un enfant par le compagnon de son père ou la compagne de sa mère ? Ouvrirez-vous l’adoption aux couples homosexuels ? Si oui, sous quelles conditions ? Si non, ne trouvez-vous pas problématique que dans le cas d’un enfant élevé par sa mère biologique et la compagne de sa mère (cas d’une PMA effectuée à l’étranger par exemple), cet enfant soit moins bien protégé sous prétexte qu’il grandit dans une famille homoparentale ?
Laurent Logiou : La famille ne se construit pas exclusivement sur des liens biologiques ! Je souhaite donc ouvrir l’adoption conjointe aux couples de même sexe et permettre l’adoption d’un enfant par le (la) concubin(e), pacsé(e) ou époux(se). Cette situation est bien évidemment inadmissible ! La loi doit être faite pour protéger tout le monde sur un même pieds d’égalité. Mais si nous changeons la loi pour autoriser l’adoption des couples homosexuels nous ferons bien évidemment en sorte que ceux-ci bénéficient des mêmes droits que les enfants de couple hétérosexuels.
# Ouvrirez-vous la procréation médicalement assistée à toutes les femmes, sans discrimination ?
Laurent Logiou : Pour moi, l’important ne se situe pas dans l’orientation sexuelle des parents mais je souhaite qu’il y ait un projet parental organisé, une situation stable pour que l’enfant évolue dans un univers propice à son bon développement. L’intérêt de l’enfant doit toujours prévaloir.
Si oui, êtes-vous également favorable à l’autorisation en France de la GPA ?
Laurent Logiou : Je n’ai pas encore d’avis très arrêté sur cette question même si l’ouverture d’un tel droit pourrait engendrer de nombreuses dérives possibles. Aujourd’hui, la vie d’une personne ne peut être aliénée à une autre. Le droit au respect de sa vie privée et de son corps est garanti par le Code Civil. Or l’usage d’une femme aux fins d’enfanter pour autrui revient à mettre son corps en totalité au service d’autrui, c’est-à-dire mettre à disposition d’autrui sa vie la plus intime (c’est une forme de servitude personnelle). De plus, il existerait une contradiction entre le droit au respect de son corps et l’autorisation de convention qui donne à ce corps une valeur d’échange. D’un autre côté, il y a une nécessité d’accompagner les familles qui pratiquent cette intervention à l’étranger qui rencontrent des difficultés pour obtenir la transcription sur les registres français de l’état civil des actes de naissance rédigés à l’étranger. Une chose est sûre, c’est que le premier souci du législateur doit être et rester l’intérêt supérieur de l’enfant.
LUTTE CONTRE L’HOMOPHOBIE
# La lutte contre les discriminations doit aussi être soutenue par les pouvoirs publics chargés de l’éducation et de la formation. Que comptez-vous mettre en œuvre pour faire reculer les préjugés et les discriminations relatifs à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre dans les collèges et lycées ?
Laurent Logiou : La tolérance et l’ouverture d’esprit ne sont pas innées ; elles s’acquièrent avec le temps et grâce à l’éducation. Le ministère de l’Éducation nationale devra ouvrir les portes des établissements aux associations qui interviennent en milieu scolaire. Il est également nécessaire que tous les professionnels de l’éducation soient formés à ces questions. On peut par exemple diffuser aux enseignants une mallette de lutte contre l’homophobie, comme cela a été fait en Belgique. L’école doit être un lieu d’éveil et de compréhension de l’autre. Les questions d’orientations sexuelles ou de genre doivent être abordées avec des outils pédagogiques adaptés à l’âge des élèves. Je pense par exemple le film d’animation « Le Baiser de la lune », destiné à une utilisation à l’école primaire.
# La prise en compte des violences faites aux LGBT n’est réellement efficace que si l’on est formé aux réalités des vies des personnes LGBT. Comment comptez-vous améliorer l’accès, l’accueil et le dépôt de plaintes des personnes victimes d’homophobie et de transphobie au niveau des services de police ?
Laurent Logiou : La répression des violences homophobes : les textes permettent déjà de condamner lourdement les coupables de violence, avec une aggravation des peines en cas d’homophobie avérée. Notre action devra porter sur l’accès (et l’accueil) des victimes au niveau des services de police et de justice, favorisant le dépôt de plainte et l’accompagnement psychologique des victimes.
# Le renforcement de l’arsenal législatif est important et nécessaire dans la lutte contre l’homophobie. Quels moyens mettrez-vous en place dans ce domaine ?
Laurent Logiou : La loi punie déjà plus sévèrement les actes homophobes. On peut envisager de renforcer les sanctions mais on sait que la répression ne peut pas tout ! Il est nécessaire de favoriser le dialogue et les synergies entre associations, l’Éducation nationale et les pouvoirs publics. Ensemble, il faudra lutter contre l’ignorance, les amalgames et agir contre toutes les discriminations.
# Quels moyens supplémentaires donnerez-vous en matière de santé publique concernant la population homosexuelle (suicides, lutte contre les IST, personnes âgées LGBT dans les structures…) ?
Laurent Logiou : Il est important de donner les moyens aux structures et aux associations pour les aider dans leurs tâches même s’il faut bien reconnaître que les marges de manœuvre financière sont extrêmement étroites.
DON DU SANG
# Mettrez-vous fin à l’exclusion des homo/bisexuels du don du sang ?
Laurent Logiou : Oui, je mettrai fin à l’exclusion du don de sang parce qu’il ne faut pas confondre « population à risques » et « pratiques à risques ». De plus chaque prélèvement est minutieusement contrôlé, enfin cela présuppose qu’il existe une forme de présomption de séropositivité des gays. Cela n’est pas tolérable.
RECONNAISSANCE DU GENRE ET DE L’IDENTITÉ
# Procéderez-vous à l’alignement des textes législatifs et réglementaires pour qu’y figure « l’identité de genre », au même titre que l’orientation sexuelle, parmi les motifs de discrimination condamnés ?
Laurent Logiou : Oui la loi doit intégrer « l’identité de genre » dans les motifs de discriminations et violences condamnés. Les discriminations et violences fondées sur l’identité de genre doivent être condamnées sévèrement, au même titre que les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle ou l’origine ethnique réelle ou supposée. La prise en compte du motif de « l’identité de genre » a d’ailleurs été proposée en 2004 par un amendement socialiste.
# Permettrez-vous aux personnes trans qui souhaitent s’engager dans un parcours médical de transition de bénéficier de soins de qualité remboursés et de choisir librement leurs médecins ?
Laurent Logiou : Je suis pour que l’accès aux soins et le libre choix du médecin soient garantis. Ce parcours est autorisé pour les personnes non trans atteinte par une maladie. Il n’y a dès lors pas lieu d’interdire à une personne, quelle qu’elle soit et quelque soit son choix.
RECONNAISSANCE DE LA DÉPORTATION HOMOSEXUELLE
# En tant qu’élu local, êtes-vous prêt à vous engager auprès des associations pour que la communauté homosexuelle ait toute sa place, au même titre que les autre communautés, lors des cérémonies du souvenir de la déportation ?
Laurent Logiou : La déportation pour raison d’homosexualité est un fait historique avéré. Comme tel, il doit avoir sa place dans l’enseignement de l’histoire du XXème siècle et dans les commémorations officielle en hommage aux victimes de la déportation. Je suis prêt à recevoir les associations locales pour les intégrer aux cérémonies.
DÉFENSE DES DROITS HUMAINS DES PERSONNES HOMOSEXUELLES ET TRANS PERSÉCUTÉES
# Etendrez-vous les conditions du droit d’asile aux personnes persécutées en raison de leur orientation sexuelle, réelle ou supposée, ou de leur identité de genre ?
Laurent Logiou : Je suis favorable à ce que toute personne victime d’une persécution avérée en raison de son orientation sexuelle, dès lors que sa vie est en danger, soit protégée et soit accueillie sur le sol français.
# Militerez-vous auprès du gouvernement français pour qu’il exerce un lobbying pour l’abrogation des législations pénalisant l’homosexualité et la trans-identité dans ces 76 pays ? Si oui, sous quelles formes ?
Laurent Logiou : La France, pays des droits de l’Homme, se doit d’aborder ces thématiques lors de ces déplacements à l’étranger. A l’instar de ce qui est fait pour la torture ou la liberté d’expression, nous avons le poids diplomatique pour faire avancer le respect et la démocratie. On peut envisager que cela prenne la forme de sanctions progressives : du simple avertissement aux sanctions économiques lorsque cela est possible.