Le dernier chapitre, un livre de Cédric Ronnoc ou la sociologie des backrooms

Le dernier chapitre est le titre du dernier livre de Cédric Ronnoc. Une immersion dans les backrooms des sex-club. Un livre autobiographique comme ses deux précédents* ouvrages. Il évoque son parcours intime. Un sentiment de décalage vis-à-vis des autres garçons, sa quête de l’âme sœur, ses errements dans les backrooms, son renoncement à l’amour… Ce livre est aussi un témoignage sur la sociologie des rencontres où beaucoup de gay pourront s’identifier.

Entrée club de rencontre
(photo : Alexander Popov d’Unsplash)

Rencontre avec Cédric Ronnoc…

Gayviking : Dans ce dernier livre autobiographique qu’est-ce-qui vous a décidé à raconter votre vie ?

Cédric Ronnoc : En fait, au début, c’était plus un besoin de forme que de fond. J’avais un impérieux besoin de poser des mots, de construire une histoire de bout en bout, de tenir un livre entre mes mains. Ce contenu-là est venu presque par facilité. C’est ce que je connaissais le mieux. Mais, au fur et à mesure de l’écriture, je me suis rendu compte que les choses n’étaient pas si claires que je le pensais et que le choix de cette histoire, mon histoire, n’était pas dû au hasard.

Gayviking : À l’arrêt de bus ou dans les sex-clubs, les rencontres, les plans, prennent une place importante. La sociologie des backrooms est très intéressante dans votre livre. Avez-vous partager votre analyse avec d’autres gays ou des clients des cruising ?

Cédric Ronnoc : Pas vraiment. Je n’ai que peu de discussions lorsque je m’y rends. Juste quelques mots avec quelques personnes avec qui j’ai un peu sympathisé. En dehors de ces lieux, je n’ai que peu d’occasion d’en parler. Peut-être que je vis sur une autre planète et que cette vision des sex-clubs m’est exclusive.

Gayviking : Des regrets sur votre attitude dans les backrooms ? Auriez-vous fait autrement finalement ?

Cédric Ronnoc : Oui, j’aurais aimé faire autrement. Cela m’aurait fait gagner du temps. Non pas de ne pas fréquenter ces lieux, mais y aller en ayant pleinement conscience de ce que j’y trouverais et de ce que je n’y trouverais pas. Il est là le problème. Mais peut-être que ce chemin était nécessaire. On a tous son fardeau, ses « traumatismes », même s’il ne faut pas exagérer, qui font que certaines étapes doivent être franchies pour s’en libérer.

Cedric Ronnoc, livre Le dernier chapitre

Gayviking : Vous semblez exprimer une sorte de renoncement à l’Amour, sans réellement insister.

Cédric Ronnoc : L’essentiel réside seulement dans la consommation rapide de sexe… C’est la voie pour l’instant sans issue dans laquelle je me suis enfermé, celle que je décris dans le livre. La méthode avec laquelle on cherche influence ce que l’on trouve, et ce que l’on trouve conditionne au fur et à mesure ce que l’on cherche. J’en suis là depuis de nombreuses années. Il me semble que je ne suis pas apte à prétendre à autre chose aujourd’hui. Je crois que je me suis fait une raison. Peut-être qu’une rencontre un jour changera les choses. On ne peut dire jamais.

Gayviking : À la page 51 vous dite qu’un lien invisible vous relie à tous les clients des sexe-club, une histoire commune, des êtres qui ont une même vie. C’est sans doute un des rares moments où vous semblez avoir une réelle compassion avec vos plans cul, alors que vous êtes parfois très sévère voir hautain dans vos rencontres..

Cédric Ronnoc : Oui, je peux l’être, comme on peut l’être avec moi. Le milieu gay peut être cruel, superficiel. Mais, dans ce passage, ce que je voulais évoquer, c’est l’aspect communautaire qui se cache derrière ces lieux, la solidarité invisible qui peut unir ces personnes. Et pourtant je ne suis pas un adepte de l’idéologie communautariste. Qu’il s’agisse de sex-club, d’associations gay ou d’autres lieux, un bar, une gay pride par exemple, il me semble qu’il y a un sentiment qui relient ces personnes. Je voulais évoquer ce qu’il y a de commun aux gays et qui fait que l’on peut se reconnaître dans l’autre. On a tous ce besoin là. C’est une besoin fondamental, même si ce qui est commun peut revêtir de multiples formes et qu’on appartient tous à des degrés divers à d’autres communautés.

Rencontre entre garçons
(photo : Alexander Popov d’Unsplash)

Gayviking : La fin de votre livre s’apparente à la conclusion de votre histoire littéraire ou bien est-ce une ouverture… ?

Cédric Ronnoc : Je dirais plutôt une ouverture sur une nouvelle page de ma vie, sur mon devenir personnel. Comme je le disais au début, il y avait sans doute une raison à ce travail depuis le début. Peut-être fallait-il que j’en passe par là ?

Livre Le Dernier Chapitre, disponible chez Amazon.

*Ses précédents ouvrages :
– Ce que le backroom révélait de lui… (2018), lien Fnac.
– Tels des échos, un recueil de 7 nouvelles (2021) voir article de Gayviking

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