Le 14 août dernier, des tags sont découverts sur l’église Saint-Patrice à Rouen. Sur les murs sont écrits les mots : « Toustes pd et gouines ». Cette dégradation stupide du patrimoine historique n’a naturellement pas été signée. Les auteurs n’ont pas été retrouvés par la police. Mais l’occasion était trop belle pour l’extrême droite normande. Elle n’a pas hésité à prendre pour cible la communauté LGBT.
Après l’information publiée par le site 76actu, le député européen et conseiller régional de Normandie, Nicolas Bay, a pris pour cible les personnes LGBT. Le vice-Président du parti d’extrême droite d’Eric Zemmour, Renconquête, a réagi sur le réseau social twitter.
Il déclare : « L’église Saint-Patrice de Rouen, chef-d’œuvre du XVIe siècle, a été dégradée dans la nuit par des extrémistes LGBT. Derrière les drapeaux arc-en-ciel, il y a la haine et la volonté nihiliste de saper toutes nos fondations. Nous ne les laisserons pas faire. »
Amalgame
Bien que les auteurs n’aient pas été retrouvés, le conseiller régional normand semble en savoir plus que les enquêteurs.
Aujourd’hui, rien n’indique que le coupable est membre de la communauté LGBT. Et même si cette personne était lesbienne ou gay, elle ne peut en aucun cas représenter la communauté LGBT. Cet acte n’est pas acceptable et doit être puni. Nous valons bien mieux que cela.
Généraliser ce geste à tout un mouvement est clairement homophobe.
Mais pour l’extrême-droite, la communauté LGBT a signé son crime. Elle est donc coupable. Il n’hésite pas à prendre à partie toutes les personnes LGBT, vecteur de haine et de destruction de la civilisation selon ses dires. Il dit : « derrière les drapeaux arc-en-ciel, il y a la haine et la volonté nihiliste de saper toutes nos fondations ». Le vice-président du parti d’Eric Zemmour conclu par un appel à la violence à peine voilé : « nous ne les laisserons pas faire« . Cela n’est pas digne d’un élu.
La haine attise la haine
La dégradation de la façade de l’église est une opportunité à saisir pour les partisans de l’extrême-droite française.
Les commentaires haineux sous le tweet du conseiller régional normand s’accumulent contre la communauté LGBT : « il faut frapper et condamner« , « ces gens sont à mettre en cage« , « fiotted« , « ils haïssent notre civilisation, ces gens sont le cancer de la France au même titre que l’Islamisme« , « tous des malades« , « ils veulent être respectés mais eux ne respectent pas les autres« , « de toute façon ces tarés, ne veulent pas de gosses, ils s’éteindront d’eux-mêmes« , « saletés de dégénérés« .
Enquête en cours
D’autres internautes pensent que ces dégradations sont là pour faire porter le chapeau à la communauté LGBT. A cet égard, les responsables des partis d’extrême-droite devraient se souvenir que des militants du Front National (aujourd’hui Rassemblement National dont Nicolas Bay était membre) incendiaient des voitures pour dénoncer l’insécurité. Des militants se servaient de ces actes de vandalisme pour nourrir le discours sécuritaire de leur parti.
Une enquête de police est actuellement en cours pour retrouver les auteurs de ces tags sur l’église.
Naturellement, le diocèse de Rouen, choqué, a réagi par un communiqué le 16 août dernier et a porté plainte contre X.
« Le diocèse partage l’émotion des fidèles catholiques et des habitants choqués par le caractère injurieux de ces tags et blessés par cet acte de vandalisme, d’autant plus pénible qu’il a été commis deux jours avant la fête de l’Assomption ».
La façade a été rapidement nettoyée par les services municipaux de la Mairie de Rouen, propriétaire de cette église. Les élus de la ville ont également condamnés cet acte comme Sophie Carpentier, délégué au sport qui a posté des photos : « Profondément choquée et attristée par la dégradation de l’Eglise St Patrice à Rouen. Acte inacceptable que je condamne fermement. »