Kristof alias K Sensei est un artiste normand aux multiples facettes. Ce beau barbu nous emporte dans son monde. Dessin, photographie, musique, auteur compositeur… et interprète. Comme dans un rêve, les images tourbillonnent dans un fond musical vous invitant au voyage.
Rencontre avec Kristof avec ses créations et son dernier clip.
Gayviking : Tu fais de la photographie, du dessin, de la musique, ton espace de création est immense. Comment fais-tu pour porter toutes ces passions ?
K Sensei : La création fait partie de ma vie au quotidien. Quand j’ai décidé de revenir à de la création personnelle l’année dernière, je me suis posé plein de questions et j’ai cherché à savoir et comprendre ce que je voulais produire et pourquoi.
J’ai d’abord souhaité me faire plaisir, et trouver des moyens de faire se rencontrer tous mes centres d’intérêt dans des productions hybrides. J’avais également le désir d’expérimenter de nouvelles choses en faisant sauter les barrières et les craintes. C’est un exercice très enrichissant.
Les domaines artistiques que j’explore sont donc des dialogues avec moi-même, soit de l’ordre de l’approfondissement (le dessin, le numérique, l’écriture, …) ou de la découverte et de l’expérimentation (la musique, la photographie, …). Dans mon parcours personnel, j’ai étudié ou approché tous ces domaines à un moment, mais jamais réellement de manière croisée, j’ai donc voulu me lancer dans des expériences multiples et transversales, sans me soucier des « catégories ».
Gayviking : Quel est ton parcours dans la création ?
K Sensei : Depuis tout petit, j »ai toujours été un créatif – c’est ce que disent beaucoup d’artistes – et c’est toujours le cas. Très jeune, j’ai dessiné notamment des personnages Disney, Looney Toons, ou même les Schtroumpfs, … J’étais celui qui « savait dessiner ». Puis est venu le temps des animés et mangas japonais, et j’ai continué à dessiner ces personnages avec même des tentatives de Bande dessinées avortées ou presque.
Au lycée, j’ai lancé un fanzine, ce qui était à la mode dans les communautés otaku à l’époque. Avec deux camarades on avait nos « séries » qui sortaient sous forme de chapitres. C’était très sympa et permettait de solliciter des compétences d’organisation en construction mais nécessaires.
Démarche artistique
Après le Bac, j’ai abandonné des études de Lettres, et après avoir travaillé pour économiser un peu d’argent, j’ai pu me financer deux années d’École en dessin d’animation et bande dessinée à Nantes. C’est à cette période que je me suis lancé dans quelques expériences de projets de vidéos et d’illustrations, ainsi que quelques expositions.
Après avoir lâché le domaine de la création quelques années, j’y suis revenu avec une intention plus artistique et moins technique, en intégrant la faculté d’Arts Plastiques pour y obtenir un Master Arts Plastiques et Arts Numériques, discipline que j’enseigne d’ailleurs en tant que métier principal au quotidien. Il faut quand même des revenus à un moment. J’ai pu y acquérir davantage de fond avec des connaissances en Histoire de l’art et j’ai appris à davantage questionner ce qu’est une démarche artistique.
De nouvelles expériences
Après avoir accordé beaucoup de temps et d’investissement à mon métier d’enseignant, j’ai senti le besoin de revenir à de la création personnelle, afin de croiser tous mes centres d’intérêt et proposer ma vision de ce que je voulais faire, sans me mettre trop de barrière ou craindre le regard extérieur. Les artistes sont de grand timides et souvent pétris de névroses.
C’est ainsi qu’une envie irrépressible de nouvelles expériences m’a envahie. J’ai voulu m’essayer à la photographie, à l’écriture, à la mise en images et à la vidéo, tout en reprenant une pratique du dessin plastique et numérique. Le résultat de ces envies est une pratique tentaculaire mais qui parvient à dialoguer entre les différents domaines qu’elle explore. Mes propositions artistiques hybrident alors le dessin avec la photographie, tout en s’appuyant sur une culture accessible et populaire que j’estime me définir plutôt bien. Mes textes développent un regard plus poétique sur le monde, et l’ensemble vient cohabiter dans la vidéo.
Gayviking : Pourquoi ton nom d’artiste « K Sensei » ?
K Sensei : K. c’est la 1ère lettre de mon prénom, écrit en version pseudo, et que j’utilisais à mes débuts. Quand j’ai repris mon activité de création, cette seule lettre n’avait plus la même signification pour moi et j’ai voulu y injecter un peu de la culture japonaise en choisissant le terme de Sensei, qui veut dire «maître », non pas par manque de modestie, loin de là, mais comme un clin d’œil humoristique à mon métier et l’approche très pédagogique que je peux parfois exiger de moi-même quand je suis au travail sur un projet.
Gayviking : Nous avons découvert ton film musical « C’est si beau », tourné sur l’agglomération de Rouen avec Haus Of Bobbi pour la musique. Un single intimiste, sentimental voire dramatique. Comment en es-tu venu à cette histoire ?
K Sensei : « C’est si beau », c’est une lettre d’amour. A une personne, mais aussi à la vie. A l’origine, le texte était destiné à Haus of Bobbi, pour lequel j’ai co-écrit plusieurs titres de son prochain EP « Je t’aime trop », prévu pour la fin de l’année 2023. Finalement, j’ai souhaité m’essayer à l’interprétation vocale, et HoB est venu compléter vocalement la partition qu’il a composé pour le titre.
Concernant le clip, nous avons voulu illustrer le texte avec une histoire proposant de multiples niveaux de lecture. Mon intérêt pour les images scénarisées, ainsi que le futur de ce projet musical m’ont guidé vers une réécriture de conte. Les contes de fée font partie de notre culture commune et viennent y ancrer des stéréotypes qui nous construisent mais nous limitent aussi parfois dans notre conception des choses.
Dans la chanson, le texte parle de s’abandonner à l’amour, et d’accepter d’avoir le droit d’aimer et d’être aimé – malgré toutes les incertitudes que la vie peut faire peser sur cet amour – sous la forme d’une allégorie de la noyade en mer. Pour moi, c’est un peu comme l’histoire de La Petite Sirène, mais dans laquelle les rôles sont inversés. C’est alors avec une profonde évidence que nous sommes partis sur une réécriture de ce conte et où le personnage doit décider s’il veut changer de monde par amour, qui dans notre version, doit se laisser submerger par l’élément aquatique plutôt que de le quitter.
Gayviking : La photographie prend une grande place dans tes créations. Le corps des hommes, l’homoérotisme est très présent…
K Sensei : Quand je me suis remis au dessin, j’ai voulu explorer de nouvelles pistes et questionner l’image de manière générale. J’ai fait quelques expérimentations photographiques de nu artistique, mais je n’ai pas ressenti le besoin de poursuivre dans cette direction, car je ne maîtrise pas les compétences techniques et je n’avais pas le sentiment d’avoir plus à proposer que bien d’autres plasticiens.
Dans les « feeds » et publications des réseaux sociaux, le corps est très présent. Les algorithmes mettent en avant une image stéréotypée des corps, qui reçoivent beaucoup plus d’interactions que des images plus « ludiques » ou artistiques. Je me suis alors demandé comment faire dialoguer des photos du corps masculin, érotisé ou non, avec mes divers centres d’intérêt, hérités de mes passions de jeunesse (et d’après) : les animés, la BD, les jeux vidéo, l’animation, … perçus comme plus neutres à ce niveau.
J’ai alors dessiné des éléments de personnages d’animés sur des photos de mecs en slip, et j’ai vraiment aimé le principe de faire cohabiter ce que dégage un modèle pour moi, avec un personnage fictif, dont la personnalité a été défini par un auteur ou un scénariste, jusqu’à son code couleur.
Otaku(x) X Pik
Par la suite, je me suis dit qu’il serait encore plus intéressant de travailler avec des modèles que je connais ou que je rencontre, de travailler moi-même la pose et la photographie, et de choisir le personnage que je vais dessiner en fonction du parcours du modèle ou de ce que je ressens de sa personnalité en rapport avec un personnage de la culture Geek. D’où le nom de cette grande série toujours en cours de réalisation et pour laquelle je recherche constamment des modèles : Otaku(x) X Pik, un croisement entre le fan et la photo. L’ « Otaku » au japon, c’est quelqu’un qui se consacre de façon obsessionnelle à un loisir tel que les mangas, les animés et les jeux vidéo en général.
Je trouve que cela correspond bien à ma manière de vivre mes passions, et c’est aussi un clin d’œil au fait que ces passions ont été très critiquées et décriées dans les années 90 pour devenir très communes voire encensées depuis une quinzaine d’années. Cette pratique rejoint donc l’ensemble des communautés auxquelles j’ai le sentiment d’appartenir de près ou de loin, mais également d’y inviter des gens qui y sont étrangers.
Je me rends d’ailleurs compte que les stéréotypes du corps masculin sur les réseaux de diffusion sont très ancrés, notamment dans la communauté, car il est très difficile de trouver des modèles pour proposer plus de diversité et de représentativité.
Gayviking : Tu as un nouveau clip en préparation « Quand tu dors ». Peux-tu nous en dire un mot ?
K Sensei : « Quand tu dors » sera le clip qui accompagnera la sortie de mon second single. Pour ce second titre, j’ai vu les choses avec tout autant de liberté et d’ambition que « C’est si beau« . Sans trop en dévoiler, la vidéo sera tournée dans un lieu au charme exceptionnel, qui illustrera à la perfection la réécriture du conte « La belle au Bois Dormant« . Le texte de « Quand tu dors » explore les affres des insomnies et du sentiment amoureux contrarié lorsqu’ on se retrouve dans l’intimité faussement sécuritaire qu’offre la nuit, quand nos pensées divaguent, parfois à en perdre la raison.
Avec le STUDIO 707, qui soutient le projet, nous avons décidé de proposer à nouveau un clip scénarisé, en prenant le risque de contextualiser une époque antérieure au XXème siècle. Cela demande beaucoup de travail et de moyens concernant les costumes et les accessoires, ce qui peut s’avérer compliqué quand on produit avec très peu de budget. Mais le projet prend une forme très intéressante, j’ai hâte de finaliser les choses. La sortie est prévue pour cet automne.
Gayviking : Au-delà de ce futur single, quels sont tes projets ?
K Sensei : Concernant la musique, je vais poursuivre sur ma lancée et continuer de travailler sur des titres qui pourront composer un 1er EP. Deux nouvelles chansons sont en cours d’écriture.
Le titre « C’est si beau » est également en train de poursuivre une belle vie : il cumule déjà plus de 117 000 vues naturelles sur Youtube, et nous travaillons sur une nouvelle orchestration du morceau. Une cover d’un titre tout aussi aquatique écrit par Serge Gainsbourg est également en phase d’enregistrement, en duo avec Haus of Bobbi.
J’envisage également de multiplier les expériences sur scène pour faire vivre les deux premiers singles de cette année 2023. Après plusieurs invitations sur scène à Vernon, Bernay et Paris, je ferai une apparition au festival « Vous êtes ici » de Fontaine l’Abbé le 26 août.
Concernant la production d’images plastiques et numériques, je vais poursuivre mes personnages de la série Otaku(x) X Pik, en cherchant à diversifier les représentations et les personnages choisis.
Prochains évènements
Scène live : Concours du Dracomédy Club, le 22.09.23 au Casino de Forges-les-eaux
Sortie de la reprise de Pull Marine, en duo avec Haus of Bobbi le 13 Octobre 2023 et vidéo type live session
Sortie du second single « Quand tu dors » + le clip associé : mi-novembre.
En découvrir plus…
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Campagne de Crowdfunding pour le clip « Quand tu dors » sur HelloAsso
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