Avec le confinement, des députés normands interpellent le Gouvernement sur la détresse des jeunes LGBT (Échec au Parlement)

Des députés interpellent le Gouvernement sur la détresse des personnes LGBT et notamment les jeunes. Ils demandes des mesures d’urgence pour les aider pendant la crise du Coronavirus. Mais cette initiative a été rejetée par le Parlement et le Gouvernement (mise à jour le 19 avril).
Violence sur les LGBT
(photo de Jon Tyson d’Unsplash)
La députée de la Manche, Sonia Krimi, est à l’initiative de cette requête. Signée par une cinquantaine de parlementaires, ils ont écrit le 9 avril dernier à Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à la lutte contre les discriminations.

L’initiative des députés normands

Parmi les députés, toute tendance politique confondue, quatre parlementaires normands soutiennent leur collègue de la Manche. Outre Sonia Krinia, ont également signé le courrier : Stéphane Travert (Manche), Sira Sylla (Seine-Maritime) et Claire O’Petit (Eure).

Le confinement accroît le risque de violence

Les parlementaires rappellent que le confinement « exacerbe toutes les formes de violences, qu’elles soient sexistes, conjugales ou intrafamiliales« . Ils ajoutent: « les jeunes LGBT+ sont surexposés aux violences, aux situations de rupture familiale et au risque de suicide ».

Assemblée Nationale
(Assemblée Nationale – photo Chatsam – 2011 – licence Creative Commons – Wikipedia)
Le courrier adressé à la Secrétaire d’Etat indique que les associations spécifiques, comme Le Refuge par exemple, continuent d’éprouver des difficultés pour répondre aux situations d’isolement et de détresse des jeunes. Les députés signalent le manque de places disponibles et de moyens financiers.
Les élus demandent au Gouvernement de mettre en place des actions spécifiques pour répondre à cette détresse. Ils attirent l’attention sur « l’accroissement des actes homophobes propices liés à ce climat de confusion et d’anxiété. »

Quelles actions ?

Les députés suggèrent au Gouvernement de mettre en place de nouvelles modalités de signalements sur les violences familiales que subissent les jeunes LGBT.

Alerter en pharmacie

Les élus suggèrent d’utiliser le dispositif actuellement mis en place dans la lutte contre les violences conjugales. Les plateformes téléphoniques ainsi que les signalements en pharmacie pourraient être accessibles aux jeunes LGBT victimes de violence.

Jeune banc triste
(photo de Toimetaja tõlkebüroo d’Unsplash)

Réquisition de chambres d’hôtel

Pour ce qui concerne l’hébergement d’urgence des jeunes rejetés par leur famille, les parlementaires demandent la réquisition des chambres d’hôtel. Ils précisent : « il serait souhaitable de flécher une portion des 20.000 nuités d’hôtels destinées aux victimes de violences conjugales vers les jeunes LGBT+ victimes de violences intrafamiliales ».
En parallèle, pendant cette crise et vu les effets de confinement, les députés demandent d’augmenter le nombre total des réquisitions d’hôtels.

Rejet de l’initiative par le Parlement et le Gouvernement

Mise à jour le 19 avril 2020 : lors de la discussion du second projet de loi de finances rectificatives, le Parlement a examiné trois amendements liés à cette initiative.
Ces amendements prévoyaient un dispositif d’aide d’urgence pour les jeunes LGBT (versement d’aides aux associations et nuités d’hébergement). Les groupes parlementaires d’En Marche, Parti Socialiste et LT (liberté et territoire) ont chacun dans leur coin déposé le même amendement alors qu’ils portaient la même initiative.
Lors de la discussion parlementaire du 17 avril à l’Assemblée Nationale, ces trois amendements sont finalement retirés et rejetés par les députés.
Le compte-rendu des débats (+ image) nous informe que le rapporteur du projet de loi Laurent Saint-Martin (En Marche) ainsi que le représentant du Gouvernement Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat, se disent défavorable… sans autre explication. Un étrange exercice de démocratie (vidéo de l’Assemblée Nationale à partir de 1:04:33).
A noter que le groupe de La France Insoumise avait également déposé un amendement dans le même esprit que les trois autres groupes politiques. Néanmoins, celui-ci est déclaré irrecevable car ne respectant pas la procédure de l’Assemblée.
L’initiative parlementaire est donc enterrée par le Gouvernement. Les associations LGBT restent dans l’attente de la mise en place d’autres dispositifs.
Une période défavorable

Le confinement peut être une période particulièrement difficile pour les jeunes LGBT. Comme pour les violences conjugales, de fortes tensions peuvent survenir pendant le confinement.
Bien que chaque situation soit différente, et à titre d’exemple, une organisation britannique d’aide aux personnes LGBT recommande aux ados confinés avec leur famille de ne pas faire leur coming-out en cette période de stress et d’incertitudes liées au coronavirus.

Des dons en baisse dans les associations LGBT

Le plus souvent en première ligne face à ces violences, le Refuge est la seule structure LGBT en France à proposer un hébergement temporaire aux jeunes majeurs victimes d’homophobie ou de transphobie.

Sourire d'une femme
(photo de Sydney Sims d’Unsplash)
Actuellement, la délégation régionale du Refuge fait état d’une diminution importante de ses dons depuis le confinement alors que le besoin est toujours important.
Pour rappel, Le Refuge Normandie héberge actuellement six jeunes dont trois logés dans un appartement, un dans un hôtel et deux autres dans un accompagnement de jour.

Un autre combat : les travailleurs du sexe

L’initiative de ces députés sur les personnes LGBT nous rappelle une autre problématique lié aux règles du confinement. La situation des travailleurs et travailleuses du sexe.
Début avril, des députées, comme Laurence Vanceunebrock (qui a également signé l’appel ci-dessus), avaient alerté la Secrétaire d’Etat aux discriminations. Des parlementaires réclament des mesures pour les protéger en leur apportant aides financières et matérielles (deux courriers envoyés).

Les invisibles de la République

Parmi ces travailleurs du sexe, il y a des personnes LGBT et les règles de confinement augmentent sensiblement leur précarité : risque d’expulsion, impossibilité de bénéficier des aides comme les autres travailleurs, risque sur leur santé…. Un sujet souvent oublié.
 

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