(article publié le 12 août 2012)
Dans son édito du samedi 11 août, François-Régis Hutin le PDG du groupe Ouest-France, un des plus puissants groupe de presse français qui inonde l’actualité sur un grand quart ouest (dont la Basse-Normandie) réaffirme ses positions de morales catholiques. Il met au pilori les revendication sur l’égalité des droits des personnes gays et lesbiennes… et sa fille aussi se joint à cette inquisition moralisatrice.
Un autre Edito...
par GAYVIKING
Ce patron de presse âgé de 83 ans signe un long édito sur près d’un quart de page en « une » de son quotidien contre le « mariage homosexuel« . On notera au passage, que la communauté LGBT ne revendique pas de mariage homosexuel mais revendique l’ouverture du mariage pour tous, hétéro et homo. Il n’y a pas d’un côté de mariage homo et de l’autre un mariage hétéro.
Son édito (ici) fait suite à la lettre envoyée par la conférence des Evêques de France pour les cérémonies du 15 août dans laquelle la hiérarchie de l’Eglise Catholique s’oppose à l’ouverture du mariage aux personnes gays et lesbiennes et encore plus à la coparentalité. Cette lettre devant être lue dans toutes les Eglises de France à l’occasion de l’Assomption (ici).
L’éditorialiste de Ouest-France considère que le « mariage homosexuel » n’apportera rien de plus que le PaCS mais que par contre l’ouverture de ce droit à tous les couples dévaluerait l’institution du mariage… il veut certainement évoquer le mariage religieux. Nous rappelons à M. Hutin que l’ouverture du mariage aux couples gays et lesbiens ne concerne que le mariage civil et non religieux. Nous n’attendons plus de l’Eglise Catholique d’ouvrir ses portes aux couples homos… qu’il se rassure.
L’ancien parlementaire, M. Hutin, reprend mot pour mot la position de l’Eglise sur l’homosexualité et l’homophobie : « L’Église catholique condamne l’homophobie, c’est-à-dire le mépris ou la persécution des homosexuels, tout en refusant d’accepter ces pratiques qu’elle condamne, mais sans condamner les personnes concernées. »… refuser ces pratiques et par conséquent rejeter l’Amour entre deux personnes de même sexe s’apparente bien de l’homophobie. La position de M. Hutin est franchement hypocrite. Pour les croyants qu’ils soient homos ou non, Dieu nous a fait à son image et accepte l’Amour de tous… c’est du moins ce que les « Saintes Ecritures » nous apprennent, à moins que la hiérarchie ecclésiastique bafoue ses propres valeurs.
Le PDG de Ouest-France enfonce le clou à la fin de son édito et dramatise sur le ton de « La France a peur ! » : « … ces questions sont fondamentales car elles touchent le fondement même de la société, c’est-à-dire ce pacte social …. Notre pays, en proie déjà à de nombreuses et si graves difficultés, a-t-il vraiment besoin de se voir divisé sur de telles questions ? On sait parfaitement qu’elles résonnent au plus profond des consciences et qu’une fracture provoquée à ce niveau pourrait avoir de considérables et irrémédiables conséquences. »
C’est de famille…
Ce n’est pas la première fois que l’édito de Ouest-France affiche de telles positions. La dernière date d’un mois, le 1er juillet 2012, quand la fille du PDG de Ouest-France, Jeanne Emmanuelle Hutin, marque clairement son opposition au mariage homosexuel (edito ici). La fille du PDG du journal superpose la crise économique mondiale à une crise morale. « Dans ce contexte de prise de conscience, il paraît inutile de s’arc-bouter sur des mesures symboliques qui auraient plus d’effets négatifs que positifs sur l’économie.« .
Dans son édito, Mme Hutin fait un savant et nauséabond mélange entre « la crise Grecque« , « la polygamie en Afrique » et l’union entre deux hommes ou deux femmes. Encore une fois, on parle de « choix » sur le fait d’être gay ou lesbienne. Sachez madame que le fait d’être homo ou hétéro n’est pas un choix mais c’est comme ça, cela ne s’explique pas… quand avez-vous choisi d’être hétéro vous ?
Comme son père, Mme Hutin, assène à ses lecteurs la définition de la famille, une famille sans doute bien catholique : un homme et une femme avec enfant(s). Une héritière bien formatée par papa.
L’édito se termine par un climat de peur (décidemment, c’est de famille) : « .. derrière une revendication juridique se profile un bouleversement beaucoup plus profond de la société dont les conséquences anthropologiques n’ont pas été étudiées.« … et d’ajouter « Les citoyens n’ont donc pas tous les éléments en main pour forger leur opinion« . Elle veut sans doute dire qu’une étude scientifique avec des rats homos en laboratoire serait sans doute plus efficace plutôt que d’analyser l’opinion d’une majorité de Français qui se disent déjà favorable à l’ouverture du mariage à tous les couples qu’ils soient homos ou hétéros. En 1999, lors des débats sur le PaCS de nombreux homophobes avaient utilisés les même arguments.
Conséquences homophobes…
Le PDG de Ouest-France et sa fille ne s’imaginent pas le mal que de tels propos peuvent produire dans l’esprit des familles quand l’un de leur enfant est gay ou lesbienne. La société et l’éducation moralisatrice des hommes d’Eglise sont tellement marqués par des préjugés, des mépris, faisant le lit des insultes et des agressions. Ce genre d’édito ne peut qu’accroître la douleur et le mal-être des personnes. La revendication de l’égalité des droits entre homos et hétéros en France permettra de lutter contre cette discrimination. Quand on est le patron du premier quotidien régional de France on réfléchit avant de déverser sa haine. On notera tout de même que cette liberté de ton et de publication contraste avec l’équipe de journalistes du quotidien. Une équipe qui est plus consciente des réalités de la société contrairement à leur patron qui utilise le journal à des fins personnelles et idéologiques.
Pour aller plus loin sur le web…
voir article de Wikipedia sur François Régis Hutin (ici) et Ouest-France (ici)
voir l’article de l’Expresse sur le journal Ouest-France et son patron de presse (cliquez ici)
on remerciera le webmagazine YAGG.com pour avoir attirer l’attention de ces deux éditos (voir article 1 et voir article 2)
lien vers le site du journal Ouest-France (ici)
voir l’édito du journal Ouest-France en date du 12 juillet 2012 (ici)
voir l’édito du journal Ouest-France en date du 1er juillet 2012 (ici)