Gayviking : On va commencer par les questions faciles, histoires de se mettre dans l’ambiance. La première : qu’est ce qui vous a pris de vouloir être écrivain ?
Lena Shartiaud :Mon rêve absolu était de devenir verbicruciste, mais j’étais trop jeune et jolie pour pouvoir embrasser la profession. Être écrivain collait plus à mon image de jeune femme crédule et bohème. J’allais enfin pouvoir contempler mon doux reflet dans les yeux de mes admirateurs !
Gayviking : Et concrètement c’est quoi la recette du succès ? Vous tournez à quoi ?
« Transmettre des émotions »
C’est un exercice qui reste assez difficile pour la jeune auteur que je suis. Transmettre des émotions, choquer le lecteur ou alors le toucher en plein cœur sans que ça paraisse forcé ; lui faire vivre l’histoire le plus intensément possible, savoir doser tout ça… L’intrigue peut être bateau, si on arrive à retourner le cerveau des lecteurs de quelque manière que ce soit, on a tout gagné. Elle est là la recette d’un livre réussi.
Gayviking : Et sinon cette envie d’écrire un western gay, ça vient de quoi ? Un compte à régler avec Brokeback Mountain ?
Lena Shartiaud : J’ai toujours eu cette envie profonde d’être un homme barbu pro de la gâchette au temps du Far West. Manque de bol, j’ai une paire de seins et je suis une vraie bille aux fléchettes, donc je n’imagine même pas ce que ça donnerait avec un Colt !
En fait, je pense que ça vient plutôt de ma passion pour les antihéros, les personnages qui en bavent, qui jurent et crachent, les écorchés vifs, les fous… Le Far West un poil édulcoré que je me représente est un décor qui colle bien à ce genre de personnages, dans une époque qui me plaît beaucoup. On peut faire quelque chose de très visuel avec ça.
Au départ, j’ai appris à raconter des histoires à travers des scénarios, pendant mes études. Pour savoir comment écrire un film, on analysait plan par plan des scènes cultes de classiques du genre. Il y avait quelque chose dans le western qui me fascinait. Cette capacité à faire grimper une tension presque insupportable entre les personnages pendant un duel grâce au décor, à la mise en scène, à la musique, à l’angle de la caméra…
Écrire Outlaws, c’était réaliser un de mes fantasmes de scénariste amatrice, je suppose. C’est juste un western spaghetti, pas un western gay, mais il se trouve que mes héros le sont, quelle belle coïncidence !
« les personnages LGBT me touchent… »
Gayviking : La romance gay ou romance MM (homoromance ‘Mâle/Mâle’ en anglais) à le vent en poupe. Le plus souvent il s’agit d’une littérature écrite par des femmes hétéros pour d’autres femmes hétéros. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Lena Shartiaud : Ça m’ennuie profondément. Toutes ces étiquettes ne font que creuser un peu plus le gouffre entre les « communautés ». Je sais que c’est bien plus complexe que ça, mais je trouve malsain ce sectarisme des genres.
En ce qui me concerne, je n’écris pas pour des femmes hétéros, j’écris pour des « gens », qu’importe leur orientation sexuelle et qu’importe la mienne. Je crois que ça se ressent un petit peu dans Outlaws. Aucune des différentes sexualités que je mentionne de près ou de loin ne définit mes personnages. Ce sont des éléments, des détails qui habillent l’histoire. Il se trouve que dans Outlaws, il y a de la romance gay, oui. Est-ce que j’ai pensé à assouvir les fantasmes de lectrices hétéros en décrivant des scènes d’amour homos entre hors-la-loi ? Non. J’ai juste voulu un peu parler d’amour. Je tire une satisfaction personnelle à travailler avec des personnages LGBT parce que ça me touche ; il y a beaucoup de choses à dire et des clichés à abattre, ça me plaît de jouer là-dessus !
Gayviking : Et du coup si vous pouviez choisir, Outlaws vous le rangerez dans quelle case ?
Lena Shartiaud : À bannir, les cases ! Outlaws serait simplement un roman destiné à qui veut bien le lire. La quatrième de couverture devrait suffire à convaincre un potentiel lecteur, qu’importent l’ouvrage et son contenu, non ?
Gayviking : Votre aventure d’auteur LGBT, c’est un coup d’un soir ou vous avez encore des choses à dire ?
Lena Shartiaud : Les histoires LGBT et moi, ça fait quinze ans qu’on sort ensemble depuis trois semaines. Maintenant que j’ai officialisé, je vais rester encore un peu au lieu d’aller voir ailleurs, si vous le voulez bien. C’est une aventure bien sympa !
Synopsis de ce western gay
« James Lloyd est un trappeur, autant dire une espèce en voie de disparition dans un Nouveau Monde où s’achève la conquête de l’Ouest. Criblé de dettes et directement menacé par les nouvelles lois fédérales destinées à réguler son activité, il n’a d’autre choix que d’accepter la surprenante proposition du shérif Philips.
Pour sauver sa peau, James endosse le rôle du chasseur de primes et se lance sur les traces du tristement fameux gang Morrison. On raconte que ces hors-la-loi de la pire espèce ne reculent devant aucune bassesse lorsqu’ils attaquent diligences et convois.
Les approcher sans éveiller leurs soupçons n’est pas une mince affaire et James se voit contraint de se faire passer pour un fuyard. Proposant de guider le gang à travers les Rocheuses pour leur éviter les ennuis, il découvre très vite que Philips est loin de lui avoir dit toute la vérité.
Si Morrison et ses hommes sont bel et bien des voleurs, ils ne sont pas pour autant les monstres que l’on se plait à décrire dans les saloons. Petit à petit, James se retrouve happé par cette drôle de famille où il se sent plus à sa place que nulle part ailleurs.
Du moins jusqu’à ce que la vérité sur son double jeu éclate au grand jour. Rattrapé par le passé et confronté à un futur plus qu’incertain, l’heure des choix sonne pour James. Même s’il n’a plus la moindre envie de livrer le troublant Nathaniel Morrison à son ennemi de toujours, le shérif Philips les attend au tournant. »
Pour découvrir l’univers de Outlaws par Lena Shartiaud
Références : ISBN papier : 9782375210796 – 13€ en livre papier (et 3,99 € en ebook) – disponible en librairie à la demande et sur toutes les plateformes.
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