Homosexualités et Socialisme (Hes) est l’association où militent les socialistes lesbiennes, gays, bis et trans depuis 1983.
Faire avancer le Parti Socialiste sur les questions LGBT et la lutte contre l’homophobie est dans ses gênes.
Denis Quinqueton est le président de HES. Il a accordé à Gayviking une interview avant l’Assemblée Générale annuelle qui aura lieu à Rouen en Normandie le 27 janvier 2018, une sorte de mini-congrès du PS version LGBT avant le réel d’avril prochain à Aubervilliers.
Devenir du Parti Socialiste ? Bilan ? Projets ? Macron ? Hollande ? Une histoire LGBT à réinventer…
Faire avancer le Parti Socialiste sur les questions LGBT et la lutte contre l’homophobie est dans ses gênes.
Denis Quinqueton est le président de HES. Il a accordé à Gayviking une interview avant l’Assemblée Générale annuelle qui aura lieu à Rouen en Normandie le 27 janvier 2018, une sorte de mini-congrès du PS version LGBT avant le réel d’avril prochain à Aubervilliers.
Devenir du Parti Socialiste ? Bilan ? Projets ? Macron ? Hollande ? Une histoire LGBT à réinventer…
Gayviking : Huit mois après la défaite des forces de gauche et notamment du Parti Socialiste aux élections nationales de 2017, quel regard rétrospectif portez-vous sur cette période ?
Denis Quinqueton :Il est trop tôt pour tirer des leçons. Mais je porte un regard franchement lassé par les simagrées de ce nouveau pouvoir qui aime tant s’admirer et louer sa nouveauté, essentiellement faite de vieilles ficelles. C’est louable, mais pas très compliqué, de prononcer de beaux discours et de n’en rien faire.
Le président a très bien parlé à l’ONU sur la question des réfugiés, de personnes qui viennent chercher refuge, donc. Mais son sinistre ministre de l’Intérieur, qui agit avec son assentiment, fait précisément l’inverse et ordonne l’une des pires politiques à l’égard des réfugiés – dont des personnes LGBT – que notre pays ait connu depuis 1945. La valeureuse Marlène Schiappa est très engagée, par exemple, en faveur de l’ouverture à toutes les femmes de l’accès à la PMA.
Mais le gouvernement d’Edouard Philippe auquel elle appartient a décidé de soumettre cette question au résultat du débat bioéthique qui s’ouvre. Ce qui était une erreur sous Hollande – et nous l’avons dit à l’époque – reste une erreur sous Macron. Pendant qu’on amuse le pays avec cette pseudo question éthique, tranchée en 1994, on ne prend pas le temps de parler des sujets éthiques qui sont vraiment devant nous.
Aujourd’hui comment se positionne HES avec un Parti Socialiste en « re(de)composition » ?
HES veut contribuer à cette recomposition, à cette refondation. Quand on vit dans un monde où 45 personnes possèdent plus de bien de 4 milliards de leurs semblables, où les relations homosexuelles sont criminalisées dans 73 pays, où les droits élémentaires des femmes sont bafoués, on ne peut pas prétendre en avoir fini avec l’idée de justice, d’égalité, d’émancipation.
Nos 35 ans de vie militante à l’articulation du monde politique et du monde associatif nous ont appris les immenses bénéfices de la coopération entre ces deux mondes. C’est à cela que des générations de militants et de responsables d’HES ont travaillé. Et c’est cette expérience que nous proposons à nos amis socialistes aujourd’hui. Nous leur disons « ne faites pas de ce congrès une interminable émission d’Hanouna, vulgaire et qui joue sur les pires réflexes humains. Ne jouez pas à #TPMPS, touche pas à mon PS ».
Un parti comme le Parti socialiste doit s’ouvrir, retrouver le goût des autres, le goût de discuter et de créer des idées nouvelles, qui seront demain des politiques nouvelles, avec les intellectuels, avec toutes celles et tous ceux qui sont engagés dans des associations de solidarité, dans des associations revendicatives, parce que le monde comme il va heurte leur désir de vivre dans une société apaisée et juste. Nous avons cette expérience et nous sommes prêts à la partager.
Quel regard portez-vous sur le Gouvernement d’Edouard Philippe et sur le Président Emmanuel Macron concernant les questions LGBT+ ?
J’aimerais bien avoir quelque chose sur quoi porter mon regard !
La délégation HES Rouen Normandie accueille pour la première fois l’assemblée générale annuelle d’HES France, quel sens voulez-vous donner à ce rendez-vous ?
C’est la troisième fois que nous organisons notre assemblée générale annuelle hors de Paris. La première fois, c’était à Lyon, en 2011, la seconde à Lille en 2014. C’est un peu compliqué à organiser, notre budget est extrêmement modeste, mais nous essayons de le faire quand des groupes locaux dynamiques nous invitent et que la fédération PS du département est accueillante.
C’est le cas du groupe local de Rouen – Normandie avec Arnaud Hadrys.
Et c’est le cas de la fédération socialiste de Seine Maritime avec Nicolas Rouly. Ce sont des étapes importantes car la vie des personnes LGBT n’est pas là même partout en France. Donc cela nous enrichit !
Denis Quinqueton :Il est trop tôt pour tirer des leçons. Mais je porte un regard franchement lassé par les simagrées de ce nouveau pouvoir qui aime tant s’admirer et louer sa nouveauté, essentiellement faite de vieilles ficelles. C’est louable, mais pas très compliqué, de prononcer de beaux discours et de n’en rien faire.
Le président a très bien parlé à l’ONU sur la question des réfugiés, de personnes qui viennent chercher refuge, donc. Mais son sinistre ministre de l’Intérieur, qui agit avec son assentiment, fait précisément l’inverse et ordonne l’une des pires politiques à l’égard des réfugiés – dont des personnes LGBT – que notre pays ait connu depuis 1945. La valeureuse Marlène Schiappa est très engagée, par exemple, en faveur de l’ouverture à toutes les femmes de l’accès à la PMA.
Mais le gouvernement d’Edouard Philippe auquel elle appartient a décidé de soumettre cette question au résultat du débat bioéthique qui s’ouvre. Ce qui était une erreur sous Hollande – et nous l’avons dit à l’époque – reste une erreur sous Macron. Pendant qu’on amuse le pays avec cette pseudo question éthique, tranchée en 1994, on ne prend pas le temps de parler des sujets éthiques qui sont vraiment devant nous.
Aujourd’hui comment se positionne HES avec un Parti Socialiste en « re(de)composition » ?
HES veut contribuer à cette recomposition, à cette refondation. Quand on vit dans un monde où 45 personnes possèdent plus de bien de 4 milliards de leurs semblables, où les relations homosexuelles sont criminalisées dans 73 pays, où les droits élémentaires des femmes sont bafoués, on ne peut pas prétendre en avoir fini avec l’idée de justice, d’égalité, d’émancipation.
Nos 35 ans de vie militante à l’articulation du monde politique et du monde associatif nous ont appris les immenses bénéfices de la coopération entre ces deux mondes. C’est à cela que des générations de militants et de responsables d’HES ont travaillé. Et c’est cette expérience que nous proposons à nos amis socialistes aujourd’hui. Nous leur disons « ne faites pas de ce congrès une interminable émission d’Hanouna, vulgaire et qui joue sur les pires réflexes humains. Ne jouez pas à #TPMPS, touche pas à mon PS ».
Un parti comme le Parti socialiste doit s’ouvrir, retrouver le goût des autres, le goût de discuter et de créer des idées nouvelles, qui seront demain des politiques nouvelles, avec les intellectuels, avec toutes celles et tous ceux qui sont engagés dans des associations de solidarité, dans des associations revendicatives, parce que le monde comme il va heurte leur désir de vivre dans une société apaisée et juste. Nous avons cette expérience et nous sommes prêts à la partager.
Quel regard portez-vous sur le Gouvernement d’Edouard Philippe et sur le Président Emmanuel Macron concernant les questions LGBT+ ?
J’aimerais bien avoir quelque chose sur quoi porter mon regard !
La délégation HES Rouen Normandie accueille pour la première fois l’assemblée générale annuelle d’HES France, quel sens voulez-vous donner à ce rendez-vous ?
C’est la troisième fois que nous organisons notre assemblée générale annuelle hors de Paris. La première fois, c’était à Lyon, en 2011, la seconde à Lille en 2014. C’est un peu compliqué à organiser, notre budget est extrêmement modeste, mais nous essayons de le faire quand des groupes locaux dynamiques nous invitent et que la fédération PS du département est accueillante.
C’est le cas du groupe local de Rouen – Normandie avec Arnaud Hadrys.
Et c’est le cas de la fédération socialiste de Seine Maritime avec Nicolas Rouly. Ce sont des étapes importantes car la vie des personnes LGBT n’est pas là même partout en France. Donc cela nous enrichit !
Quelles seront les futures activités et les actions de HES ?
Nous allons travailler sur trois sujets principaux cette année. Nous allons préparer nos 35 ans, HES a été créée en 1983, parce qu’il faut savoir regarder le chemin parcouru. Nous ne regardons pas le passé pour le reproduire à l’identique dans l’avenir mais pour y puiser ce qu’il contient de tonique et nous en nourrir.
Nous allons réfléchir à la place des femmes au sein d’HES. Elles y sont traditionnellement peu nombreuses. Nous devons chercher à comprendre pourquoi et à agir en conséquence. Enfin, nous allons travailler sur la dépénalisation universelle de l’homosexualité. D’abord parce que c’est un sujet diplomatique complexe auquel personne ne comprend rien, y compris nous.
Ensuite parce que c’est une excellente manière de rappeler que les droits des personnes LGBT font partie des droits humains, eux-mêmes universels. Rien ne peut justifier que l’on y déroge, aucune tradition, aucune religion, aucune coutume. Et puis nous resterons actifs sur les débats bioéthiques, y compris la GPA.
D’ailleurs je suis signataire de la tribune des 110 personnalités qui appellent à un débat serein sur le sujet. Nous continuerons à nous saisir des sujets de santé publique. Enfin, nous achèverons notre travail de mise à jour du « Manifest’HES ». Nos revendications ne peuvent pas être les mêmes qu’hier dans un pays qui est passé, entre 2012 et 2017 de la 23e place à la 5e place du classement d’ILGA-Europe pour la situation des personnes LGBT+.
Comment pourriez convaincre de venir militer à vos côtés ?
Celles et ceux qui sont parvenus à ce point de mon interview ont lu mille raisons de nous rejoindre. J’en retiendrai une, fort bien exprimée par – ça peut surprendre – Léon Blum qui était un grand intellectuel du 20e siècle, en plus d’être un leader du Parti socialiste : « On est socialiste à partir du moment où l’on a senti que le soi-disant ordre des choses était en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d’égalité, de solidarité, qui vit en nous. » C’est ce que nous avons fait avec le Pacs, avec le mariage et l’adoption, avec les politiques publiques de lutte contre les discriminations.
Ce qu’on nous présentait comme l’ordre des choses était injuste, alors nous avons milité pour le changer. Continuons !
Un dernier mot à ajouter ?
Adhérez !
(rapport moral 2017 de l’association)
(présentation nouvelle équipe 2018 de HES)
Nous allons travailler sur trois sujets principaux cette année. Nous allons préparer nos 35 ans, HES a été créée en 1983, parce qu’il faut savoir regarder le chemin parcouru. Nous ne regardons pas le passé pour le reproduire à l’identique dans l’avenir mais pour y puiser ce qu’il contient de tonique et nous en nourrir.
Nous allons réfléchir à la place des femmes au sein d’HES. Elles y sont traditionnellement peu nombreuses. Nous devons chercher à comprendre pourquoi et à agir en conséquence. Enfin, nous allons travailler sur la dépénalisation universelle de l’homosexualité. D’abord parce que c’est un sujet diplomatique complexe auquel personne ne comprend rien, y compris nous.
Ensuite parce que c’est une excellente manière de rappeler que les droits des personnes LGBT font partie des droits humains, eux-mêmes universels. Rien ne peut justifier que l’on y déroge, aucune tradition, aucune religion, aucune coutume. Et puis nous resterons actifs sur les débats bioéthiques, y compris la GPA.
D’ailleurs je suis signataire de la tribune des 110 personnalités qui appellent à un débat serein sur le sujet. Nous continuerons à nous saisir des sujets de santé publique. Enfin, nous achèverons notre travail de mise à jour du « Manifest’HES ». Nos revendications ne peuvent pas être les mêmes qu’hier dans un pays qui est passé, entre 2012 et 2017 de la 23e place à la 5e place du classement d’ILGA-Europe pour la situation des personnes LGBT+.
Comment pourriez convaincre de venir militer à vos côtés ?
Celles et ceux qui sont parvenus à ce point de mon interview ont lu mille raisons de nous rejoindre. J’en retiendrai une, fort bien exprimée par – ça peut surprendre – Léon Blum qui était un grand intellectuel du 20e siècle, en plus d’être un leader du Parti socialiste : « On est socialiste à partir du moment où l’on a senti que le soi-disant ordre des choses était en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d’égalité, de solidarité, qui vit en nous. » C’est ce que nous avons fait avec le Pacs, avec le mariage et l’adoption, avec les politiques publiques de lutte contre les discriminations.
Ce qu’on nous présentait comme l’ordre des choses était injuste, alors nous avons milité pour le changer. Continuons !
Un dernier mot à ajouter ?
Adhérez !
(rapport moral 2017 de l’association)
(présentation nouvelle équipe 2018 de HES)
Pour aller plus loin
relire l’interview d’HES Rouen (dec. 2014)
site web association Homosexualité et Socialisme
page facebook de HES France
(photos : facebook HES)