(article publié le 5 décembre 2014)
Certains diront qu’il s’agit de lobbying, d’autres de club de réflexion. L’association HES « Homosexualité et Socialisme » existe depuis 30 ans et se développe dans les régions. Le contexte politique et économique n’aidant pas, HES ne laisse pas indifférent et peut susciter des questions auprès du public, des associations gays et lesbiennes, mais également au sein du parti socialiste. Pourquoi afficher ses couleurs gay ET socialiste ? HES, c’est quoi ? Que font-ils ?
Rencontre avec Arnaud Hadrys, délégué local d’HES à Rouen…
GAYVIKING : En quelques mots, c’est quoi HES ?
HES (Arnaud) : HES est une association qui est née en 1983, et dont le combat s’inscrit pour l’égalité des droits et la lutte contre toutes les discriminations.
L’association rassemble des hommes et des femmes, membres ou non du Parti Socialiste, quelles que soient leur identité de genre et leur orientation sexuelle, qui se réunissent, débattent et combattent ensemble pour l’égalité avec aussi des questions transversales comme les droits des femmes.
Par ailleurs, HES entretient des relations privilégiées avec ses homologues européens. L’association est membre de la section « Europe » de l’International Lesbian & Gay Association (ILGA-Europe), et mène des actions auprès du PSE au sein de l’organisation Rainbow Rose, qui fédère des associations et commissions LGBT au sein des partis socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes en Europe.
GAYVIKING : Êtes-vous écoutés au Parti Socialiste… ou pour parler plus clairement quel est l’impact de votre mouvement sur la ligne du parti ?
HES (Arnaud) : HES lutte et milite afin de promouvoir les questions LGBT au sein de Parti socialiste. L’association réfléchit à diverses problématiques telles que : l’éducation, la parentalité, la famille, la GPA, la santé, la prostitution, l’homophobie, l’identité de genre et les questions Trans, l’égalité réelle… Mais aussi sur la vie des lesbiennes, des gays, des bis et des Trans en maisons de retraite, ou en milieux fermés (prisons, casernes,…).
Ces thématiques sont abordées dans le cadre de commissions de travail et font l’objet de propositions législatives et réglementaires auprès des instances du Parti Socialiste. A ce titre l’engagement 31 de François Hollande sur le Mariage pour Tous était une proposition d’HES.
Sur le plan local, HES et ses militants interviennent régulièrement à la demande d’autres associations, de section ou de fédération du PS afin d’animer des temps de formations ou d’informations, afin de sensibiliser les personnes sur les problématiques LGBT.
GAYVIKING : HES et ses militants sont-ils toujours en accord avec les responsables politiques du PS ?
HES (Arnaud) : Tous les militants d’HES ne sont pas doublement encartés avec le PS. Nous avons même la joie de partager notre acte militant avec des personnes encartés au PC (parti communiste), au PDG (parti de gauche) et EELV (les Verts).
A ce titre pour beaucoup cette forme d’indépendance et de liberté permet donc d’exercer des réserves sur les prises de position des responsables politiques du PS comme sur la politique de la majorité.
Néanmoins, la proximité politique et idéologique est assumée avec pour mémoire que tous les droits obtenus l’ont été par l’accession de la gauche au pouvoir depuis 1981.
GAYVIKING : En dehors des débats idées, que peut apporter HES au niveau local, au niveau régional… ?
HES (Arnaud) : Sur le plan local comme sur le plan régional, outre sa participation à la création du collectif INTER-LGBT à Rouen pour la Marche des Fiertés, au discussion pour la création d’un centre LGBT, HES peut être force de propositions auprès de nombreuses instances.
Tout d’abord sur l’élaboration du prochain PLCD (Plan de lutte contre les discriminations) : HES souhaite faire parvenir à la prise de conscience collective de la réalité des discriminations LGBT sur le territoire, et proposer la mise en place de plans d’appui aux personnes LGBT discriminées ou susceptibles de l’être.
HES est également force de propositions en matière de lecture publique, auprès du département de Seine Maritime et auprès de la mairie de Rouen pour la création d’un fond fixe ou d’un fond tournant sur la thématique des questions LGBT (littérature, essais, cinéma,…).
HES souhaite soutenir l’initiative d’un festival culturel LGBT sur la ville de Rouen et d’assurer dans un esprit d’ouverture, une programmation éclectique de qualité, au travers de thèmes tournants autour de l’homosexualité : la différence, les normes, les identités et les genres, mais aussi l’homoparentalité, le coming-out, l’homophobie, le sida, l’adoption,…
Par ailleurs, HES est invité à venir débattre en janvier prochain, lors d’une journée à l’UFR STAPS de l’Université de Rouen sur les problématiques de l’homophobie dans le sport. En matière de sport, il convient de savoir qu’HES à demander à la ville de Rouen de signer la charte contre l’homophobie dans le sport, avec la mise en place de match de la tolérance.
Il convient de rappeler qu’HES a été l’interlocuteur privilégié auprès de nombreux élus et instances départementales et régionales qui ont contribuées à la réussite de la Marche des fiertés, et dont le travail a été salué par de nombreuses associations et représentants politiques.
C’est la première fois, que les élus ont ouvert la Marche des fiertés. Parmi eux on pouvait compter Yvon Robert (maire de Rouen), Nicolas Mayer Rossignol (Président du Conseil Régional), Caroline Dutarte et Christine Rambaud (Vice-présidentes du Conseil général),… De part leur présence ils ont rappelé leur soutien indéfectible à la communauté LGBT et à la lutte contre toutes les discriminations.
GAYVIKING : Combien y’a t’il de délégations régionales actives d’HES en France ?
HES (Arnaud) : Aujourd’hui HES compte 20 Groupes locaux qui maillent le territoire, dont 1 groupe local aux Antilles. Par ailleurs, HES est présent également à l’étranger avec la présence au sein de la structure Rainbow Rose qui vient de clore son assemblée générale à Madrid. La création de nouveaux groupes locaux est en cours d’étude car nous sommes persuadés que la proximité est une richesse dans le combat pour l’égalité.
GAYVIKING : L’insertion d’HES dans le paysage associatif auprès des autres associations LGBT plus « classiques » n’est-elle pas, par moment, difficile, du fait de l’orientation politique très marquée d’HES, avez-vous déjà eu des hostilités ?… sans compter que l’image du PS aujourd’hui évolue dans un contexte politique particulièrement difficile…
HES (Arnaud) : Dès sa création, HES s’est investi aux côtés de nombreuses associations et a participé activement au rassemblement des diverses associations pour promouvoir la défense des questions LGBT. La qualité du travail fournit collectivement au sein d’HES et notre esprit critique, permis par notre indépendance ont toujours été un gage de garantie pour travail avec toutes les associations. C’est notre devoir de faire la preuve quotidiennement que nous devons aller dans la convergence collective des droits que nous défendons au côté des associations. A ce titre nous avons su être fédérateur pour permettre à Rouen d’avoir son collectif pour la Marche. Cette étape était pour HES un engagement réel d’une volonté de fédérer les associations pour une démarche commune et collective.
GAYVIKING : A titre d’exemple dans la région Normandie, HES a été très visible dans les derniers événements de la communauté LGBT comme la gaypride mais aussi lors des débats pour les municipales de mars dernier. Toi même tu as été, pour le premier tour, candidat aux municipales à Rouen au côté d’Yvon Robert et HES a initié des propositions pour le programme du maire comme « l’ouverture d’un lieu d’écoute LGBT pour les jeunes homosexuel(les) et la sensibilisation des agents municipaux contre les discriminations. ». Six mois après les élections, HES suit-elle toujours ces projets ? HES se considère t’il comme le gardien des promesses LGBT ?
HES (Arnaud) : HES, en effet, a été force de nombreuses propositions pour le programme aux municipales d’Yvon Robert, comme il le sera pour les prochaines échéances départementales avec Nicolas Rouly. En tant que délégué du groupe HES, et avec le soutien des membres de l’association, nous veillons à ce que nos propositions et nos revendications soient concrétisées durant le mandat.
En ce qui concerne l’ouverture d’un lieu d’écoute pour les jeunes gays, lesbiennes, bis, et trans, nous avons réfléchi à différentes alternatives possibles, et nous proposerons pour examen, aux élus concernés, un projet de « maison des droits et de l’égalité pour tous ». Dans ce projet les discriminations liées à la communauté LGBT sont traitées de façon transversales, et pour chaque problématique il a été apporté la mise en place de solutions techniques pour y remédier, en faisant appel à un partenariat associatif et institutionnel.
En ce qui concerne la sensibilisation des agents municipaux, HES a réalisé une fiche d’objectifs opérationnels, qui sera transmise au cabinet du maire, en s’appuyant sur la Charte européenne pour l’égalité femmes-hommes dans la vie locale, et plus particulièrement sur l’article 4 « Engagement public pour l’égalité », l’article 6 « contrer les stéréotypes », l’article 8 « engagement général », et l’article 10 « discriminations multiples et obstacles ». Ces objectifs visent à engager la collectivité dans une vraie démarche de lutte contre les discriminations, et en mesurer l’impact sur les différents services. Cela passe par la prise en compte de cette donnée par la collectivité, en organisant une formation à l’intégration de la lutte contre les discriminations dans les politiques publiques dans le cadre d’un parcours obligatoire des agents, mais aussi en incluant un module spécifique sur cette thématique dans el cadre de la formation des élues.
GAYVIKING : Conseillerais-tu aujourd’hui à un homme ou une femme politique de faire son coming-out ?
HES (Arnaud) : En France, il y a plus de 530.000 élus, et à peine 30 se disent homosexuels. Je dirais, comme le constate Louis-Georges Tin, qu’« à une époque, pour les hommes et femmes en politique, il était honteux d’être homosexuel, aujourd’hui, il est honteux d’être homophobe ». Mais en politique la règle générale est que ceux qui en sortent restent discrets sans pour autant être inactif dans le combat pour l’égalité. Je pense que le fait de ne faire mystère de rien, sans pour autant le faire avec ostentation, peut faire du bien pour les jeunes d’avoir des exemples de parcours de vie positifs.
GAYVIKING : Un dernier mot à ajouter ?
HES (Arnaud) : Depuis la création du groupe local de Rouen 76 nous sommes très heureux du travail commun qui a été produit. Nous réfléchissons aux axes que nous pourrons développer en 2015 avec le groupe local d’Evreux 27 dont Jérome Thiauler est Délégué local et Représentant de l’APGL.
Nous venons de clôturer les travaux de l’assemblée générale de Rainbow Rose à Madrid avec toutes les délégations européennes. Ce fut un travail riche d’échange sur les politiques menées par les états et les possibilités qui s’offrent à nous pour l’accès à l’Egalité d’avoir un discours unique porté Rainbow Rose. Représenté HES avec Denis Quinqueton et Nicolas Vervliet a permis à HES Rouen 76 d’être au cœur même des débats et profiter de cette occasion pour faire la promotion de notre ville et de notre région.
2015 sera l’année qui nous permettra de bénéficier de l’opportunité de continuer à porter nos revendications avec les échéances départementales et régionales. C’est au nom de ce combat que j’aurai donc le plaisir de porter les couleurs d’HES et du PS par ma candidature aux élections départementales avec Caroline Dutarte, Elisabeth Menestrier et Mamadou Diallo dans le canton de Rouen 3.
Pour aller plus loin…
Site internet d’HES www.hes-france.org
Page Facebook d’HES (cliquez ici)