À Valframbert (1700 habitants), dans l’agglomération d’Alençon, la campagne municipale de 2026 a pris un tournant sombre pour Marc Lorand Brionne. Conseiller municipal et candidat déclaré à la mairie, l’élu de 53 ans est la cible depuis plusieurs mois de menaces et d’injures homophobes. « Propos injurieux, rumeurs à caractère discriminatoire, courriers anonymes homophobes déposés à mon domicile… », dénonce-t-il dans un communiqué transmis à L’Orne Hebdo et sur sa page Facebook.
Une cartouche de fusil dans sa boîte aux lettres
Ces attaques, déjà nombreuses, ont franchi un cap lorsque Marc a découvert dans sa boîte aux lettres une cartouche de chasse vide, un geste symbolique lourd de sens et d’intimidation. « Ce qui constitue un nouveau seuil d’intimidation », explique-t-il. Face à l’escalade, il a finalement décidé de saisir le procureur de la République d’Alençon. « Jusqu’à présent, afin de ne pas envenimer la situation, j’avais choisi de ne pas déposer plainte malgré les faits répétés », confie-t-il.

Pour cet élu qui assume son homosexualité depuis plus de vingt ans, l’agression morale n’est pas une nouveauté, mais elle prend une ampleur inédite. En 2021, il expliquait déjà au journal local L’Orne Hebdo que l’homosexualité était « tolérée, mais pas encore acceptée » dans certains territoires. Chauffeur de bus à Alençon, marié à Philippe depuis 2016, « le premier mariage homosexuel de Valframbert », aime-t-il rappeler, Marc Lorand Brionne incarne une visibilité rare dans une commune de 1 700 habitants.
Un acte de résistance
Malgré les menaces, il refuse de renoncer. « Engagé depuis de nombreuses années dans la vie publique… les attaques actuelles dépassent largement ce qui peut être toléré dans un débat démocratique », affirme-t-il avec force. Il rappelle que la campagne doit rester basée sur « le respect, la transparence et la sérénité du débat d’idées », et assure qu’il restera « pleinement engagé » aux côtés de son équipe. S’il se présente sans étiquette, Marc Lorand Brionne affirme être cependant de « centre gauche ».
Un acte de résistance qui, dans un climat encore fragile, résonne bien au-delà des frontières de Valframbert.

Au-delà du cas de Marc Lorand Brionne, ces menaces rappellent que la visibilité LGBT+ en milieu rural peut rester compliquée. Dans de petites communes où chacun connaît chacun et où les mentalités évoluent lentement, assumer publiquement son orientation sexuelle, surtout en tant qu’élu, peut exposer à des discriminations ou des intimidations. Les attaques dont il a été victime témoignent de la persistance d’un climat parfois hostile aux personnes LGBT+.
Visibilité LGBT+
Malgré ces difficultés, Marc Lorand Brionne continue sa campagne et affirme son engagement politique. Son parcours, son mariage à Philippe et sa volonté de rester candidat montrent que la vie des personnes LGBT+ dans les territoires ruraux se conjugue souvent avec prudence, mais aussi avec détermination. Ces situations soulignent que la question de l’égalité et de la visibilité reste un enjeu concret, même dans les villages français.