Des élèves du lycée public Paul-Cornu à Lisieux dans le Calvados ont créé un groupe de parole pour la communauté LGBT+. Cette initiative permet de créer un espace pour échanger, s’informer et lutter contre les discriminations au sein du lycée.
Leur objectif est de rendre le milieu scolaire plus inclusif en offrant un lieu sûr pour discuter de sujets liés à la communauté LGBT+. Le journal Ouest-France nous apprend que bien que le proviseur, Denis Le Cleach, ait initialement donné son accord, le groupe a rencontré des obstacles. L’accès à la salle de réunion a été compliqué, et des restrictions ont été imposées. Le proviseur a demandé la présence d’un adulte lors des réunions et a interdit la diffusion de matériel promotionnel dans l’établissement.
Prosélytisme ?
Le proviseur a exprimé des réserves, craignant du « prosélytisme » et rejetant l’appellation « safe place ». Il a déclaré que l’établissement n’a pas vocation à promouvoir le mouvement LGBT+ et a fait référence à la « théorie du genre », une expression controversée souvent instrumentalisée par les milieux d’extrême-droite.
Les élèves ont dû renommer leur groupe en « groupe de parole » et affirment que leur intention est simplement d’informer, une démarche éducative et non militante.
L’emploi du terme « prosélytisme » par le provisoire est blessant et révèle sans doute une ignorance sur les personnes LGBT+ aujourd’hui. Ce groupe d’élève ne cherche en rien à convertir d’autre personne.
Le rectorat, contacté à ce sujet par le journal Ouest-France, a réaffirmé son engagement contre les discriminations tout en soulignant l’importance de respecter les règles de neutralité dans les établissements scolaires. Difficile de savoir en quoi parler des questions LGBT+ porterait atteinte à la neutralité du lycée.
Un besoin criant sur la région
Cette situation met en lumière les défis rencontrés par les initiatives lycéennes visant à promouvoir l’inclusivité dans les établissements scolaires, ainsi que les tensions qui peuvent survenir entre ces initiatives et les administrations scolaires.
Pourtant le besoin est toujours criant. Nous avions relaté en 2013 le témoignage de Lucas, lycéen à Lisieux, harcelé dans son lycée. Âgé de 16 ans, il avait fait l’objet de nombreux harcèlements homophobes. Lui et sa mère ont eu le courage de porter à la connaissance du public les faits dont le jeune garçon était victime. Une situation particulièrement douloureuse qui peut dans les cas les plus extrêmes tourner au drame.
Il faut également avoir à l’esprit que le ministère de l’Éducation nationale encourage la création d’espaces d’échange sur ces thématiques dans les établissements scolaires. Un guide de prévention et de sensibilisation contre les LGBTphobies dans les collèges et les lycées a été édité par le Gouvernement en 2023.
Certaines associations, comme SOS Homophobie ou Contact, interviennent en milieu scolaire pour sensibiliser aux questions LGBT+ et lutter contre les discriminations. Par exemple, lors de l’année scolaire 2021/2022, SOS Homophobie a réalisé 1 163 interventions, touchant 27 965 élèves à travers la France. Cependant, ces interventions ne correspondent pas à des groupes de soutien permanents au sein des établissements.
Malgré ces défis, les élèves continuent de se réunir, déterminés à créer un espace d’échange et de soutien pour tous ceux qui en éprouvent le besoin. Les élèves espèrent lever les malentendus et les résistances institutionnelles.