Centres de dépistage en Seine-Maritime : en 2019 deux centres ferment. Les hôpitaux prennent le relais du Département (CeGidd)

A l’été 2018, le Département de la Seine-Maritime a annoncé son désengagement des centres de dépistages anonymes et gratuits (CeGIDD). Le Ministère de la Santé (ARS – Agence Régionale de Santé Normandie) a dû lancer un appel à candidature afin d’assurer la continuité du service sur le département au 1er janvier 2019. Objectif globalement atteint mais à y regarder de plus près, l’offre de service public se réduit.

Centres de dépistage en Seine-Maritime : en 2019 les hôpitaux prennent le relais du Département (CeGidd) mais deux centres vont fermer

Comme partout en France, en Normandie et plus spécialement en Seine-Maritime, il y avait 7 centres de dépistages sur le territoire (Le Havre, Fécamp, Dieppe, Elbeuf, Petit-Quevilly, Rouen avec deux centres). Ces Centres de dépistages permettent à toute personne de prendre rendez-vous anonymement pour réaliser gratuitement un ou plusieurs tests de dépistage d’une MST – maladie sexuellement transmissibles (vih, hépatites, …).
Le dépistage est un maillon essentiel dans la chaîne de prévention contre toutes les infections sexuellement transmissibles. L’Agence France Santé Publique du Ministère de la Santé indiquait que le nombre moyen de consultations en centre de dépistage (CeGIDD) était de 3000 par centre (données 2016).

Les hôpitaux prennent le relais

Le Département de la Seine-Maritime gérait 5 centres de dépistages sur les 7. Pour des raisons annoncées comme financières, les élus départementaux n’ont pas souhaité renouveler la gestion de ces centres au-delà du 31 décembre 2018. Ainsi un appel à candidatures a été lancé par l’ARS (Agence Régionale de Santé) afin d’assurer la continuité de l’activité de ces 5 centres dès le 1er janvier prochain.
Résultat : les centres hospitaliers du Havre et de Rouen (CHU) prendront le relais du Département en janvier prochain. Dans son communiqué, l’ARS semble satisfaite « À compter du mois de janvier 2019, l’offre évolue pour une meilleure couverture du dépistage en Normandie ». Mais à y regarder de plus près, le service public des CeGIDD en Seine-Maritime se réduit et la couverture ne semble pas meilleure, bien au contraire.

Deux fermetures

Seine-Maritime, le Département se désengage des centres de dépistages anonymes et gratuits

Au Havre et à Fécamp, rien ne change… ou presque. C’est le Groupement Hospitalier du Havre qui assurera la gestion d’un CeGIDD au Havre et d’une antenne à Fécamp. Les permanence du centre de dépistage du Havre devraient logiquement se dérouler au Centre Hospitalier. Par contre, aucune information n’a été communiquée pour celui de Fécamp dont les locaux sont ceux du Département. Une incertitude demeure sur la continuité du service dès le 2 janvier 2019 sur Fécamp. Un temps d’adaptation sera sans doute nécessaire.
A Dieppe : le Centre de Dépistage sera assuré par le CHU de Rouen. La localisation reste à confirmer, le centre actuel étant situé au Centre Médico-Social du Département. Comme pour Fécamp, un temps d’adaptation sera peut-être nécessaire pour pouvoir réouvrir le service.
A Rouen, il n’y aura plus qu’un seul centre de dépistages anonymes et gratuits contre deux aujoud’hui. Le CeGIDD situé rue des charrettes ferme ses portes. Seul celui du CHU de Rouen (1 rue de Germont) sera opérationnel. Même si on suppose que les amplitudes horaires seront élargies, le service du CHU pourrait avoir des difficultés à assurer l’activité de deux centres. Selon nos informations, tout le personnel situé rue des charrettes ne sera pas repris par ce centre par le CHU.
Le centre de dépistages situé à Elbeuf au centre médico-social du département sera fermé. Néanmoins, l’ARS précise que « l’ouverture d’une antenne à Elbeuf est à l’étude« . A ce jour, aucun candidat n’a été retenu pour assurer la continuité du centre à une semaine de sa fermeture. En attendant, les habitants de l’agglomération d’Elbeuf devront se déplacer sur Rouen pour bénéficier d’un dépistage anonyme et gratuit.
Enfin, le centre de dépistages de Petit-Quevilly, déjà géré par le CHU de Rouen reste ouvert.

Restriction du service public

Seine-Maritime, le Département se désengage des centres de dépistages anonymes et gratuits.

Avec la fermeture de 2 centres sur 5 en Seine-Maritime, on ne peut pas affirmer comme l’ARS, que « l’offre évolue pour une meilleure couverture du dépistage ». Il faut savoir qu’eu égard à sa population la Seine-Maritime présente, comme le Calvados, un ratio de couverture par habitant le moins favorable.

Centres de dépistage en Seine-Maritime : en 2019 les hôpitaux prennent le relais du Département (CeGidd) mais deux centres vont fermer

Outil indispensable dans la prévention des maladies sexuellement transmissibles, de nombreuses personnes, toute catégorie sociale confondue, utilisent ce service public de santé. Les derniers chiffres sur les MST indiquent une recrudescence des contaminations notamment auprès des jeunes et pas seulement du vih.
Cette restriction du service de santé sexuelle n’est pas une surprise. Les associations notamment LGBT s’y attendaient. Néanmoins, la décision du Département d’arrêter les frais demeure difficilement compréhensible.

Défaut de transparence

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En effet, comme nous l’avions rapporté l’été dernier, lors de la séance du Conseil Départemental en date du 21 juin 2018, les élus du Département ont émis un avis favorable quant à l’adoption du schéma régional de santé 2018-2023 de l’ARS (Agence Régionale de Santé). Dans ce document de 430 pages est indiqué (page 207) qu’il est nécessaire « d’améliorer la couverture territoriale de l’offre de dépistage des IST et du VIH. ».. et de « conforter le rôle des CeGIDD : garantir la qualité, améliorer la couverture des territoires et l’accessibilité de tous au dépistage, clarifier le rôle des antennes… ».
Lors de la présentation de ce schéma régionale de santé la Vice-Présidente Nathalie Lecordier (Union de la droite) avait déclaré que « ces axes et thématiques rejoignaient celles définies par le Département ». Une position confirmée par un vote favorable. Les élus de la majorité ont bien émis des réserves sur la politique régionale de santé mais sur d’autres sujets comme le handicap et la santé mentale. La délibération du Conseil Départemental n’avait pas mentionné de réserve sur les Centres de Dépistages.
Quelques jours plus tard, le Département annonce l’arrêt de sa prise en charge des dépistages sur les MST et le VIH. Bref, une décision difficile à comprendre.

Question d’argent ?

Centres de dépistage en Seine-Maritime : en 2019 les hôpitaux prennent le relais du Département (CeGidd) mais deux centres vont fermer

La décision du Département d’arrêter la gestion des CeGIDD n’était pas illégale. C’était son droit légitime, mais sa position manque d’arguments. Certes ce service public a un coût. Néanmoins, l’ARS (Agence Régionale de Santé) via des dotations de la Sécurité Sociale assure le financement de cette activité. En effet, selon l’article D174-15 du Code de la Sécurité Sociale, les dépenses des centres de dépistages (CeGIDD) sont financées (remboursées) par l’Assurance Maladie comme les consultations médicales, les investigations biologiques voir les dépenses administratives… Alors pourquoi arrêter la gestion des 5 centres de dépistage si l’Etat subventionne le Département pour cette mission ?
Le Département aurait mérité à plus de transparence sur les raisons financières de sa décision. Avait t’il un reste à charge insurmontable ? Quel était l’équilibre (dépenses-recettes) de cette activité pour la collectivité territoriale ? Des explications complémentaires sur les raisons de son désengagement auraient été les bienvenues.
En attendant, la fermeture de deux centres de dépistages affecte naturellement l’accès à ce service public de santé.

En savoir plus

Liste 2018 des Centres de Dépistages en Normandie (non valable pour 2019 en Seine-Maritime)
ARS – Agence Régionale de Santé
Sida Info Service
Dépistage sida : comment et où ?
(photos : pixabay et gayviking)

 

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