(article publié le 9 avril 2011)
Alexis, 20 ans, habitait la Manche en Normandie. Il a été mis à la porte de chez ses parents et se retrouve aujourd’hui au Refuge à Lyon, une association qui accueille et aide les jeunes homos en rupture avec leur famille. La mère d’Alexis était au courant de l’homosexualité de son fils mais elle n’acceptait pas sa vie de jeune homo. Rencontre, témoignage avec Alexis.
GAYVIKING : Tu es originaire de la Manche en Normandie… que s’est-il passé pour que tu te retrouves à la rue de chez tes parents ?
Alexis : Il s’est passé que j’ai du faire des choses regrettables pour me sortir d’une dure situation financière. Les méthodes employées ont plus que fortement déplu à ma mère. Elle m’a mis à la porte. Il est vrai qu’elle voulais que je revienne. Mais pour moi, j’étais déjà en permanence sous la menace d’une expulsion et il était temps que cette situation s’arrête.
GAYVIKING : Est-ce à cause de ton homosexualité ?
Alexis : Il y a effectivement peut-être une part de ça. Ce qui me chagrine un peu c’est je n’ai jamais réellement su le fond de la pensée de ma mère.
GAYVIKING : Qu’as-tu ressenti quand cela c’est produit ?
Alexis : Je me sentais vraiment à bout de force. Je ne pouvais plus supporter cette situation qui me tuait le moral et le mental à petit feu. Je n’arrivai plus à raisonner normalement. J’ai été dans une phase de dépression très intense
GAYVIKING : Tu as cherché un abri et comment es-tu arrivé à Lyon au Refuge ?
Alexis : J’ai eu la chance d’avoir un ami qui m’a tout de suite proposé de m’héberger en urgence à Caen. Même pas une semaine après, Le Refuge avec la délégation de Lyon a accepté mon dossier. J’ai été admis
GAYVIKING : Comment s’est passé le contact… comment as-tu fait ?
Alexis : En fait, j’étais déjà en contact avec l’association depuis le mois d’aout 2009 avec Nicolas Noguier (président et créateur de l’association Le Refuge). Par la suite, je suis entrée en contact avec d’autres bénévoles qui m’ont soutenu moralement jusqu’à ma décision de partir pour Lyon.
GAYVIKING : Comment s’est déroulée la procédure d’acceptation au Refuge ?
Alexis : L’association reçoit environ 300 demandes par an pour des jeunes homos qui sont mis à la porte ou qui sont en situation plus qu’explosive. Pour moi, il y a eu une réunion du Conseil du Refuge composé de Nicolas Noguier, des responsables des délégations du Refuge de Paris, Marseille, Lyon et Montpellier ainsi que d’une psychologue qui estime s’il est pertinent et préférable pour moi d’être mis au refuge
GAYVIKING : Comment est la vie au Refuge ? Il y a des règles que tu dois respecter ?
Alexis : La vie au refuge se passe bien avec mon colocataire Jordan avec qui nous avons crée une relation amico-fraternelle, je ne sais pas si ça existe mais je le dit quand même (lol) et tellement fusionnelle que l’on ressemble quasiment à un vieux couple. Il y a bien sur des règles à respecter comme le bon entretien de l’appartement qui est mis à notre disposition en semaine. On nous impose une heure pour rentrer à l’appartement (23H) et d’être systématiquement à l’heure pour les rendez-vous obligatoires (Banque alimentaire, psy et autres)
GAYVIKING : Tu prévois d’y rester combien de temps ?
Alexis : Cela dépendra de mon état et de la manière dont je vais avancer pour me reconstruire une vie socio-professionnelle
GAYVIKING : Comment vois-tu les semaines, mois à venir ? Un retour en Normandie ?
Alexis : Je ne préfère pas me prononcer sur mon futur proche. Il est vrai que la Normandie me manque. Pour le moment à cause de ma situation familiale très dégradée et aussi à cause des menaces de plaintes de ma mère, je ne sais pas si je retournerais en Normandie. Je pourrais envisager d’y rester quelques jours en vacances, mais on ne peut pas connaître le dérouler des évènements. Qui sait…. un jour l’appel de ma petite Normandie me tuera le moral et me donnera envie de venir me ressourcer sur « Mes terres« .
GAYVIKING :Un dernier mot ?
Alexis : Je souhaite surtout remercier tout les membres du forum de GAYVIKING pour tous les bons moments que l’on a passé et aussi pour les délires que l’on a eu dans nos discussions même si quelquefois je n’allais pas bien, vous m’avez pas mal supporté il faut bien l’avouer. Je reviendrais poster régulièrement sur le forum car cela me manque de ne plus avoir des nouvelle des membres comme Flo, les deux jerem, pushy, cayenne et tous les autres,vous me manquez et je compte bien un jour revenir vous embêter 😉
Pour aller plus loin…
LE REFUGE C’EST QUOI ?
Le Refuge est la seule structure en France, conventionnée par l’Etat, à proposer un hébergement temporaire et un accompagnement social, médical et psychologique aux jeunes majeurs, filles et garçons, victimes d’homophobie ou de transphobie. La structure n’existe pas en Normandie mais dispose de délégations à Paris, Marseille, Lyon, et Montpellier.
Grâce à une Allocation Logement Temporaire (ALT), Le Refuge loue ainsi un petit appartement de 35 m² du neuvième arrondissement de Lyon dans lequel vivent en colocation ces deux garçons de dix-neuf et vingt ans, Jordan et Alexis, venus de Valence et de Normandie. La somme versée par la direction départementale de la cohésion sociale couvre leur loyer ainsi qu’une partie des charges. Des volontaires accompagnent ces jeunes dans leurs démarches administratives, leurs recherches d’emploi, etc.
Actuellement le Refuge ne peut accorder que 22 places d’hébergement en France. Gestionnaire de maisons-relais, la structure est confrontée à plus de 300 demandes d’admission par an. Les jeunes accompagnés connaissent un mal-être et présentent une dévalorisation de l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. Prises de risques, pensées suicidaires, prostitution, dépendances, scarifications… sont autant de concrétisations de ce mal-être.
L’absence de prise de conscience et de soutien des Pouvoirs Publics est d’autant plus alarmante que nos jeunes connaissent un taux de suicide 13 fois plus élévé que leurs pairs hétérosexuels.
Cliquez ici pour accéder au site du REFUGE
Vidéo de TLM (télé lyon métropole) sur le Refuge à Lyon (avec notamment Alexis et Fabien Marcowiz, délégué régional du Refuge)