A l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie, fixée comme chaque année le 17 mai, il semble intéressant de faire un point sur l’état de l’homophobie dans le monde et en France. L’ILGA (association international LGBT) publie chaque année son rapport sur l’état des législations à travers le monde. De même, SOS Homophobie, son équivalent en France, présente son rapport annuel 2010 sur l’homophobie.
En France
Il est difficile aujourd’hui d’établir un bilan exhaustif de l’homophobie en France. En effet, aucun rapport ou observatoire gouvernemental n’a mis en place une telle étude. Ainsi, c’est l’association SOS Homophobie à travers son réseau national en région et sa ligne d’écoute qui donne le « la » à l’instant « t« , via son rapport annuel, sur l’homophobie en France.
Qu’en est-il en 2010 ?
En lisant le rapport, on remarque nettement que la situation ne s’améliore pas dans notre pays. Au contraire. On peut constater que l’homophobie se cache de moins en moins dans notre société et fait marquant, Internet devient la première vitrine des propos homophobes. Les réseaux sociaux (comme Facebook, Dailymotion ou Youtube) regorgent de groupes homophobes sur la toile où les webmasters n’arrivent plus à contrôler. Les langues se délient plus facilement sur le net en toute impunité. Les amalgames entre homosexualité, pédophilie, et sida s’affichent aisément. (voir exemple ici).
Les sites sociaux ne sont pas les seuls à subir cet assaut haineux. Les grands groupes de presse ont beaucoup de difficultés (ou de volontés pour certains) a faire respecter les lois anti-discrimination. Les articles, émissions de télé ou forum évoquant un sujet sur l’homosexualité attisent les haines les plus primaires, sans réel contrôle et sanctions. Les groupuscules d’extrême droite et les religieux intégristes sont généralement en première ligne sur ces sites grands publics.
Une autre inquiétude est la recrudescence des actes homophobes véhiculés par les jeunes. Pour le vice-président de SOS Homophobie, Michel Duvail : «Il y a une plus grande agressivité chez les jeunes contre les homosexuels, c’est une régression. Pour beaucoup de gens, pour construire un garçon, il faut qu’il soit viril et le pilier central de cette virilité est l’homophobie». La situation devient préoccupante.
La lutte contre l’homophobie dans les écoles nécessite un renforcement des outils pédagogiques. Mais, il faut pour cela trouver une réelle volonté de la part du corps professoral au sein de l’éducation nationale (privé et public).
Aussi, les 1200 témoignages reçus par SOS Homophobie sur les agressions homophobes ne doivent pas être pris pour les seuls actes contre les homos en France. Beaucoup de faits sont ignorés et cachés. Pour le Président de SOS Homophobie, Bartholomé Girard : « A côté des vandalismes, passages à tabac, viols, meurtres et autres manifestations flagrantes, les agressions sourdes, latentes, insidieuses font légion. Faute de preuves, de trop nombreuses personnes ne peuvent obtenir réparation, ne sont pas même reconnues comme victimes. Une insulte lâchée dans une cage d’escalier par un voisin, une mère qui exclut son fils homosexuel de chaque repas familial, un homme qui ne salue jamais sa collègue lesbienne… sont autant de comportements de rejet contre lesquels, malheureusement, les homosexuel-le-s et trans sont désarmé-e-s. »
Les chiffres clés de l’homophobie en France (selon sos homophobie) :
76% sont des hommes,
22% sont des femmes
2 % des transexuels
47% des agressions homophobes ont lieu dans les lieux publics
Pour aller plus loin sur le sujet :
– voir le site internet de l’association SOS Homophobie (cliquez ici)
– vous pouvez aussi commander le rapport de l’association 10 euros (cliquez ici)
– Contactez en cas de besoin SOS Homophobie au 0.810.108.135 (prix appel loca)
– Sos homophobie en Normandie à Caen : voir fiche sur gaynormandie (cliquez ici)
Dans le monde
Selon l’ILGA, en 2010, 76 pays continuent d’engager des poursuites contre des personnes sur la base de leur orientation sexuelle. En 2009, ils étaient 77. Cette année, l’Inde ne fait plus partie de la liste.
Parmi ces 76 pays, 5 d’entre eux condamnent les actes homosexuels par la peine de mort : l’Iran, la Mauritanie, l’Arabie Saoudite, le Soudan et le Yémen ainsi que certaines régions du Nigeria et de la Somalie. Pour les autres pays, les actes homosexuels sont condamnés par une peine de prison.
Au préalable, il est important de nuancer ce que l’on nomme un pays « homophobe« . Ainsi, il faut comprendre ce qui est puni par cette liste de pays. En effet, il peut être toléré que deux hommes s’embrassent dans la rue ou se tiennent par la main. Mais d’un autre côté, ce même pays condamnera l’acte de sodomie entre deux hommes. C’est cette législation qui est observée dans cet exercice. Mais il ne faut pas se voiler la face. Le fait de condamner l’acte sexuel entre deux homos revient à condamner l’homosexualité.
Aussi, si vous voyagez dans un pays listé parmi ces 76 nations et que vous observez régulièrement des individus se promenant main dans la main ou des bars gays ayant pignon sur rue, pensez que c’est l’acte sexuel qui est punie là où vous vous trouvé. La législation et le Gouvernement de ce pays demeurent homophobes.
Le fait d’établir une liste de pays homophobe est intéressant. Mais il faut aussi reconnaître que de nombreux pays et gouvernements réalisent des efforts en faveur de l’égalité de traitement homo/hétéro. Certains pays reconnaissent le mariage des couples de même sexe, d’autre mettent en place des dispositifs assimilés au mariage. Enfin, conscient des relents homophobes de la société, d’autres pays mettent en place des lois anti-discrimination.
(cliquez sur la carte pour l’agrandir)
Vue d’ensemble des droits LGBT dans le monde
Voici le détail pays par pays de l’état de l’homophobie dans le monde. L’année entre parenthèse présente la date de mise en vigueur de la législation par le pays concerné.(source : ILGA)
Actes homosexuels légaux (115 pays).
Afrique
Afrique du Sud (1998), Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Cap-Vert (2004), Gabon, Guinée-Bissau (1993), Guinée équatoriale (1931), Madagascar, Mali, Niger, République centrafricaine, Congo, République démocratique du Congo, Rwanda, Tchad.
Amérique du Nord
Canada (1969), États-Unis d’Amérique (2003, pour chaque État voir note de fin)106,
Amérique Latine et les Caraïbes
Argentine (1887), Bahamas (1991), Bolivie, Brésil (1831), Costa Rica (1971), Cuba (1979), Chili (1999), Colombie (1981), Equateur (1997), Guatemala, Haïti, Honduras (1899), Mexique (1872), Nicaragua (2008), Panama (2008), Salvador, République dominicaine, ainsi qu’Aruba, pays associé aux Pays-Bas, et les Antilles néerlandaises Paraguay (1880), Pérou (1836-37), Suriname (1869), Uruguay (1934), Venezuela
Asie
Cambodge, Chine (1997), Corée du Nord, Corée du Sud, ), India (2009), Indonésie, Israël (1988), Japon (1882), Jordanie (1951), Kazakhstan (1998), Kirghizistan (1998), Laos, Mongolie (1987), Népal (2007), Philippines, Taiwan (1896), Tadjikistan (1998), Thaïlande (1957), Timor oriental (1975), Turquie (1858), Vietnam, ainsi que la Cisjordanie (1951) au sein de l’autorité Palestinienne
Europe
Albanie (1995), Allemagne (1968-69), Andorre, Arménie (2003), Autriche (1997), Azerbaïdjan (2000), Belgique (1995), Bosnie-Herzégovine (1998), Bulgarie (1968), Croatie (1977), Chypre (1998), Danemark (1933), Espagne (1979), Estonie (1992), Finlande (1971), France (1991), Géorgie (2000), Grèce (1951), Hongrie (1962), Irlande (1993), Islande (1940), Italie (1890), Kosovo (1994), Lettonie (1992), Liechtenstein (1989), Lituanie (1993), Luxembourg (1995), Macédoine (1996), Malte (1973), Moldavie (1995), Monaco (1993), Monténégro (1977), Pays-Bas (1811), Norvège (1972), Pologne (1932), Portugal (1983), République tchèque (1962), Roumanie (1996), Royaume-Uni (et associés), Russie (1993), Saint-Marin (1865), Serbie (1994), Slovaquie (1977), Suède (1944), Suisse (1942), Ukraine (1991), (Cité du) Vatican.
Océanie
Australie, Fidji (2010), îles Marshall (2005), Micronésie, Nouvelle-Zélande (1986), Vanuatu et les pays associés à la Nouvelle-Zélande, Niue (2007) et Tokelau (2007)
Veuillez noter que les activités homosexuelles n‘ont jamais fait l‘objet de peines pénales au Bénin, Burkina-Faso, en République de Centrafrique, au Tchad, Congo-Brazzaville, en Côte d‘Ivoire, République démocratique du Congo, au Gabon, à Madagascar, au Mali, Niger et Rwanda.
Actes homosexuels illégaux (76 pays)
Afrique
Algérie, Angola, Botswana, Burundi, Cameroun, Comores, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Libéria, Malawi, Mauritanie (peine de mort), Maurice, Maroc, Mozambique, Namibie, Nigéria (peine de mort dans certains États), Ouganda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudan (peine de mort), Swaziland, Tanzanie, Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwe
Amérique du Nord
Aucun.
Amérique Latine et les Caraïbes
Antigua-et-Barbuda, Barbade, Belize, Dominique, Grenade, Jamaïque, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines, Trinité-et-Tobago, Guyane
Asie
Afghanistan, Arabie saoudite (peine de mort), Bangladesh, Bhoutan, Brunei, Émirats arabes unis, Iran (peine de mort), Koweït, Liban, Malaisie, Maldives, Myanmar (Birmanie), Oman, Ouzbékistan, Pakistan, Qatar, Singapour, Sri Lanka, Syrie, Turkménistan, Yémen (peine de mort), ainsi que la bande de Gaza au sein de l’autorité Palestinienne
Europe
République turque de Chypre du Nord (non reconnue internationalement)
Océanie
Kiribati, Nauru, Palau, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa, Salomon, Tonga, Tuvalu, ainsi que les îles Cook, associées à la Nouvelle-Zélande
Statut légal ambigu pour trois pays : Irak, Djibouti, Bahreïn.
Actes homosexuels passibles de la peine de mort
(5 pays et des parties du Nigéria et de la Somalie)
Afrique
Mauritanie, Soudan, ainsi que 12 États du Nigeria et les parties méridionales de la Somalie)
Asie
Arabie saoudite, Iran, Yémen
Mariage ouvert aux couples de même sexe (10 pays)
(mise à jour : juillet 2010)
Afrique
Afrique du sud (2006)
Amérique du Nord
Canada (2005), ainsi que certains endroits aux Etats-Unis
Amérique Latine et les Caraïbes
Au Mexique, dans le District fédéral (2010), Argentine (2010)
Europe
Belgique (2003), Espagne (2005), Norvège (2009), Portugal (2010) Pays-Bas (2001), Suède (2009), Islande (2010)
Loi sur les partenariats enregistrés offrant aux partenaires de même sexe la plupart des (ou tous les) droits du mariage (11 pays)
Amérique du Nord
Quelques États-des États-Unis148
Amérique Latine et les Caraïbes
Uruguay (2008), ainsi que Buenos Aires (2003), Rio Negro (2003) et Villa Carlos Paz (2007) en Argentine, et Rio Grande du Sud (2004) au Brésil.
Asie
Israël (1994)
Europe
Allemagne (2001), Autriche (2010), Danemark(1989), Finlande (2002), Hongrie (2009), Islande (1996), Royaume-Uni (2005), Suisse (2007)
Océanie
Nouvelle-Zélande, ainsi que quelques parties de l‘Australie
Loi sur les partenariats enregistrés offrant aux partenaires de même sexe quelques droits du mariage (10 pays)
Amérique du Nord
Un certain nombre de grandes et petites villes aux États-Unis
Amérique Latine et les Caraïbes
Équateur (2009), Uruguay (2008) ainsi que Buenos Aires (2003), Rio Negro (2003) et Villa Carlos Paz (2007) en Argentine, les États mexicains de Coahuila (2007) et et Rio Grande do Sul (2004) au Brésil
Europe
Andorre (2005), Croatie (2003), Danemark (2010), France (1999), Luxembourg (2004), Portugal (2001), République tchèque (2006) Slovénie (2006)
Océanie
Australie (2008-2009)
De plus, l‘adoption par le deuxième parent dans un couple homosexuel est également légale en Allemagne (2005), ainsi qu‘en Tasmanie (2004) en Australie, et en Alberta au Canada.
Adoption conjointe pour les couples de même sexe (10 pays)
Afrique
Afrique du Sud (2002)
Amérique du Nord
La plupart des provinces canadiennes et quelques parties des États-Unis
Amérique Latine et les Caraïbes
Au Mexique, dans le District fédéral (2010) et à certains endroits au Brésil
Asie
Israël (2008)
Europe
Andorre (2005), Belgique (2006), Danemark (1 juillet 2010), Espagne (2005), Islande (2006), Pays-Bas (2001), Norvège (2009), Royaume-Uni (2005)156, Suède (2003)
Océanie
Territoire de la capitale (2004) et Australie occidentale (2002) en Australie
Pour aller plus loin sur le sujet :
– Voir le site internet de l’ILGA (cliquez ici)
– Voir le rapport annuel 2010 de l’ILGA détaillé par pays format pdf (cliquez ici)
– Voir la fondation Emergence qui participe à la lutte contre l’homophobie au niveau international (cliquez ici)