(article publié le 8 août 2014)
Cela faisait plus d’un an que l’initiative d’un projet de permanence et d’hébergement d’urgence pour les jeunes homosexuels était sur les rails. Aujourd’hui, le projet est mal parti. Dans un article paru aujourd’hui dans Paris-Normandie, Florian Verdière dénonce tristement l’arrêt du projet de la part de la structure associative Le Refuge. Mais la version de l’association est quelque peu différente.
L’idée était de créer à Rouen une antenne de l’association nationale Le Refuge. Cette association née en 2003 propose un suivi et un hébergement temporaire aux jeunes filles et garçons, victimes d’homophobie et jeté à la rue quand leur famille n’accepte pas leur homosexualité. Le Refuge n’a actuellement pas d’antenne dans le nord-ouest de la France d’où l’idée de prospecter sur Rouen et son agglomération. C’était bien le rôle de Florian mandaté par l’association Le Refuge en 2013 (relire article ici).
Différence de point de vue
Mais apparemment Florian et Le Refuge n’ont pas la même notion de leur mission.
Pour Florian, sa mission semblait assez claire : «Moi, j’ai fait appel par le biais de Paris-Normandie à toutes les bonnes volontés. Aux politiques. Avant, pendant et après les élections municipale. J’étais soutenu par l’association Homosexualités et socialisme. Travaillant alors à la SNCF, j’ai demandé à mon employeur de soutenir une demande de subvention. Et obtenu 3 000 €. ».
Pour la direction du Refuge : «Si nous avons missionné ce monsieur, cela n’aura duré que quelques minutes » précise Frédéric Gal, directeur du Refuge à Paris-Normandie.
Beaucoup de bruit…
Il faut bien reconnaître à Florian sa détermination et son envie d’aider le Refuge. Avec HES (Homosexualité et Socialisme) il a réussi à mobiliser de nombreux partenaires notamment associatifs même si cela n’a pas débouché sur un partenariat effectif et immédiat. Des élus, des responsables associatifs se sont mis autour de la table pour évoquer le projet d’un hébergement d’urgence à Rouen.
L’association considère que Florian dépasse sa mission en lui reprochant de « De signer une convention avec l’association Aides pour un local sans nous avoir prévenus au préalable. Il était parrain de ce dossier et non l’instigateur. C’est une action montée par le Refuge. » précise le directeur de l’association.
Le président du Refuge Nicolas Noguier a précisé à GAYVIKING : « nous avons un processus de validation des créations d’antenne qui se doit d’être très rigoureux. De plus, nous sommes particulièrement attachés aux valeurs portées par l’humilité. Nous sommes vigilants à ce que les personnes qui souhaitent porter un projet soient détachées de toute ambition personnelle. » et d’ajouter : « Nous n’avons pas pu poursuivre la collaboration avec Monsieur Verdière pour plusieurs raisons notamment le fait qu’aucun projet présentant l’état des lieux, les partenaires et les actions envisagées n’a été déposé par ce dernier. De fait, notre conseil d’administration n’a pas pu valider un projet qui n’existait pas. »
L’association Le Refuge a également reproché le comportement de Florian vis à vis de ses adhérents et de considérer que « La démarche de Monsieur Verdière était fortement politisée et notre association est apolitique« . C’est pour ces raisons que le Refuge n’a pas pu officialiser ses relations avec Florian, sans doute que l’implication de l’association HES (homosexualité et socialisme) auprès de Florian n’était pas adaptée pour le Refuge. (mise à jour : HES a précisé par communiqué qu’il n’a jamais eu le soutien annoncé).
Un espoir
Florian est naturellement déçu après tant d’énergie dépensée, il le vit un peu comme une injustice. Problème de communication ? Sans doute mais c’est un beau gâchis et c’est l’image du projet qui en prend un coup.
Mais rien n’est perdu, l’association Le Refuge a précisé que le projet n’était pas enterré et qu’une autre personne pouvait reprendre le flambeau pour remettre sur les rails une antenne à Rouen. Nicolas Noguier précise : « Toutefois, le projet ne se résume pas à une personne et il repart sur des bases très solides. Le Refuge conserve sa dynamique de développement dans le Nord Ouest. Plusieurs commerçants solidaires s’investissement dans la ville de Rouen et font connaître nos actions à leurs clients. »
Le Refuge devrait également étudier un développement au Havre où fin août une rencontre entre le Refuge et la mairie est organisée pour envisager des actions à mener sur la commune et le territoire.
Pour Nicolas Noguier : « Nous recevons de nombreux appels de jeunes en situation de grand mal-être, originaires de Normandie. L’un des tous premiers jeunes accompagnés par l’association lors de sa création est, d’ailleurs, originaire de cette région. »
Sans doute un nouveau départ ! Espérons-le !
A propos du Refuge
Le Refuge est la seule association de lutte contre l’homophobie reconnue d’utilité publique et l’unique structure en France, conventionnée par l’Etat, à proposer un hébergement temporaire et un accompagnement social, médical et psychologique aux jeunes majeurs, filles et garçons, victimes d’homophobie ou de transphobie. L’association compte 7 délégations – Montpellier, Paris, Lille, Lyon, Marseille, Toulouse, Saint-Denis de la Réunion – et 5 antennes : Bordeaux, Perpignan, Avignon, Bastia, Strasbourg. Elle a soutenu 1 159 jeunes en 2013 et en a hébergé 202. Le Refuge compte 3 283 adhérents (janvier 2014).
Voir leur site internet : www.le-refuge.org
Le spot du Refuge pour sa campagne d’appel aux dons 2014. (Version 4 minutes) – réalisé par Pascal Petit