Le 30 septembre dernier, l’association a inauguré son local pour proposer des permanences (voir photos plus bas). En parallèle les premières possibilités d’hébergement des jeunes LGBT deviennent possibles.
Le Refuge est la seule structure LGBT en France à proposer un hébergement temporaire avec un accompagnement social aux jeunes majeurs victimes d’homophobie ou de transphobie. Des jeunes gays ou lesbiennes expulsés de chez eux en raison de leur homosexualité, Le Refuge, reconnue d’utilité publique, répond présent.
Aidé par de nombreux bénévoles, Philippe Paumelle, l’artisan de ce projet, nous raconte cette aventure.
Gayviking : Que comptez-vous proposer avec cette permanence ?
Philippe Paumelle : La permanence va dans un premier temps être ouverte le mercredi de 17h à 20h. Ce local sera un lieu d’accueil des jeunes hébergés avec qui nous organiserons des ateliers en tous genres, qu’ils soient sur la recherche d’emploi, la formation, mais aussi la cuisine par exemple.
Ce sera également un lieu de rencontre avec tous les jeunes qui ont envie de parler, d’être écouté, qui se posent des questions sur leur sexualité ou de jeunes qui ne savent pas comment réagir face au coming-out d’un de leur ami par exemple…
Mais aussi à des parents qui se sentent mal à l’aise avec le sujet. Nous voulons que ce lieu soit un lieu de vie, d’échanges, et de rencontres.
Le parcours a été long et difficile… ?
Pour ce qui est du local c’est un peu compliqué a expliqué… , mais pour faire simple, les bailleurs sociaux nous ont expliqué que pour les associations, si nous trouvions un local en Quartier Prioritaire de Ville nous ne paierions pas de loyer ce qui a compliqué un peu la recherche. D’autant que nous avions cet impératif qu’il soit situé en centre ville ou très proche. Ce local est donc financé par Logéo Seine estuaire intégralement et il récupèrera, selon la convention en vigueur, les sommes non perçues en déduction de leurs charges en fin d’année.
Au niveau de l’hébergement des jeunes, comment cela se passe t’il, avez-vous des appartements, chambres d’hôtel pour les accueillir et combien de temps pourrez-vous les héberger ?
Nous avons trouvé un appartement relais pour 3 à 4 jeunes depuis le mois de mars mais pour ce lieu le financement a été beaucoup plus compliqué à trouver. Très rapidement la Ville du Havre nous a octroyé une subvention à hauteur de la moitié du loyer annuel. Pour le reste nous étions dans l’impasse et finalement Logéo Seine Estuaire a décidé de nous offrir le solde. Dans un premier temps nous n’aurons que cet appartement. Toutefois il sera toujours possible de pallier par une chambre d’hôtel dans l’urgence durant 2 ou 3 jours en attendant qu’une place se libère ou qu’un jeune parte vers une autre région en fonction des places disponibles.
Aujourd’hui combien êtes-vous de bénévoles sur cette antenne locale du Refuge, avez-vous des salariés, des professionnels ?
Nous sommes aujourd’hui 45 bénévoles dont une vingtaine très actifs. Nous ne pouvons pas encore financer de salaire, donc pas de salarié pour le moment, mais en attendant nous avons la chance d’avoir parmi nos bénévoles psy et travailleurs sociaux.
Avez-vous encore besoin de bénévoles et avec quelles compétences ?
Nous recevons toujours des demandes de bénévolat et nous les étudions toutes. Mais ce dont nous avons le plus besoin ceux sont des psychologues et des travailleurs sociaux et plus particulièrement un(e) ou deux conseiller(ère) en économie sociale et familiale pour l’accompagnement des jeunes.
Il faut être conscient que le bénévolat au Refuge c’est un minimum de 20h de disponibilité par mois.
Est-ce-que vous engagez un contact avec les parents des jeunes que vous accueillez ?
Au moment de l’accueil d’un jeune, la première chose qui nous faisons est la rencontre avec un psychologue, puis avec un travailleur social. Si le jeune le souhaite, et exclusivement dans ce cas, nous tenterons de faire renouer le jeune avec sa famille dans un premier temps par un appel téléphonique du psychologue aux parents. S’ils sont d’accords, nous programmerons un rendez vous téléphonique entre le jeune et ses parents et en fonction du résultat de ce contact et nous proposerons aux parents de venir au local pour rencontrer leur enfant, en notre présence, puis en tête à tête.
On vous a vu dans de nombreuses actions et manifestations sur la région auprès des autres associations LGBT à Caen et à Rouen notamment, quels sont les liens que vous tissez avec elles ?
On essaye de participer à un maximum de manifestations où sont présentes les associations LGBT sur la Normandie. Le premier objectif est de se faire connaitre et que les jeunes qui pourraient être concernés par le Refuge sachent où s’adresser. Nous aimerions également que les associations normandes servent de relais auprès des jeunes de leur ville et de leur département pour les orienter vers le Refuge en cas de nécessité.
Par ailleurs, nous envisageons de faire des permanences ponctuelles d’abord dans des villes proches du Havre comme Gonfreville l’Orcher, Harfleur ou Fécamp, puis à terme à Rouen où des contacts sont déjà pris avec Géraldine de LBTG, mais aussi à Caen, et pourquoi pas à Alençon et à Cherbourg même si nous n’avons pas encore de contact.
Nous avons d’ores et déjà des liens avec les associations AIDES et ENIPSE pour tout ce qui est prévention auprès des jeunes. Nous sommes ouverts à toute proposition de partenariat et de manifestation en commun. L’union dans les actions ne peut-être que bénéfique à tout monde pour porter nos messages et nous envisageons très sérieusement d’étudier avec Normandie Pride l’organisation d’une Marche des diversités au Havre.
GAYVIKING : Un dernier mot à ajouter ?
Je suis particulièrement fier de tous les bénévoles qui ont œuvrés pour que la Délégation du Refuge de Seine Maritime voit le jour au Havre. Dans l’immédiat il n’y a pas d’autre création de délégation prévue en France. Dans quelques années, si un porteur de projet s’identifiait dans le 27, le 14 le 50 ou le 61, nous serions très heureux de lui apporter notre soutien et notre aide.
Mais en attendant il nous faut être tous solidaire pour que chacune de nos associations puisse vivre et grandir. Nous avons tous le même message, la même mission, faire reculer l’homophobie, la transphobie, la biphobie et toute autre forme de discrimination sur notre territoire : faisons le tout simplement ensemble pour être plus efficace.
Photos
Inauguration du nouveau locale du Refuge Seine-Maritime le samedi 30 septembre 2017 avec les élus de la ville du Havre, notamment le Maire de la commune, Luc Lemonnier, les dirigeants nationaux du Refuge (Frédéric Gal le Directeur Général / Nicolas Noguier le Président) et de très nombreux bénévoles de la délégation locale autour de Philippe Paumelle. (photos : Le Refuge et Benji Enipse)
Contacts
Local du Refuge au Havre : 56 rue Labedoyère. Accueil public entre 17h et 20h les mercredis.
Site internet de l’association Le Refuge : www.le-refuge.org (vous pouvez faire un don sur le site de l’association et même votre souhait d’affecter votre don à la délégation Seine-Martime dans la zone « message »)
Ligne d’urgence 24h/24 – 7j/7 : 06 31 59 69 50
Page Facebook du projet de délégation Le Refuge en Seine-Maritime