(article publié le 4 février 2016)
Le tribunal correctionnel du Havre a tranché. Essam est reconnu coupable et condamné à 22 mois de prison.
Son délit : agression de deux jeunes femmes car elles étaient homosexuelles.
Selon les paroles rapportées à l’audience par Matthias Chaventré, journaliste à Paris-Normandie, l’homme de 30 ans avait insulté les jeunes femmes en décembre dernier.
Sur le chemin de la gare, l’accusé insulte les deux jeunes femmes : «T’iras en enfer, lesbienne. Tu es le mal incarné », « Des gens comme toi ne devraient pas naître », « Je vais faire comme au Bataclan. Les gens comme toi vont faire boum. ».
Il s’en suivra une agression physique au visage, sur les cheveux et des crachats. De retour à leur domicile, les deux femmes alertent la police. L’agresseur interpellé, immédiatement reconnue par les deux femmes, sera mis en détention provisoire.
Agressées car homosexuelles
L’agresseur habitait auparavant dans le même quartier que l’une des deux jeunes femmes et avait vraisemblablement bien identifiée l’une de ses futures victimes et notamment le fait qu’elle soit lesbienne.
Pour l’avocate des deux femmes qui se sont constituées parties civiles, le motif de l’homophobie ne fait pas de doute. Pour Maître Solène Loue « Mes clientes n’ont pas été agressées parce qu’elles se trouvaient au mauvais endroit, au mauvais moment. Elles l’ont été en raison de leur orientation sexuelle »
Lors du procès, les difficultés d’élocution de l’accusé, au casier judiciaire déjà bien chargé, n’ont pas bernées le tribunal. Bien qu’il ait nié les faits, Essam a été reconnu coupable et condamné à 22 mois de prison pour l’agression mais également pour des faits commis en novembre dernier (état d’ivresse et possession de cannabis). Il est actuellement en prison.
Lieux publics : insultes décomplexées
Dans son dernier rapport, l’association SOS Homophobie notait que la lesbophobie ne faiblissait pas avec une augmentation du nombre de cas (328 en 2014 contre 314 en 2013… du moins pour les témoignages étant parvenus à l’association). La part des témoignages de lesbophobie représentait 16% des cas d’homophobie déclaré à l’association.
SOS Homophobie indiquait que cela ne signifiait pas que les lesbiennes étaient « mieux tolérées » dans la société, mais qu’elles avaient plus de mal à dénoncer ce qu’elles vivaient.
Par ailleurs, l’espace public est le lieu principal des manifestations de lesbophobie en 2014 avec 30% des témoignages contre 19% en 2013… les insultes dans la rue semblent se décomplexer.
Selon l’association SOS Homophobie : « Pour les lesbiennes, montrer des signes d’affection à sa partenaire en public semble dangereux. Les agresseur-e-s justifient leurs actes en parlant de « provocation » de la part de ces femmes. Ainsi une jeune lycéenne a-t-elle été aspergée d’eau par un chauffeur de bus à Nancy alors qu’elle venait d’embrasser sa copine. »
Dans cette affaire havraise, la justice a été rendue. Néanmoins, les combats contre l’homophobie, la lesbophobie, ne sont pas près de s’éteindre.
Pour aller plus loin :
Lien : association SOS Homophobie (lien externe)
Lien : Rapport annuel 2015 de SOS Homophobie (lien externe, doc. pdf)
Lien : Enquête sur la Lesbophobie (lien externe)
Lien : URGENCE Homophobie: que faire ? (article gayviking)
Lien : rubrique « Homophobie » (rubrique gayviking)
Lien : article de Paris-Normandie sur l’affaire (lien externe)
(photos à titre d’illustration – source photo de la 1ière image : extrait de la couverture les Inrocks)