Face à l’apparition d’un nouveau variant du mpox, nous mettons à jour notre article. Initialement dénommée la variole du singe ou monkeypox, le nom officiel de cette maladie est désormais mpox. Tout savoir sur le mpox. De quoi s’agit-il ? Quels sont les symptômes ? Comment peut-on l’attraper et donc l’éviter ? Quel vaccin ?
Depuis ce mois d’août 2024, une nouvelle souche du virus mpox est actuellement en circulation. Cette souche est plus létale. Elle se dénomme le « clade 1b ». L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a déclenché son plus haut niveau d’alerte. La nouvelle souche s’est propagée sur le continent africain et l’Europe devrait être touchée à son tour. Plus de 18 700 cas sont suspectés ou confirmés en Afrique depuis le début de l’année, dont 1 200 en une semaine.
(mise à jour le 7 septembre 2024)
En 2022, c’était le sujet le plus sensible en terme de santé publique et pourtant cette maladie ne date pas d’aujourd’hui. En 2022, c’était la souche dite « clade 2b » qui était en circulation dans les pays occidentaux. Une proportion importante parmi les malades étaient des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. La communauté gay, très sensibilisée aux enjeux de santé sexuelle depuis la pandémie de sida, avait réussi à se mobiliser rapidement pour limiter la contamination. Aujourd’hui la situation est quelque peu différente…
Variole du singe : de quoi s’agit-il ?
La mpox (variole du singe) est une maladie infectieuse. Le mot anglais souvent utilisé est monkeypox (monkey=singe). Son nom scientifique est « orthopoxvirose simienne« .
Le nom de la variole du singe est inadapté. Il date de 1958 quand des scientifiques l’avaient isolée sur un singe. Toutefois, la maladie n’est pas spécifique à cet animal. Le rongeur est l’espèce la plus contaminée. A cet égard, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a renommé la maladie en mpox.
Ce virus est de même structure que la variole, mais diffère dans sa gravité. La variole a été éradiquée en 1980 grâce à la vaccination de la population. On pourrait dire que la variole du singe est le cousin du virus de la variole.
La mpox est principalement présente en Afrique du centre et de l’ouest. D’abord sur les animaux, le virus s’est propagé à l’être humain.
Ce virus n’est donc pas nouveau. La planète a déjà connu plusieurs épidémies. Entre 1980 et 2000, les pays d’Afrique étaient les plus touchés. Puis début des années 2000, des épidémies (souvent courtes) se sont produites dans des pays développés comme les Etats-Unis en 2003 (70 cas).
A partir de 2018, le virus a commencé à se propager en Israël, Royaume-Uni et de nouveau aux Etats-Unis.En 2022, l’Europe est particulièrement touchée.
Au 1er septembre 2022 : 3 646 cas confirmés ont été recensés en France dont 39 en Normandie. L’Ile-de-France est la région la plus touchée avec 2 236 cas.
107 cas d’infections en France en 2024 (mpox, « clade 2b »)
En 2023 et 2024, l’épidémie en France est limitée. La Normandie a connu une cinquantaine de cas au final. La vaccination s’est rapidement développée dans les centres de santé sexuelle, les CEGIDD. Du 1er janvier au 30 juin 2024, un total de 107 cas d’infection à virus Monkeypox (mpox) ont été signalés à Santé publique France dont 2 en Normandie. Il s’agit de l’ancien variant « clade 2b ».
Le nouveau variant venant du continent africain dit « clade 1b » n’a pas encore été détecté en France.
Comment peut-on l’attraper ?
Le virus mpox est transmissible par contact direct avec les lésions cutanées ou avec les muqueuses notamment buccales et génitales, mais aussi par les gouttelettes respiratoires.
Les rapports sexuels, avec ou sans pénétration, et quelle que soit l’orientation sexuelle, permettent la contamination.
Selon le Ministère de la Santé, « les préservatifs ne protègent pas contre le virus Monkeypox, car les lésions présentes hors des muqueuses génitales et anales sont également contagieuses (par contact). »
On ne sait pas, à ce jour, avec certitude combien de temps le virus persiste dans le sperme et les sécrétions génitales, ni si les quantités émises peuvent transmettre la maladie. Le 8 juillet 2022 le Haut conseil de la santé publique (HCSP) recommande d’utiliser un préservatif lors des rapports sexuels jusqu’à 8 semaines après la fin de la période de contagiosité.
Par ailleurs, le virus peut également être transmis lors d’un contact prolongé dans le cas d’un partage de linge (vêtements, draps, serviettes,…), ustensiles de toilette (brosses à dents, rasoirs), vaisselle, sextoys, matériel d’injection.
L’incubation habituelle de la variole du singe est de 5 à 21 jours.
Le variant de 2022 « clade 2b » était mortel pour 1%. Le nouveau variant de 2024 « clade 1b » serait mortel entre 3 et 4%.
Tout le monde est concerné
Une proportion importante parmi les malades sont des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes pour le premier variant « clade 2b ». C’est pour cela que les récentes campagnes de vaccination en 2022 se sont focalisées sur cette population, même si toutes les personnes sont naturellement concernées.
Aujourd’hui avec le nouveau variant de 2024 « clade 1b », le mode de contamination s’élargit. La population touchée par le mpox s’élargit à toutes les personnes. Hétérosexuelles, homosexuelles, femmes, enfants sont contaminées.
Les personnes infectées sont contagieuses dès l’apparition des premiers symptômes, jusqu’à la cicatrisation complète des lésions et la chute des croûtes, le plus souvent en 3 semaines.
Quels sont les symptômes ?
L’incubation de la maladie peut aller de 5 à 21 jours. La phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. La maladie guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines mais parfois 4 semaines.
Les premiers symptômes de la variole du singe sont la fièvre, des douleurs musculaires, une fatigue. Puis un à trois jours plus tard, une éruption cutanée apparaît sur le corps (macules, papules puis pustules).
Les éruptions cutanées diffèrent selon les personnes : visage, mains, bras, pieds, mais aussi les zones génitales, anales et buccales avec des douleurs parfois intenses. Selon l’Assurance Maladie, des complications surviennent dans 1 à 10 % des cas. Aucune personne n’est décédée à ce jour en France. Dans le monde, neuf personnes sont décédées suite à des complications.
Des hospitalisations peuvent intervenir en cas de surinfection ou de douleurs insurportables.
Par la suite, les lésions cutanées se transforment en pustules remplis de pus devenant creuses et ulcérées pour terminer en croûtes. Une fois sèches, ces croûtes tombent. Les symptômes s’arrêtent.
Comment guérir de la variole du singe ?
Les personnes atteintes doivent impérativement s’isoler pendant 21 jours ou jusqu’à cicatrisation complète des lésions cutanées/muqueuses quand les croûtes tombent. En cas de déplacement lors d’un rendez-vous médical, le port du masque et le port de gants est obligatoire.
Néanmoins, il n’existe pas de traitement direct et immédiat contre ce virus. Le traitement repose sur la prévention de la surinfection, du traitement de la douleur (paracétamol ou molécules plus fortes en présence de douleurs génitales et anales, mais pas d’ibuprofène), et de la prévention des cicatrices inesthétiques.
Traitements limités
Les antibiotiques, traitements antiviraux, antiprurigineux ou anesthésiques n’auront pas d’effet et ne doivent pas être utilisés.
Les autorités de santé et les médecins préconisent « des douches quotidiennes à l’eau tiède avec un soin lavant dermatologique (surgras, syndet, huile de douche), bien rincer et d’éviter le bain. »
Des crèmes cicatrisantes contenant du sulfate de cuivre et sulfate de zinc évitent la formation de croûtes importantes, donc limitent les cicatrices et la surinfection. Elles sont à appliquer au stade de croûtes uniquement.
Par ailleurs, si la personne présente de fortes douleurs quand elle va aux toilettes (à cause des lésions anales), le médecin pourra prescrire des laxatifs.
Enfin, après la guérison, il est recommandé d’appliquer un écran solaire sur les anciennes lésions pour éviter la pigmentation des cicatrices.
Finalement, on ne peut pas dire qu’il existe un traitement. Le vaccin reste un outil de prévention important.
Et le vaccin ? Pour qui ?
En premier lieu, il faut savoir que les personnes ayant été en contact avec un patient infecté (avant 14 jours mais idéalement dans les 4 jours) peuvent bénéficier d’une vaccination afin de limiter le développement de la maladie.
Sur les trois dernières années 150 000 personnes ont été vaccinées en France. Le Ministre de la santé, Frédéric Valletoux, se veut rassurant même s’il est encore trop tôt pour avoir des certitudes sur la durée d’efficacité du vaccin de 2022 sur le nouveau variant « clade 1b ».
« Aujourd’hui, nous avons des stocks robustes qui permettent une réponse adaptée. Nous en avons plus qu’en 2022 et nous pouvons en commander rapidement si besoin. Nous allons poursuivre la vaccination. » précise le ministre au journal Le Monde.
La vaccination cible le public le plus exposé, comme en 2022, mais également les personnes qui ont voyagé dans les zones touchées par le virus.
Aujourd’hui, seules les personnes dites à haut risque d’exposition peuvent bénéficier d’un vaccin préventif. Actuellement les autorités sanitaires ont défini différents groupes :
- les personnes voyageant dans les zones à risques actuellement contaminés par le virus,
- les personnes immunodéprimées
- les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes avec partenaires sexuels multiples,
- les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples,
- mais également les travailleurs et travailleuses du sexe,
- et enfin les professionnels des lieux de consommation sexuelle.
Schéma vaccinal
Le schéma vaccinal comprend 2 doses. Les personnes ayant déjà été vaccinées contre la variole quand ils étaient enfants (avant 1980) recevront une seule dose. A noter que les personnes immunodéprimées pourront recevoir trois doses.
Auparavant fixé à 28 jours, le délai entre les deux doses de vaccin contre la variole du singe a été allongé à deux mois. Une dose du vaccin permettra déjà d’éviter les formes graves.
Il faut bien noter que la vaccination ne confère pas une protection immédiate, aussi il est important de continuer à éviter tout contact à risque avec une personne infectée par le virus de la variole du singe pendant au moins 15 jours. L’efficacité du vaccin après 1 ou 2 doses, ne sera jamais de 100%. Selon les lectures scientifiques, son efficacité avoisinerait les 85%.
Vaccin : combien de doses en 2024 ?
La haute autorité de santé (HAS) a actualisé ses recommandations le 2 septembre 2024.
Si depuis 2022 vous avez été vacciné :
– vous n’avez pas besoin d’une deuxième dose si vous avez été vacciné quand vous étiez enfant (personnes nées avant 1980).
– vous êtes né après 1980, sans avoir été vacciné étant enfant : il est conseillé de se faire vacciner dès maintenant pour recevoir une dose de rappel (même si vous avez reçu un schéma complet avec deux doses en 2022).
– si vous êtes une personne immunodéprimé : vous devez il est conseillé d’avoir trois doses du vaccin dans tous les cas (né avant ou après 1980), et une dose de rappel en 2024 si vous avez déjà eu vos trois doses en 2022.
Si en 2022 ou 2023 vous n’avez pas été vacciné : dans ce cas, vous devez être vacciné dès maintenant pour assurer une protection optimale. Vous recevrez deux doses du vaccin.
Où se faire vacciner ?
Si vous êtes dans un groupe de population à risque ou si vous pensez avoir été en contact avec une personne contaminée, la vaccination sera possible. Dans ce cas, vous devez prendre rendez-vous auprès d’un centre de vaccination.
Le Ministère de la Santé, a publié une carte avec les coordonnées des Centres. Le plus souvent, il s’agit d’un CEGIDD (Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic). Les rendez-vous sont pris par téléphone ou sur la plateforme Doctolib.
Pour se faire vacciner, pas besoin de carte vitale ou d’aide médicale d’Etat, la vaccination est gratuite pour tout le monde.
Plus d’infos
Site d’information monkeypox info service
Enfin, une ligne téléphonique est mise en place par Santé Publique France :
0 801 90 80 69 : 7 jours sur 7, de 8h à 23h, pour répondre aux éventuelles interrogations.
(en fonction de l’actualité sanitaire, cette fiche sera régulièrement remise à jour)