Pour la première fois à Cherbourg, une manifestation en mixité choisie, c’est à dire réservée aux femmes et aux personnes LGBT+, a mis en lumière de profondes fractures autour de l’occupation de l’espace public. Soutiens, critiques et rappels institutionnels se sont entrechoqués, comme le montre la presse locale.
La manifestation féministe en mixité choisie organisée à Cherbourg le 25 novembre 2025, une première dans la ville, a mobilisé la presse locale tant elle cristallise débats, incompréhensions et éclairages militants. Les cinq articles publiés les 24, 25 et 26 novembre montrent une controverse nourrie, où se croisent inquiétudes citoyennes, rappels institutionnels et revendications féministes.

Peur d’être agressée
Dans « Violences faites aux femmes : à Cherbourg, une manifestation en mixité choisie « pour se réunir en sécurité » » (ICI Normandie), Clémentine Prouteau expose la motivation des organisatrices : permettre aux personnes concernées de se retrouver sans crainte. Pascale Tourmente, du Comité Manche Droits des femmes, rappelle ainsi : « Nous, ce qu’on veut, pour une fois, c’est la rue. »
Certaines militantes soulignent la difficulté persistante à se sentir en sécurité la nuit : « C’est la peur d’être agressée, d’être jugée », explique Florence Desrame de Sud Éducation.
Face à cela, des hommes interrogés expriment leur scepticisme : « C’est un peu sexiste », estime Maxime, tandis qu’un autre juge l’initiative « un peu bizarre ».
Recadrer le débat ?
La même tension traverse Ouest-France. Tristan Lombard y rapporte les critiques nées en ligne : « Militer dans l’entre-soi », « Pourquoi exclure des hommes qui soutiennent la cause ? ». Mais aussi les contre-arguments : « Tous ces commentaires masculins pour expliquer aux femmes comment faire du féminisme… » répondent certaines internautes.
Une porte-parole du Planning familial tente de recadrer le débat : « La mixité choisie est utilisée depuis longtemps dans les groupes de parole. La parole circule autrement entre personnes ayant vécu des situations comparables. »

Se réapproprier la rue
Face aux interrogations, La Presse de la Manche, indique que la manifestation sera bien « ouverte à tous » et relaie la position du sous-préfet : la voie publique est un « espace ouvert à tous ». Les organisatrices, elles, insistent ne pas vouloir d’interdiction formelle, mais plutôt créer un moment symbolique : « Nous avons besoin de nous retrouver entre nous, le temps d’une marche, pour nous réapproprier la rue et la nuit. » Un second article du journal, « Qu’est-ce qu’une manifestation « en mixité choisie » ? », montre que la formule divise : Romain, un habitant, juge la démarche « excluante et trop radicale ».
« Nous sommes fortes ! »
Enfin, Ouest-France décrit le lendemain de la soirée dans « « Nous sommes fortes » : une centaine de personnes à Cherbourg pour manifester en mixité choisie ».
Malgré la position officielle, seules les catégories appelées ont défilé. Les participantes ont scandé : « Nous sommes fortes, nous sommes fières, et féministes et radicales et en colère ! », tout en rendant « femmage » aux 144 victimes de féminicides de 2025. Elles rappellent aussi une réalité brutale : « 97 % de ces féminicides sont le fait d’hommes. »
Une marche qui, au-delà de la polémique, interroge profondément la place que prennent — ou que l’on laisse — aux femmes et aux personnes LGBT+ dans l’espace public, surtout la nuit.
+pour aller plus loin
Site du Gouvernement sur les violences faites aux femmes : chiffres 2024
Le numéro d’écoute, d’information et d’orientation: 3919