(article publié le 27 mars 2015)
L’INVS (Institut national de veille sanitaire) vient de publier les derniers données de l’épidémie du SIDA en France pour l’année 2013. Si on peut se satisfaire de la stabilité des chiffres de contamination, l’épidémie est toujours présente et ne régresse pas. Un chiffre plus inquiétant est la recrudescence des contaminations chez les jeunes gays de moins de 25 ans. La proportion passe de 8 à 14% en 2013. Une campagne de sensibilisation plus ciblée s’impose.
Comme les années précédentes, GAYVIKING vous propose le bilan de l’épidémie notamment par région. En 2013, 6.220 séropositivités au VIH ont été découvertes en France contre 6.217 un an auparavant. Bien entendu ces chiffres ne prennent en compte que les personnes ayant été dépistées.
Plus de jeunes contaminés
55% hétérosexuel(le)s (8% ont moins de 25 ans et 28% ont plus de 50 ans)
45% homosexuels (14% ont moins de 25 ans et 13% ont plus de 50 ans)
2% ont fait usage de drogue
Parmi les nouvelles contaminations en 2013, 55% avaient eu des rapports hétérosexuels, 45% des rapports homosexuels et 2% ont été contaminés par l’usage et l’échange de seringues (drogue).
Eu égard à la faible proportion de la population homosexuelle en France, les gays restent toujours les premières victimes de l’épidémie du sida en France et la proportion des moins de 25 ans augmente sensiblement passant de 8% en 2003 à 14% en 2013.
En parallèle, le nombre de dépistages au VIH augmente permettant ainsi un diagnostic plus précoce notamment chez les jeunes homos. Mais la vigilance se relâche chez les gays de moins de 25 ans, les prises de risque augmentent lors de leur rapport sexuel.
L’INVS commence à s’inquiéter de ce résultat et conclue dans son rapport qu’une campagne de prévention adéquate doit cibler cette jeune population. L’épidémie n’est pas terminée, une évidence à rappeler. La faute en partie à l’Etat qui n’assure plus de grande campagne de communication de lutte contre le Sida.
Dépistages importants
En 2013, c’est 5,2 millions de dépistage au Vih qui ont été réalisés en 2013. Près de 75% des dépistages sont réalisés dans les laboratoires de ville. On peut aussi observer que les dépistages rapides et anonymes (Trod ou Flash test) se sont fortement développés en 2013 (344.000 tests anonymes dont 56.500 TROD).
Par ailleurs, on observe que les hétérosexuels sont moins enclins à se faire dépister par rapport aux homosexuels avec pour résultat un diagnostic tardif de leur séropositivité.
Répartition géographique
Rapporté à la population française, le nombre de découvertes de séropositivités en 2013 a été de 95 cas par million d’habitants (contre 97 en 2012). Ce taux de séropositivité est très disparate d’une région à une autre. Les chiffres sont plus importants en Ile de France (221 cas par millions d’habitants) notamment du fait d’une plus grande part de la population étrangère. Et les chiffres explosent dans les territoires d’outre-mer (de 225 pour la Martinique à 908 pour la Guyane).
En région, la région PACA est au deuxième rang et passe sous la moyenne nationale avec 93 cas de séropositivité par million d’habitant (-15% par rapport à 2012) suivit des régions Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et Alsace.
En Normandie, on peut observer une hausse de près d’un tiers des cas de séropositivité pour la Haute-Normandie (Seine-Maritime et Eure) avec 67 cas par million d’habitants contre 51 cas un an auparavant. La Basse-Normandie affiche 30 cas par million d’habitant en baisse de 26%. Deux régions voient le taux de séropositivité augmenter de façon importante : Champagne Ardenne (+61%) et Bourgogne (+81%). Des chiffres a relativiser en valeur absolue mais qui nécessite une vigilance accrue des autorités locales.
Contaminations annuelles : nombre de cas par millions d’habitants (Métropole des 22 régions seules) – classement 2013 par région et comparaison 2011- 2012
REGIONS | ANNEE 2011 |
ANNEE 2012 | ANNEE 2013 |
nombre de cas par million d’habitants | |||
ILE DE FRANCE | 222 | 227 | 221 |
PROVENCE ALPES COTE D’AZUR | 82 | 110 | 93 |
MIDI PYRENEES | 71 | 61 | 72 |
LANGUEDOC ROUSSILLON | 60 | 74 | 70 |
ALSACE | 60 | 54 | 70 |
HAUTE NORMANDIE | 58 | 51 | 67 |
CENTRE VAL DE LOIRE | 52 | 72 | 66 |
RHÔNE-ALPES | 61 | 61 | 62 |
PAYS DE LOIRE | 50 | 53 | 59 |
AQUITAINE | 63 | 65 | 57 |
CHAMPAGNE ARDENNE | 52 | 34 | 55 |
PICARDIE | 61 | 50 | 50 |
LIMOUSIN | 48 | 48 | 50 |
BOURGOGNE | 39 | 27 | 49 |
LORRAINE | 48 | 51 | 46 |
NORD PAS DE CALAIS | 37 | 40 | 44 |
BRETAGNE | 43 | 43 | 39 |
POITOU CHARENTE | 49 | 46 | 35 |
FRANCHE-COMTE | 18 | 40 | 34 |
BASSE NORMANDIE | 25 | 41 | 30 |
AUVERGNE | 33 | 35 | 24 |
CORSE | 19 | 16 | 16 |
Moyenne nationale | 93 | 97 | 95 |
Hausse des autres IST…
Il n’y a pas que le sida… Le centre régional de ressources d’Ile-de-France sur la prévention du Sida (Crips) met en avant un élément complémentaire au débat sur le développement des IST chez les gays.
Les infections sexuellement transmissibles (IST), autre que le Sida/Vih, sont en progression chez les gays notamment la syphilis et infections à gonocoques. Selon le CRIPS : « cette tendance pourrait être liée à l’adoption des méthodes de prévention alternatives au préservatif ,telles que le TASP (Treatment as prevention) permettant de rendre la charge virale indétectable et de diminuer le risque de transmission du VIH qui, en revanche, ne protègent pas des autres IST ».
Préservatif + dépistage = sécurité
Dans le monde…
Au niveau mondial selon l’ONUSIDA 35 millions de personnes vivent avec le VIH où la population d’Afrique est la première victime de l’épidémie avec 24,7 millions de personnes (dont 2,9 millions d’enfants) mais à peine 13 millions de personnes ont accès aux traitements. Les nouvelles infections au VIH ont chuté de 38% depuis 2001.
En 2013 : 1,5 million de personnes sont mortes du Sida. Les décès liés au Sida ont chuté de 35% depuis le pic de 2005.
ZOOM – Que signifie VIH ? sida ?
Sources : Sida Info Service
Le terme VIH désigne le Virus de l’Immunodéficience Humaine. Lorsqu’une personne est infectée par ce virus, celui-ci va détruire progressivement certaines cellules qui coordonnent l’immunité (c’est-à-dire les défenses de l’organisme contre les microbes).
Au fil du temps, ces cellules deviennent de moins en moins nombreuses et l’immunité est de moins en moins efficace. Des maladies de plus en plus graves peuvent alors se développer. Certaines maladies sont appelées « maladies opportunistes » parce qu’elles profitent de la diminution de l’immunité pour se développer. Lorsqu’une personne a une ou plusieurs maladies de ce type, on dit qu’elle a le sida (Syndrome d’Immuno Déficience Acquise).
Mais alors, quelle est la différence entre l’infection par le VIH et le sida ?
L’organisme n’est pas capable d’éliminer complètement le VIH. Cependant, quand quelqu’un a le VIH, il ne va pas être malade tout de suite car le VIH met en général plusieurs années avant de détruire les défenses immunitaires. On ne parle de sida que lorsqu’une personne développe une maladie opportuniste.
Quand une personne a le sida c’est qu’elle a déjà forcément le VIH. Alors que toutes les personnes infectées par le VIH n’ont pas forcément développé le sida. Les traitements actuels ont pour but d’empêcher que l’infection par le VIH évolue vers le sida et aussi de soigner le sida chez ceux qui l’ont déjà développé.
Etre séropositif, est-ce la même chose qu’avoir le sida ?
On ne peut pas savoir que l’on est séropositif si on n’a pas fait un test de dépistage du VIH et que ce test s’est avéré positif. Le test permet de rechercher des anticorps que l’organisme produit pour essayer de se protéger du VIH. Ils ne sont fabriqués qu’en présence du VIH. Donc, être séropositif au VIH veut dire qu’on est infecté par le VIH. Cela ne signifie pas pour autant qu’on est arrivé au stade du sida.
J’ai entendu dire que, quand une personne était séropositive, elle avait des taches sur la peau et qu’elle maigrissait. Est-ce vrai ?
Non. On peut être séropositif pendant des années tout en se sentant en très bonne santé. Le fait d’être infecté par le VIH ou d’avoir le sida ne se voit pas en dehors d’examens particuliers. Et si on a pris un risque, il n’y a qu’en faisant un test de dépistage du VIH qu’on pourra savoir si on est porteur ou non de ce virus.
POUR ALLER PLUS LOIN
– INVS (Institut National de Veille Sanitaire) – site institutionnel (cliquez ici)
– INVS (Institut National de Veille Sanitaire) – bulletin hebdomadaire, source des graphiques ci-dessus (cliquez ici)
– ANRS (Agence Nationale de Recherche sur le Sida) (cliquez ici)
– Sida Info Service pour s’informer (cliquez ici)
– Sidaction car la victoire ne se fera pas sans vous (cliquez ici)