Metz (Moselle)
Cette délibération présentée au conseil municipal de Metz n’a pas plu au Rassemblement National. Lors du Conseil du 19 novembre, Grégoire Laloux, élu conseiller municipal du parti de Marine Le Pen, refuse de voter une délibération. Il s’agit d’attribuer une subvention à l’association LGBT Couleurs Gaie. Il qualifie alors « l’idéologie LGBT de dérive sociétale ».
Le quotidien Le Républicain Lorrain reprend les débats de cette séance affligeante.
« dérive sociétale »
Le jeune représentant du Rassemblement National, fraîchement élu en juin dernier déclare en séance publique : « Les associations politisées communautaristes comme Couleurs Gaies continuent de bénéficier d’un bon traitement. C’était déjà le cas lors de la mandature socialiste. L’association a déjà reçu plusieurs milliers d’euros d’argent public. Sur cette thématique comme sur d’autres, on poursuit la dérive sociétale ».
L’association Couleurs Gaies est dans le paysage Lorrain depuis de nombreuses années. Elle lutte contre les discriminations LGBTphobes et vient en aide aux victimes. Son travail est grandement reconnu. Dernièrement, l’association a lancé une campagne de lutte contre l’homophobie dans les quartiers populaires.
Des propos condamnés
Les propos de Grégoire Laloux ont été unanimement condamnés par les autres groupes politiques du conseil municipal de droite comme de gauche. Les élus l’accusent d’utiliser les mêmes arguments que les homophobes. « C’est extrêmement grave que l’on puisse associer cela à une association qui lutte contre les discriminations » dira le Maire (LR), François Grosdidier.
Patrick Thill, adjoint à la culture déclare en séance : « Les positions du Rassemblement national me rappellent les pires époques où l’extrême droite fondait les politiques de l’Europe, ce qui nous a amenés à tant de massacres ».
L’élu âgé de 24 ans ne peut rien ignoré du passé, ayant suivi une licence d’histoire à l’Université de Lorraine. Contestant cette similitude avec des barbares, il se défend en séance « je n’ai rien d’un nazi. »
Instrumentation ? Propagande ?
Sur le réseau social twitter, l’élu du Rassemblement National qui se définit comme « bonapartiste » ajoutera plus tard : « Je refuserai toujours que les groupes LGBT instrumentalisent les homosexuels et s’arrogent le droit de parler en leur nom. Ce qui importe pour nos compatriotes homosexuels, c’est l’insécurité et l’immigration massive qui menacent leurs libertés. C’est pour cela qu’ils ont fort bien raison de voter massivement pour le RN. »
En réplique, l’association Couleurs Gaies, visée par Grégoire Laloux déclare : « Hiérarchisation des discriminations, propagande teintée d’homonationalisme, accusations diffamatoires sur une prétendue affiliation politique des responsables du Centre LGBTQI+ de Lorraine …. Hier soir au conseil municipal de Metz le Rassemblement National était en roue libre. »
Enfin, Denis Quinqueton, co-directeur de l’observatoire LGBT+, et ancien Président de « homosexualité et socialisme » aura le dernier mot sur Twitter. « La « dérive sociétale » (sic) qui ennuie le RN, c’est 50 ans d’émancipation, grâce aussi à des associations comme Couleurs Gaies, pour que les personnes LGBT soient des citoyen·ne·s à part entière. Que chacun·e·s s’en souvienne en votant. #Elections2022″.
Subvention validée !
La subvention à l’association Couleurs Gaies sera finalement adoptée par le Conseil Municipal de Metz.
Dans le passé, des tentatives d’annulations de subventions aux associations LGBT ont échoué. En 2018, la Cour Administrative d’Appel a validé le principe d’une subvention publique au Centre LGBT de Nantes. La Cour avait estimé « qu’il n’y avait pas de manquement à l’exigence de neutralité politique ».